4 000 ans de mystifications historiques
l’an 3 à l’an 2 av. J.-C., alors qu’Hérode était mort depuis un an ; la seconde, de l’an 6 à l’an 7 apr. J.-C.. Il apparaît donc que Luc s’est trompé : le recensement ne peut pas avoir été fait à la fois du vivant d’Hérode et pendant l’administration de Quirinius.
Ce ne serait pas la seule fois qu’un Évangéliste se serait trompé.
Une stèle mise au jour en Turquie en 1924 donne les dates des recensements ordonnés par Rome : on en relève un en l’an 8 av. J.-C., et un autre en l’an 6 apr. J.-C. Aucun des deux ne correspond aux mandats de Quirinius, mais, s’il faut tenir compte du fait qu’Hérode régnait encore, c’est celui de l’an 8 avant notre ère qui s’impose.
Jésus serait donc né en l’an 8 av. J.-C.
Un autre indice invite à rectifier légèrement cette date, et c’est l’étoile dite de Bethléem, mentionnée par Marc seulement (II, 1-6), qui aurait attiré les Rois mages. Ces personnages, rappelons-le, étaient de grands prêtres étrangers, astrologues comme tous les prêtres de l’époque. Leur venue troubla Hérode, car ils avaient été alertés par l’étoile de la naissance d’un nouveau roi des juifs, et le monarque ordonna donc pour cette raison le massacre des nouveau-nés qui mettraient son trône en péril. On fera la part de la légende tragique – qu’aucune preuve historique ne confirme – pour retenir un fait astronomique, reconstitué par l’astronome David Hughes (6) : à une date correspondant au 7 mars de notre calendrier, en l’an 7 av. J.-C., il y eut une conjonction de Saturne et de Jupiter à leurs levers héliaques ; elle donna l’illusion d’une étoile nouvelle, à l’éclat exceptionnel. Saturne est alors trente-huit fois plus brillant que les étoiles avoisinantes, et Jupiter, treize fois plus brillant que Saturne. Les astrologues s’agitèrent : Saturne passait pour le protecteur d’Israël et Jupiter, qui était la planète des rois. Une liaison se serait donc faite dans l’esprit des astrologues entre les deux planètes : un grand roi d’Israël allait naître. Déduction hasardeuse : Jésus ne fut jamais roi d’Israël et n’y prétendit pas non plus.
Le recensement avait été commandé en l’an 8 : pourquoi n’y aurait-on procédé qu’en l’an 7 ? La raison est simple : le temps que l’édit parvînt en Palestine, plusieurs semaines, voire des mois, pouvaient s’écouler et l’on passait à l’année suivante.
Trois semaines après l’apparition de l’étoile de Bethléem, le temps était venu de la Pâque juive et Jésus naissait.
Ç’aurait été aux environs du 15 avril de l’an 7 av. J.-C.
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Quand l’Église s’appropria donc les dépouilles opimes du mithriacisme, elle recueillit également les coutumes païennes attachées à cette époque de l’année, dont celle des cadeaux aux enfants, perpétuée par les Saturnales romaines. Les trois mythes celtiques de Gargan (dont Rabelais s’inspira pour son Gargantua), d’Odin et de Julenisse furent également repris : le premier était un bon géant qui allait par les chemins avec une grande hotte de cadeaux sur le dos ; le deuxième, premier dieu des Vikings, passait dans les maisons, vêtu d’une grande cape, pour distribuer aussi des cadeaux, mais aux seuls enfants sages ; quant à Julenisse, c’était un lutin à la longue barbe blanche, vêtu d’une fourrure rouge. L’Église leur substitua saint Nicolas, qui avait ressuscité trois enfants massacrés par un boucher.
La dévotion à Gargan, elle, survit particulièrement dans le rite des festins de Noël.
III e siècle av. J.-C. – V e siècle apr. J.-C.
Nos ancêtres les Gaulois ?
Les instituteurs, politiciens et tribuns qui s’obstineraient à reprendre la fameuse formule de l’école républicaine « Nos ancêtres les Gaulois » feraient bien de tenir leur langue : ils risqueraient de provoquer une crise diplomatique de première grandeur, voire de faire exploser l’Europe. S’ils revendiquaient les frontières de l’ancienne Gaule, ils se mettraient à mal avec les Belges, les Hollandais, les Allemands, les Suisses et les Italiens.
La Gaule des Romains, en effet, comportait deux grands districts : la Gaule cisalpine, c’est-à-dire toute l’Italie du nord entre les Alpes et les Apennins, et la Gaule transalpine, qui, en plus du territoire actuel, comprenait la Belgique, une partie des Pays-Bas, la région rhénane de l’Allemagne et
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