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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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raconte aussi qu’il avait été l’ami intime de Verlaine, de Huysmans ou de Mallarmé. Or, il n’avait connu ni l’impératrice ni Verlaine ni Huysmans ni Mallarmé. Bien qu’impressionné par l’assurance avec laquelle Backhouse débitait ses pseudo-souvenirs, le consul général de France à Shanghai, Roland de Margerie (1899-1990), finit par soupçonner des fabrications, car les dates ne correspondaient pas aux racontars. Backhouse avait tiré ses dernières cartouches. L’« éminent sinologue » versé en chinois, en mongol, en mandchou et en tibétain avait fini de duper les solennelles autorités en la matière. Ses Annales et Mémoires de la Cour de Pékin sont un tissu d’inventions, autant que son ouvrage La Chine sous l’Impératrice douairière. Le doute pèse désormais sur les dix-huit manuscrits chinois qu’il légua à la respectable Bodleian Library d’Oxford.
    Il mourut à l’hôpital Saint-Michel de Shanghai, le 8 janvier 1944.

1917
    La « der des ders » pouvait-elle finir
un an plus tôt ?
    Près d’un siècle plus tard, une des occultations les plus insidieuses de l’histoire du XX e siècle a disparu des mémoires et n’y reviendra sans doute jamais. La vérité est en effet subversive, et cette omission ne sera jamais enseignée dans les écoles ni les universités. Elle est aujourd’hui connue des historiens spécialistes de la Grande Guerre, mais le plus souvent tenue pour une péripétie sans importance ; elle reste donc ignorée du public.
    En novembre 1916, les princes Sixte et Xavier de Bourbon-Parme, frères de l’impératrice Zita, l’épouse de Charles I er , le nouvel empereur d’Autriche, dont le frère, François-Joseph, est mort en novembre 1916, entreprennent des démarches politiques de la plus haute importance. Officiers dans l’armée belge, mais délégués officieux de l’empereur, ils proposent un armistice entre l’Autriche, alliée de l’Allemagne, et la France, la Belgique, la Grande-Bretagne, la Russie et l’Italie. Cet effort est conforme à la volonté de paix proclamée par Charles de Habsbourg dès son accession au trône. Si cet armistice était conclu, l’Allemagne de Guillaume II se retrouverait seule contre tous, sans compter les États-Unis qui se joindront aux Alliés de façon imminente ; elle baisserait les armes bien plus tôt, des centaines de milliers de vies seraient épargnées.
    Le prince Sixte invite à déjeuner Jules Cambon, secrétaire général des Affaires étrangères, qui, en janvier 1917, donne aux deux frères des passeports diplomatiques pour qu’ils puissent circuler librement. Le 3 mars, le roi d’Espagne Alphonse XIII souscrit au projet et le fait savoir au ministre français de la Guerre, le général Lyautey (1854-1934). Le 5 mars 1917, le prince Sixte présente au président de la République française une lettre officieuse de l’empereur Charles I er , assortie de notes de discussion ; cette lettre doit demeurer secrète. Poincaré objecte que l’Italie n’acceptera pas une cessation des hostilités sans compensations ; elle attendait, en effet, des territoires que, pour obtenir son alliance, les Alliés lui avaient fait miroiter sans garanties. Promesses d’ailleurs illusoires, puisque ces territoires comprenaient la Savoie, Nice, la Corse, Trieste, la Tunisie, Djibouti… L’objection de Poincaré était pour le moins prématurée : peut-être eût-il fallu consulter l’Italie avant de répondre pour elle.
    Et là commence ce qui ne peut se définir que par un mot : cafouillage. La perspective d’une paix rapide va chavirer.
    *
    Quand Sixte de Bourbon revient à l’Élysée, le 8 mars, Poincaré lui déclare que les documents qui lui ont été soumis ne sont pas satisfaisants et que l’Autriche devrait cesser les combats sur tous les fronts, y compris celui d’Italie, car si celle-ci se trouvait en difficulté, la France, qui lui est liée par un traité signé en 1915, devrait aller à son secours. Cela était implicite dans les propositions autrichiennes, mais il semble que Poincaré tente de gagner du temps. La France étant le premier pays pressenti, Poincaré se fait le porte-parole de tous les Alliés.
    Le président du Conseil, Aristide Briand, se montre, lui, intéressé par les propositions autrichiennes. Mais quand il se trouve en difficulté à la Chambre, Poincaré ne le soutient pas : il nomme à sa place Alexandre Ribot. Titulaire des Affaires étrangères en

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