4 000 ans de mystifications historiques
Bethléem, car lorsque Marie était enceinte, Joseph lui annonça qu’il devait s’y rendre pour s’y faire recenser, selon l’édit d’Auguste ; Joseph était, en effet, natif de Bethléem. Après la Fuite en Égypte, dit Matthieu, Joseph retourne à Nazareth, « afin que s’accomplisse ce qui avait été annoncé par les prophètes : il s’appellera Nazoréen ». (Mt. II , 23) Problème : aucun prophète n’a jamais mentionné de Nazoréen, ni le nom de Nazareth.
Le mot lui-même soulève une question supplémentaire : alors que Matthieu écrit Nazoréen, Nazoraios , Marc, Luc et Jean, puis les Actes utilisent celui de Nazarénien, Nazarenos , au sens restreint d’« habitant de Nazareth », pour désigner Jésus. Le terme est ensuite appliqué aux apôtres. Est-ce un mot dérivé de l’hébreu netser , « rejeton » ? Non, car il ne comporte pas le tsadé ts . Dériverait-il alors de nazir , « ascète » ? Non, car Jésus ne fut pas un ascète. Étrange néologisme qui divise même les évangélistes. Peut-être signifie-t-il tout simplement « habitant de Nazareth ».
Mais où se trouve donc ce lieu ?
Ce ne peut être celui que l’on désigne aujourd’hui comme tel et qui s’appelait El Nasira, sur le flanc d’une des collines de Galilée, au débouché de la plaine de Yizréel : celui-ci est distant d’une vingtaine de kilomètres à vol d’oiseau du lac de Genésareth, alors que Marc et Jean le situent sur la rive orientale de ce lac.
Ce ne peut être non plus la Nazareth dont parle Luc, car elle se trouvait sur une montagne. En effet, quand Jésus prêcha dans la synagogue de ce lieu et annonça aux fidèles qu’il ne ferait pas de miracles, en raison de leur incrédulité, ces derniers, furieux, le menèrent au sommet de la montagne, du haut de laquelle ils projetaient de le précipiter. Toutefois, l’escarpement que l’on montre de nos jours et depuis sans doute le Moyen Âge comme étant celui où l’épreuve eut lieu se trouve à deux kilomètres de l’actuelle Nazareth.
On a supposé que le nom de Nazareth dériverait de la racine nesr , qui signifie « cacher », en raison des grottes qui abondaient dans les parages et où les cultivateurs entreposaient leurs récoltes ; mais on n’a pas de preuves de l’existence d’une localité habitée de ce nom. L’archéologie confirme que le site n’a pas d’existence à la préhistoire ni antérieurement à notre ère. Les ruines et bâtiments que l’on y trouve actuellement sont postérieurs au I er siècle.
L’hypothèse la plus plausible est que l’existence de Nazareth découle d’une collusion phonétique entre Nazoraios , très abondamment utilisé dans le Nouveau Testament, et Nazarenos , de sens différent, le premier ne pouvant désigner un habitant de Nazareth. Il est plus vraisemblable que Nazoraios , mot grec, dérive d’un mot araméen, Nasorayya , qui désignait une secte de chrétiens gnostiques de l’Église primitive.
Par la suite, les chrétiens auraient créé un site justifiant les Évangiles de Marc, Luc et Jean.
Jésus, en tout cas, ne semble pas avoir été attaché à cette hypothétique bourgade car, après son baptême par Jean, il alla s’installer à Capharnaüm.
Mais il est périlleux de contester un mythe, et l’on continue de parler de « Jésus de Nazareth ».
37-68 av. J.-C.
Néron, victime de la calomnie
Les empereurs romains n’ont jamais eu bonne presse : les mêmes admirateurs de l’Imperium, qui élevèrent durant des siècles leurs plus beaux édifices sur le modèle romain, n’ont jamais tari d’insultes et de mépris à l’égard de leurs maîtres. L’opinion générale n’a guère retenu d’eux que leurs vices, de la pédophilie de Tibère à la folie de Caligula, sans compter l’abominable trahison de Julien, qui tenta de restaurer l’antique religion païenne à la place du christianisme.
Une bonne partie de ce discrédit tient à Suétone, auteur ennuyeux – c’est Roger Vailland, entre autres, qui le jugea – collectionnant les ragots et les informations vraies, qui nous a légué dans Les Douze Césars la plus étonnante galerie de portraits de monstres. À dégoûter à tout jamais de Rome et de tout ce qui s’y rattache. C’est à peine si Jules César et Auguste réchappent du massacre.
Le pire de tous aurait été Néron, qui aurait volontairement incendié la Ville éternelle et qui, pendant qu’elle flambait, aurait
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