4 000 ans de mystifications historiques
auprès de Pompeia. Pulcher fut donc expulsé.
Le scandale de l’adultère doubla celui du sacrilège. Une clameur horrifiée emplit les lieux, et les femmes présentes s’enfuirent pour rentrer chez elles et tout raconter à leurs maris.
Le lendemain, tout Rome bruissait de l’affaire.
*
En fait, c’était un coup monté.
Quelle que pût être l’attirance de Pulcher pour Pompeia, la nuit de la Bona Dea n’était pas, à l’évidence, un moment propice à un rendez-vous amoureux.
Pulcher ne pouvait l’ignorer. Ce jeune homme, « le beau Clodius », était un des people de Rome. Non seulement parce qu’il était fort avenant, mais aussi en raison de sa réputation de galanterie. Il n’était cependant pas le premier godelureau venu : il appartenait à une ancienne et noble famille dont le fondateur, Appius Claudius, avait construit l’une des grandes routes de Rome, la Via Appia. Et s’il avait changé son nom de Claudius en Clodius, c’était parce qu’il appartenait au parti de la Plèbe, qu’on nommerait aujourd’hui gauche. Sa sœur Clodia était la coqueluche de Rome, car, outre qu’elle écrivait des poèmes saphiques, elle était connue pour dispenser ses faveurs moyennant monnaie ; elle était ce qu’on appellerait de nos jours une call-girl .
Par sa fausse bévue, Clodius avait offert à César le prétexte attendu pour divorcer. La famille de Pompeia étant puissante, le jeune chef du parti plébéien n’avait pas osé jusqu’alors la répudier ; mais là, aucun juge ne pouvait contester ses motifs. Une fois libre, il pourrait conclure un nouveau mariage politique plus utile à sa carrière.
César et Clodius étaient du même parti politique. Il n’est pas difficile de deviner qu’ils avaient été de mèche pour déclencher ce scandale.
L’aristocratie romaine fut-elle dupe de l’intrigue ? On ne peut l’affirmer. Pour commencer, le Sénat vota une nouvelle loi pour la circonstance et, selon celle-ci, le coupable d’un sacrilège n’aurait pas le droit de se défendre. Clodius corrompit alors les juges, grâce à de l’argent prêté par le riche Crassus ; en plus des pots-de-vin, il offrit aux cinquante-six juges des nuits avec « certaines femmes » ou des « jeunes gens bien nés ». Il fut acquitté de l’accusation de sacrilège par trente et une voix contre vingt-cinq.
Ce fut alors que Cicéron s’émut. Il tonna et écrivit que les vingt-cinq juges hostiles avaient sans doute détesté Clodius encore plus qu’ils n’avaient besoin de sexe. L’effet sur les événements n’en fut pas sensible.
On traduisit quand même Clodius en jugement, cette fois pour adultère. Le procureur déversa sur lui un tombereau d’avanies. Mais l’élément décisif du procès devait être le témoignage de César : était-il au courant de la liaison ? Il répondit que non. Dans ce cas, pourquoi avait-il divorcé ? demandèrent les juges. Parce que la femme de César devait être au-dessus de tout soupçon, répondit-il. Nouvel acquittement de Clodius.
Les procès truqués ne datent pas d’hier.
Et, deux ans plus tard, César conclut une alliance politique avec celui qui avait, du moins pour la galerie, brisé son mariage. César, faut-il le préciser, n’était guère un mari idéal ni l’incarnation de la fidélité. Ses aventures avec les deux sexes ne surprenaient plus personne. Dans sa jeunesse, quand il était consul en Bithynie, l’actuelle Libye, sa liaison avec le roi de ce pays l’avait fait surnommer par son propre proconsul « reine de Bithynie ».
Mais on n’enseigne pas l’histoire en ces termes. C’est ainsi que l’on a figé celle de Rome, entre autres, dans une fresque héroïque sans grand rapport avec la réalité.
I er siècle
Jésus fut-il conçu à Nazareth ?
Nazareth, Nasara en grec, nom du hameau, village ou bourgade, on ne sait, mais certes pas une « ville », où l’ange Gabriel apparut à « une vierge nommée Marie » (Mt. II , 23 ; Lc 1, 26), est une localité inconnue de l’Ancien Testament et de l’auteur romain du I er siècle Flavius Josèphe, l’une des sources les plus riches d’informations sur l’antique Palestine. Il est dit dans l’Évangile de Matthieu qu’elle se trouve en Basse Galilée, puisque proche du lac de Genésareth, dit aussi lac de Tibériade, et que c’est ici que Jésus aurait passé son enfance et son adolescence. Ce n’est cependant pas là que celui-ci naquit, mais à
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