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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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son identité juive que tardivement, pour entrer dans la communauté des disciples de Jésus.
    Mais qu’était-il auparavant ?
    Un passage en grec des Actes des Apôtres recèle un indice. Il se rapporte à une assemblée de prophètes et de docteurs présents à Antioche, parmi lesquels se trouvent Barnabé, Simon le Noir, Lucius de Cyrène et « Menahem, qui avait été élevé avec Hérode le Tétrarque et Saül » : Manahm te Hrodon tou Tetraarkon sûntrophos kai Saulos . Si Saül avait été élevé avec le tétrarque Hérode, ce n’était certes pas à Tarse, mais à Jérusalem. Et pas n’importe où : dans le palais où était élevé ce descendant d’Hérode le Grand, à Jérusalem ou à Césarée. La fiction de l’éducation « aux pieds de Gamaliel » perd de plus en plus sa vraisemblance. Qui était donc Saul pour être élevé avec un prince ? On le verra plus bas.
    N’a-t-il donc aucun rapport avec Tarse ? Il ne s’y rend pour la première fois qu’à l’âge adulte, peu avant que Barnabé aille l’y chercher. Il le reconnaît lui-même dans un lapsus révélateur : « Vous savez comment je me suis conduit avec vous tout le temps, depuis le premier jour où j’ai posé le pied en Asie », répond-il à Barnabé, envoyé par les disciples qui s’alarment de conversions de gentils auxquels Paul n’impose même pas la circoncision. (Actes, XX, 18)
    Il se dément lui-même : il n’a donc passé ni enfance ni jeunesse à Tarse.
    *
    Un autre indice éclaire la véritable identité de Saül : lorsque quarante juifs s’engagent à jeûner jusqu’à ce qu’ils aient obtenu du Sanhédrin la mise à mort de Saül, le neveu de celui-ci l’apprend, l’avertit, puis le tribun Lysias en est informé à son tour et appelle deux centurions : « Préparez deux cents soldats pour aller à Césarée, avec soixante-dix cavaliers et deux cents archers, dès 9 heures du soir. » (Actes, XXIII, 23) Le Romain Lysias met donc à disposition de Saül quatre cent soixante-dix hommes pour assurer son transfert en lieu sûr ; pareille escorte est réservée à des personnages de haut rang, Jésus fut loin de bénéficier de tant d’égards. La faveur du prévenu se poursuit quand Saül est conduit chez le procurateur Félix, successeur de Ponce Pilate ; l’auteur des Actes – Luc – croit l’expliquer en alléguant que Félix « espérait recevoir de l’argent de Paul ». Il faut en déduire que Paul, prétendument « fabricant de tentes », ait été bien riche pour qu’un procurateur de Judée, le plus haut fonctionnaire romain à l’étranger, en ait attendu un pot-de-vin.
    Le successeur de Félix conserve la même mansuétude à l’égard de son hôte ; il l’autorise à recevoir des visites, dont celles d’Hérode Agrippa II, roi de Chalcis, puis d’Iturée, qui passe par Césarée ; le récit de la rencontre de celui-ci avec Saül, qui interpelle son royal visiteur comme si c’était un vieil ami, évoque celle de deux princes. Et le roi déclare évidemment Saül innocent.
    Mais la clé de l’identité de Saül réside dans l’adresse finale de l’Épître aux Romains : « Saluez les gens de la maison d’Aristobule, saluez Hérodion mon parent, saluez Rufus, l’élu dans l’Adôn, et sa mère, qui est aussi la mienne. » (Rom. XVI, 10-13) L’adresse est rédigée à Corinthe, à l’intention des chrétiens de Rome. Les noms d’Aristobule et d’Hérodion sont typiques de la dynastie hérodienne. En effet, il y a bien un Aristobule à Rome, c’est Aristobule III, fils d’Hérode Agrippa II et de Bérénice, visiteurs de Saül quand il se trouvait à Césarée, chez Festus ; ce prince est un favori de Néron, qui lui concédera en 54 le royaume de la Petite-Arménie, en 60, une partie de la Grande-Arménie et, à la mort de son père, le royaume de Chalcis ; il est aussi le second mari de Salomé II, petite-fille d’Hérode le Grand.
    Mais on peut également supposer que ce diminutif, Hérodion, qui ne s’appliquait qu’aux jeunes garçons de la dynastie hérodienne n’étant pas encore en âge de régner, pourrait être Aristobule III lui-même.
    Saül devenu alors Paul, avait des connaissances en haut lieu, à la hauteur des camarades de jeux qu’il avait eus dans son enfance, tel le tétrarque Hérode (un neveu d’Hérode le Grand).
    Ce qui retient particulièrement l’attention est la mention de la mère de Paul, qui demeurerait à Rome.

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