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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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Bernstorff. Daté du 16 janvier 1917, il comportait les lignes suivantes :
    Nous avons l’intention de déclencher la guerre sous-marine extrême le 1 er février. Nous tâcherons cependant de maintenir les États-Unis dans la neutralité. En cas d’échec, nous faisons au Mexique une proposition d’alliance sur les bases que voici : faire la guerre ensemble, faire la paix ensemble. Généreux soutien financier de notre part et l’assurance que, dès la fin de la guerre, le Mexique recouvrera ses territoires perdus du Texas, du Nouveau-Mexique et de l’Arizona. Le règlement des détails de cet accord est laissé à votre initiative.
    Vous informerez le président du Mexique de ce qui précède, très secrètement, dès que l’état de guerre entre nous et les États-Unis sera déclaré, et vous lui suggérerez en outre d’inviter de sa propre initiative le Japon à se joindre à notre alliance…
    Le télégramme avait pu être déchiffré grâce au code secret allemand 13040 que détenaient les Anglais et qu’ils avaient percé.
    *
    Le plus étrange de l’affaire est le circuit que suivit ce message propre à faire bondir le président des États-Unis, à faire entrer ce pays en guerre et à changer le cours de l’histoire. Il ne lui fut cependant pas communiqué dans les délais qu’on imaginerait normaux.
    Déchiffré par deux cryptographes du Department of Naval Intelligence, service de contre-espionnage britannique installé à Whitehall, près de l’Amirauté, il fut transmis au chef de ce service, l’amiral William Reginald Hall. Fils du fondateur même du DNI, petit homme boulot, d’aspect bonasse mais doté d’un cerveau d’acier, celui-ci l’enferma dans son coffre-fort et décida d’attendre. Ses raisons étaient, si l’on peut dire, « classiques » : si le télégramme Zimmermann était communiqué aux Américains, ceux-ci le divulgueraient sur-le-champ et les Allemands, comprenant que leur code avait été percé, en changeraient.
    Or, cela faisait deux ans que, jour après jour, les Anglais étaient informés de tous les échanges des ministères allemands avec leurs ambassades, leurs agents à l’étranger et leurs navires. Ils suivaient exactement tous les déplacements des sous-marins allemands dans l’Atlantique.
    Conclusion : l’amiral Hall se trouvait seul maître de la politique mondiale. L’invraisemblable situation n’a jamais été révélée. Elle frise la mystification géante. La vérité est complexe.
    Hall n’entendait pas compromettre le code 13040 qu’il avait arraché aux Allemands par miracle. Ce code avait été obtenu en avril 1915 grâce à la complicité d’un technicien belge, Alexandre Szek, à la station de radio allemande de Bruxelles. C’était un gros livre à la reliure de plomb. Pourquoi ce métal ? Pour que les exemplaires embarqués sur les navires allemands puissent être jetés à la mer en cas d’arraisonnement ou de naufrage. Un exemplaire en avait ainsi récupéré de justesse, dans des circonstances dramatiques, sur le croiseur allemand Magdeburg , arraisonné par la flotte anglaise dans la Baltique. Tenant cet exemplaire dans les bras, le timonier s’apprêtait à le jeter à l’eau lorsqu’il avait été fauché par une rafale de mitrailleuse. C’était lui-même qui était tombé à l’eau, et le code était resté sur la dunette.
    L’histoire de l’agent Szek en elle-même est un roman : cet homme a disparu à la fin de la guerre, sans laisser de traces, et ses supérieurs ont beaucoup menti sur les circonstances de sa disparition. Sa vie était évidemment moins précieuse que le code 13040  (46) .
    Il permettait déjà à l’Amirauté britannique de suivre en permanence tous les mouvements des sous-marins allemands, et donc de protéger les convois de l’Atlantique.
    *
    Hall avait son idée. La Wilhelmstrasse expédiait ses messages secrets par trois voies distinctes : directement par l’émetteur radio de Nauen, près de Berlin ; par la Western Union, la grande compagnie américaine de télécommunications ; et enfin, un comble, par le courrier diplomatique américain, sous la garantie du fameux colonel House. C’est l’une des plus folles absurdités de l’histoire des services secrets, et certainement l’une des moins connues : pendant les trois premières années de la guerre, les Allemands expédiaient leurs messages secrets sous la protection américaine.
    Hall voulait que seul l’un des canaux

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