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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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propre. On ne peut prévoir leurs développements, car ceux-ci dépendent de ce que psychologues et psychanalystes appellent, les uns engrammes, les autres, archétypes. En somme, cela signifie que la mystification peut entraîner l’automystification.

1915
    La très douteuse exploitation
du naufrage du Lusitania
    Le 7 mai 1915, le somptueux paquebot de ligne Lusitania , de la Cunard Lines, fut coulé par une torpille d’un sous-marin allemand au sud de l’Irlande. Le navire sombra en dix-huit minutes et 1 201 personnes périrent dans le naufrage, dont 413 membres d’équipage. Aucun coup de semonce n’avait précédé le lancement de la torpille.
    La Grande Guerre faisait alors rage depuis l’année précédente. Anglais et Français saisirent l’occasion pour galvaniser l’opinion mondiale contre la barbarie allemande, démontrée par l’attaque d’un vaisseau transportant des civils. La campagne visait en particulier l’opinion américaine, les États-Unis restant alors résolus à maintenir leur neutralité  (42) . Le retentissement psychologique du sinistre fut immense et dura bien au-delà de la guerre.
    Cependant des rumeurs coururent, selon lesquelles le Lusitania n’était pas qu’un vaisseau civil, mais transportait également des armements. Dès avant la fin de la guerre, deux commissions d’enquête, l’une anglaise, l’autre américaine, furent chargées d’établir la vérité sur ce point ; elles conclurent toutes deux que les soupçons n’avaient aucun fondement.
    Les conclusions étaient pour le moins inexactes, mais il est a posteriori compréhensible que les deux puissances encore en guerre les aient orientées en leur faveur. On ne l’apprit qu’en 1972 : l’examen des bordereaux de cargaison démontra que le paquebot avait été transformé en transport de munitions, avec douze canons de 6 pouces, quatre mille deux cents caisses de balles de fusil (chaque caisse contenant mille balles), mille deux cent cinquante caisses d’obus à fragmentation (shrapnels), dix-huit caisses de fusées à percussion, du fulmicoton… et encore, l’inventaire total n’a pas été divulgué.
    Lors de leur embarquement, les passagers avaient été prévenus par un avis du consulat allemand à New York que, s’ils prenaient la mer, ils entreraient à leurs risques et périls dans une zone de guerre. Il est vraisemblable que des dockers d’origine allemande (la ville comptait une importante colonie allemande) avaient prévenu les agents du Deutsche Bund, ou Front allemand, alors très actif aux États-Unis.
    De surcroît, les passagers n’étaient pas informés que l’Amirauté britannique avait autorisé les navires marchands et les transports de passagers à s’armer contre les U-Boot. Dès lors, les sous-marins allemands avaient subi des pertes de plus en plus importantes et ils avaient reçu l’ordre de torpiller à vue les navires qui leur paraissaient suspects. L’émoi causé par le naufrage du Lusitania fut cependant si grand que les Allemands craignirent qu’il n’incitât l’Amérique à entrer en guerre ; ils annulèrent donc l’ordre de tirer à vue. Trop tard, quelques semaines après, les Anglais avaient percé le code qui leur permettait de suivre tous les mouvements des navires allemands  (43) .
    L’intox a duré cinquante-sept ans. La vérité est lente à se dévêtir.

1915
    L’amant de l’impératrice de Chine
et le roi George V
    De l’affaire de Panama à celle des commissions et rétrocommissions de la vente de sous-marins français au Pakistan, la politique étrangère des États est truffée de coups fourrés, combines et arnaques de toutes les nuances. Le dénominateur commun en est la cupidité de quelques individus au cœur de tractations qui ne verront jamais vraiment la lumière du jour et qui profitent donc de la chance de se servir au passage de quelques millions de francs, piastres, dollars ou livres sterling. Ils sont, en effet, assurés qu’une dénonciation couvrirait de boue trop de gens puissants.
    Peu de ces affaires cependant ont été perpétrées par des mystificateurs aussi étonnants que sir Edmund Backhouse (1873-1944), qui dupa des décennies durant des personnages bien trop éminents pour qu’on osât les qualifier de jobards et qui mena le Foreign Office en bateau. L’année 1915 est celle de son plus fulminant exploit.
    En Europe, après le premier hiver de la Grande Guerre, l’offensive allemande a été stoppée grâce

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