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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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informé de l’existence de journaux authentiques, était allé chercher sur les bords du lac de Côme  (98) . Le fait qu’il existe un lien constant entre l’Italie et l’Angleterre dans les tractations de ces documents est, en effet, frappant.
     
    Dans le cas de Mussolini, on était certain qu’il tenait un journal intime, ses enfants et tous ses proches en témoignaient. D’ailleurs, il le déclara lui-même dans son livre Parlo con Bruno (« Je parle à Bruno »), rédigé et publié à l’automne 1941, à l’occasion de la mort de ce fils dans un accident d’avion : « Et maintenant, permettez-moi de garder pour moi le journal que je tiens depuis le 31 décembre 1940. »
    Cela ne signifiait pas qu’il en eût tenu un depuis 1921, mais son fils Romano témoigna que Mussolini lui avait fait cadeau de pages de ce journal, datant de l’année 1927, et décrivant l’émotion suscitée par sa naissance. Le Duce n’hésitait pas, pour faire un cadeau à ceux qu’il aimait, à arracher des pages de ce journal portant sur des événements déterminés. Il avait de même offert à son ami Giorgio Pini, rédacteur en chef du Popolo d’Italia , le journal qu’il possédait, des pages se rapportant à la naissance de Bruno, le fils disparu. Étrange pratique, un journal intime étant en principe destiné à être conservé intact par l’intéressé. Mais enfin, elle était attestée.
    L’intérêt en Italie fut immense : des pages de journaux intimes du Duce réserveraient certainement des surprises sur la Marche sur Rome, sur les entretiens avec le roi Victor-Emmanuel III, sur l’assassinat de Matteotti et sur bien d’autres épisodes célèbres ou obscurs de l’histoire de l’Italie moderne. Mais les feuillets publiés furent décevants. Pour l’année 1921, par exemple, on ne retrouve que des notes sans date précise, sur les expériences de pilote de l’auteur supposé :
    Au frémissement du vent qui souffle impétueusement et à la divine liberté quand on a éprouvé tout ce qu’il y a de profond dans l’âme.
    Voler devient alors un besoin spirituel et physique.
    Tout cela était décidément un peu creux. En 1921, Mussolini avait bien d’autres soucis en tête : les escouades fascistes saccageaient encore les bureaux des organisations socialistes, communistes, républicaines et autres. En mai, trente-cinq députés fascistes avaient été élus au Parlement et, en novembre, le fascisme se constituait en parti. Il y aurait eu bien plus à confier au papier que ces envolées lyriques.
    Mais l’émotion demeurait : songez, des pages autographes du Duce lui-même ! Les nostalgiques se sentirent rajeunir. Les sarcasmes des sceptiques intriguaient les indifférents.
    L’adage chinois ne fut jamais plus opportun : « Le sage doute de tout, y compris du doute. »

1986
    La vérité sur le nuage de Tchernobyl
    L’un des premiers soucis des autorités de tous les pays, en cas de catastrophe majeure, est d’éviter une panique nationale, susceptible d’entraîner des débordements fâcheux et incontrôlables. Elles distillent alors l’information de façon parcimonieuse. On l’a vérifié en mars 2011, lors de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon. Mais elles peuvent parfois aussi la diffuser de façon trompeuse, et l’exemple le plus illustre est sans doute celui des communiqués sur le passage du nuage radioactif échappé de la centrale de Tchernobyl, en Ukraine, après le retentissant accident de 1986.
    Le 2 juin de cette année-là, le SCPRI (Service central de protection contres les rayonnements ionisants) diffusa un communiqué assurant que la France n’avait été touchée que par la queue du nuage issu de Tchernobyl, où les poussières radioactives étaient déjà très diluées. En réalité, la France avait été touchée dès le 29 avril et, le 1 er mai, presque tout le territoire était atteint ; le nuage avait particulièrement persisté au-dessus de l’Alsace, de la Lorraine et de la Corse. Pis, les pluies du 2 au 3 mai avaient entraîné la chute des poussières radioactives sur ces régions. Certaines de ces poussières perdaient rapidement leur radioactivité (deux mois pour l’iode 131), d’autres pas : la demi-vie du césium 137, par exemple, est de trois cents ans. Le 2 juin, quelque huit semaines plus tard, le SCPRI ne pouvait l’ignorer. En 2005, soit dix-neuf ans après les faits, un comité d’experts admit que les

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