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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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– invention d’Hollywood – joué du violon sur sa terrasse (il n’y avait pas de violon à l’époque). Cet abominable ventripotent aurait fait brûler des chrétiens pour éclairer la ville et autres horreurs.
    Si l’on n’y croit pas, que l’on se réfère à Suétone :
    XXVI. L’emportement, la débauches le luxe, l’avarice, la cruauté furent des vices auxquels il se livra d’abord par degré, secrètement, et comme égaré par sa jeunesse ; mais même alors, personne ne douta plus que ces faits fussent le fait de la nature et non de l’âge.
    Bigre ! L’auteur n’explique nullement comment l’on pourrait être à la fois dépensier (le luxe) et avare, ni comment il apprit ces choses, puisqu’elles étaient secrètes et qu’il n’était pas né. Il semble également croire que, plus on vieillit, plus on devient vicieux. Qu’importe. Des faits ?
    Dès la chute du jour, il se coiffait d’un bonnet ou d’une casquette, courait les cabarets et vagabondait dans les rues, en manière de jeu, mais ce jeu n’était pas innocent : en effet, il frappait d’ordinaire les gens qui revenaient de dîner, les blessait quand ils lui résistaient et les jetait dans des égouts ; il allait jusqu’à enfoncer les portes des petites boutiques et à les piller, et il avait installé chez lui une sorte de marché où il vendait son butin par lots, à l’encan, pour en faire disparaître le produit. Souvent, dans ce genre de rixes, il risqua de perdre les yeux et même la vie ; un sénateur dont il avait insulté la femme faillit le tuer sous les coups ; aussi, après cette mésaventure, il ne se risqua plus en public à ces heures-là sans être suivi de loin et en secret par des tribuns…
    Ce n’est là qu’un échantillon. Il suffit, car le reste est aussi nauséeux. Celui que décrit ainsi Suétone est un imbécile vicieux, s’exposant, il le dit lui-même, à un sale coup. On s’étonne même qu’il ait survécu à plus d’une de ces virées nocturnes, car les Romains n’étaient, pas plus que nos contemporains, gens à se faire bousculer par un trublion enfiévré. Et pourquoi Néron s’en serait-il pris aux petites boutiques, alors que les grandes étaient mieux achalandées ?
    Mais on sait trop bien où Suétone a recueilli ses ragots : auprès de l’aristocratie, qui détestait Néron, lequel le lui rendait bien. Né à Hippone en 69, un an après la mort de Néron, et mort vers 125, ce pseudo-mémorialiste n’avait strictement rien vu de Néron ni de l’empire sous son règne.
    Nous laisserons à ceux que n’écœurent pas trop les fiches de basse police le soin de découvrir le reste : en comparaison, les œuvres du marquis de Sade ne sont que des marivaudages un peu poussés. L’autorité qu’on prête un peu trop facilement aux historiens anciens, en réalité des mémorialistes parce que les siècles ont préservé leurs œuvres et leurs noms, semble lourdement compromise.
    Et, décidément, à en croire Suétone, les leçons de son précepteur Sénèque n’avaient guère profité à l’empereur Néron, car notre ragoteur oublie de le dire : le père de Néron, Claude, avait confié au célèbre sage l’éducation de son fils ; quand Claude fut assassiné et que Néron devint empereur à l’âge de dix-sept ans, le véritable régent de l’empire fut Sénèque, avec Burrus, préfet de la garde. Sénèque n’aurait jamais toléré des excentricités délictueuses comme celles que décrit Suétone. L’influence du philosophe, l’auteur de La Vie heureuse et de La Constance du sage , fut au contraire bénéfique et, de l’avis des historiens les plus hostiles à Néron, elle se fit sentir dans tout l’empire.
    Néron ne fut pas un modèle de vertu mais, étrangement, l’on pardonne bien plus aux pharaons, protégés par les mirages des sables, ce qu’on ne tolère chez les Européens. Peut-être serait-ce par la faute d’un racisme inconscient.
    *
    Venons-en au crime que l’on reproche le plus communément à Néron : l’incendie de Rome. Cette accusation dérive directement de la croyance populaire de l’époque : nous savons, en effet, par Tacite et Dion Cassius que cet incendie fut interprété par le peuple comme un signe de la colère des dieux et que Néron fut soupçonné d’en être l’auteur. L’origine de cette antique théorie du complot se retrouve chez Suétone, encore lui ( Néron , 38), et chez Dion Cassius (Histoire romaine , LXII,

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