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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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16-17), qui rapportent que des esclaves de la maison impériale avaient lancé des torches et de l’étoupe enflammée dans divers quartiers de Rome. Mais comment auraient-ils su que c’étaient des esclaves de la maison impériale ? Les deux auteurs omettent de dire que Néron avait perdu dans cet incendie le plus beau de ses palais, la Domus Aurea, où il avait rassemblé ses collections d’art et tous ses trésors.
    L’incendie éclata, au mois de juillet 64, le plus chaud de l’année, dans les boutiques et échoppes qui longeaient le Tibre, et où l’on trouvait des marchands d’huile. Il fut attisé par le vent.
    L’historienne Catherine Salles  (3) a démontré l’inanité de l’accusation imposée à Néron durant des siècles. Elle a surtout rappelé les mesures que prit l’empereur pour remédier au désastre : il ouvrit les jardins impériaux à ceux qui avaient perdu leur maison et fit venir du blé par Ostie des autres provinces de l’empire. Ce n’est pas le comportement d’un tyran incendiaire.
    La responsabilité de l’incendie fut jetée sur les chrétiens, à tort ou à raison et, sur la foi de Tacite, on avança que des « foules immenses » furent sacrifiées ; l’historien Richard Bodéüs  (4) a ramené cette estimation à deux ou trois cents victimes. C’est encore trop, mais à l’époque, c’était le juste châtiment pour des gens qui avaient causé un si vaste désastre.
    Il faudra sans doute bien des travaux pour rendre à Néron la place d’empereur « comme les autres », surtout en se défaisant des ragots d’un Suétone.

6-5 av. J.-C. – 62-64 apr. J.-C.
    L’état civil de saint Paul, question déplacée
    Évoquer la question de l’état civil de saint Paul au XXI e siècle risque fort d’apparaître incongru, sinon subversif et mal intentionné. Quand nous le fîmes, en 1991, et que nous publiâmes les résultats de nos recherches et analyses, nous nous fîmes traiter d’Antéchrist, rien de moins. Paul, considéré par plus d’un historien comme le véritable fondateur de l’Église en Occident, a en effet dépassé le statut de saint pour accéder à celui de mythe, et sa parole d’apôtre revêt l’autorité de la révélation.
    Cependant, ce personnage est apparu à une date déterminée dans l’histoire et, comme tel, il appartient au domaine historique, indépendamment des hagiographies.
    Les deux premières questions qui se posent dans ce cadre sont : où est-il né ? et était-il juif ?
    Selon lui, il serait juif et né à Tarse : « Circoncis dès le huitième jour, israélite de race, de la tribu de Benjamin, un hébreu de naissance et d’éducation ; dans mon attitude à l’égard de la Loi, un Pharisien. » (III Phil., 5-6) De plus, il se dit citoyen romain, « de Tarse en Cilicie, citoyen d’une ville qui n’est pas sans renom ». (Actes, XX IX , 39) Et il le répète : « Je suis un homme, un juif, né à Tarse, en Cilicie, élevé dans cette ville aux pieds de Gamaliel. » (Actes, XXI II , 3) Gamaliel I, dit aussi l’Ancien, fut un célèbre docteur de la Loi.
    Il revendique énergiquement sa citoyenneté romaine. Quand les Romains l’arrêtent à Jérusalem et menacent de le flageller, il rappelle au centurion qu’il est interdit de flageller un citoyen romain, ce qui est exact. Le tribun, alors alerté par le centurion, vient interroger Saül : « Dis-moi, es-tu romain ? » Saül le lui affirme. Le tribun observe qu’il a, lui, obtenu ce droit de cité contre une forte somme et Saül lui rétorque : « Moi, je suis né avec. » (Actes, XXII, 28-29)
    On comprend l’étonnement du tribun : cette double identité juive et romaine n’est plausible que pour des auditeurs qui ignorent tout de la réalité en Palestine, où elle serait exceptionnelle, sinon extraordinaire, car les juifs sont sujets et non citoyens de l’empire. Le point reste méconnu jusqu’à nos jours, comme en témoignent bien des ouvrages sur saint Paul : la citoyenneté romaine n’est pas un titre de droit consulaire ; elle implique l’hommage obligatoire aux dieux romains sous peine de parjure, peine très grave qui entraîne pour commencer la privation de facto de ce privilège.
    Comment Saül se tira-t-il de ce dilemme ? Romain, il aurait cessé de l’être s’il avait refusé de participer aux cultes, et juif, il aurait été exclu de la communauté juive – et n’aurait certainement pas pu suivre l’enseignement

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