Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
Vom Netzwerk:
Austro-Allemands et considérée comme une catastrophe nationale (outre les morts, le pays y perdit trois cent mille prisonniers). La France pour sa part affrontait une grave épreuve morale : au plus fort de la désastreuse offensive lancée par le général Nivelle, à Craonne, des centaines de soldats se mutinaient contre le commandement. Nivelle demanda qu’ils fussent fusillés « pour l’exemple ». Il était alors patent que, sans le concours des États-Unis, la guerre risquait d’être perdue.
    Quand le bilan fut dressé, les chiffres parlèrent pour, ceux qui l’avaient menée : plus de cinq millions de morts, plus de douze millions de blessés. Trois empires y avaient sombré, le russe, l’allemand et l’autrichien. Et cette guerre était inachevée : les conséquences du séisme social déclenché en Europe devaient en entraîner une autre, vingt ans plus tard.
    L’une des déductions les plus importantes de l’épisode des propositions de l’Autriche fut que la nation n’en avait jamais été informée. La démocratie républicaine avait fonctionné comme une dictature.
    Or, ce n’était pas la première fois : en trois autres occasions, les chances de réduire le conflit, sinon de l’éviter, avaient été rejetées par les Alliés. Et là aussi, les opinions nationales n’avaient pas été informées. La conspiration du silence avait prévalu.
    En 1914, battu par les Russes en Galicie et par les Serbes au sud du Danube, l’empereur d’Autriche François-Joseph avait proposé à Guillaume II d’Allemagne d’arrêter une guerre qu’il jugeait impossible à gagner et où les empires risquaient de sombrer ; l’empereur d’Allemagne avait brutalement rejeté la proposition. L’année suivante, le comte Hans Törring zu Jettelbach, Bavarois et beau-frère du roi des Belges Albert I er , avait proposé à ce dernier un armistice entre la Bavière et la Belgique ; celui-ci aurait pu ouvrir la voie à de plus larges négociations, mais le Premier ministre anglais lord Curzon, informé des pourparlers, les avait promptement torpillés.
    Le 12 décembre 1917, après la chute de Bucarest, prise par les Russes, Guillaume II, en dépit de sa morgue et de sa folie guerrière, songe qu’il serait peut-être temps d’arrêter les dégâts et propose, par l’intermédiaire de l’ambassadeur officieux des États-Unis, le colonel House, factotum de Woodrow Wilson, d’ouvrir des pourparlers de paix. Les Alliés jugent la proposition non sincère et avancent des exigences insoutenables. Pour la troisième fois, les chances de la paix sombrent et les tueries continuent.
    Personne en dehors des sphères du pouvoir n’en avait rien su. Les discours héroïques escamotèrent la vérité.
    Le pouvoir est toujours masqué.

1917
    Histoire du télégramme
qui jeta les États-Unis dans la guerre
    Les massacres de la Grande Guerre s’étendaient sur le continent européen depuis trois ans, mais ils laissaient impassible le président des États-Unis, Woodrow Wilson. Terre d’immigrés, l’Amérique s’indignait de la trop longue inertie de son gouvernement et se désolait du sort des parents, des amis, des concitoyens, laissés outre-Atlantique – Anglais, Russes, Italiens, Allemands, natifs des Balkans. Les sollicitations de la Grande-Bretagne et de la France ne manquaient pas non plus. Mais Wilson était persuadé que les Allemands étaient des gens honorables auxquels il n’y avait aucune raison de témoigner moins de respect qu’aux Anglais.
    Wilson alléguait qu’il tentait de régler les problèmes par la négociation, confiée à son homme de confiance, presque son alter ego depuis 1911, le colonel Edward Mandell House. Mais le conflit, supposait-il, ne concernait pas son pays. Wilson, il faut le rappeler, était un mystique psychorigide, pacifiste enragé et si visiblement aberrant que Freud en fit et publia le diagnostic psychanalytique  (45) . Après la guerre, quand il vint à Paris pour le traité de paix, il ne remporta certes pas les suffrages de ses alliés : « Il se prend pour un second Jésus-Christ », maugréait Clemenceau. Tout à coup, le 6 avril 1917, comme piqué par une mouche, il déclara la guerre à l’Allemagne.
    Le sens politique l’avait-il enfin gagné ? Point. C’était le déchiffrement d’un télégramme adressé par le ministre allemand des Affaires étrangères, Zimmermann, à l’ambassadeur d’Allemagne à Washington, le comte von

Weitere Kostenlose Bücher