4 000 ans de mystifications historiques
Étrangeté considérable, dont aucun historien ni hagiographe n’a jamais tenu compte. Qui peut-elle être ? Nous avons précédemment exposé en détail (5) les raisons de penser qu’elle est la fille d’Antigone, dernier de la dynastie des Hasmonéens dont Hérode le Grand fut le roi le plus illustre. Mariée à Antipater, un des fils d’Hérode le Grand, elle eut une fille et plusieurs fils, dont les noms ne nous sont pas parvenus (ou ont été effacés par les copistes chrétiens des textes romains). Nous postulons donc que Paul et Rufus furent les fils de cette Bérénice, exilée à Rome. Hasmonéenne, elle n’était donc pas juive, et hérodien lui-même, son époux Antipater ne l’était pas non plus.
Saint Paul n’était donc pas né à Tarse et n’était pas juif. Cela ne change rien à ses écrits, mais cela démontre que même les apôtres pouvaient mentir. S’il dissimula ses ascendances hérodiennes, c’était parce qu’Hérode le Grand souffrait d’une réputation fâcheuse chez les disciples de Jésus. La sienne n’était guère sans tache non plus, il s’en faut : Saül présida, en effet, à la lapidation du premier martyr chrétien, Étienne, avant de se rallier, sur le chemin de Damas, selon la tradition, à l’enseignement de Jésus.
I er siècle apr. J.-C.
Noël est une fête païenne
et le calendrier retarde de sept ans
C’est en 339 selon certains, 353 selon d’autres, que l’Église décida de célébrer la naissance de Jésus le 25 décembre, « afin, dit le Larousse encyclopédique, de christianiser la fête du solstice d’hiver ». En réalité, cette décision faisait partie de la formidable offensive visant à étouffer une religion rivale, le mithriacisme, qui ressemblait dangereusement au christianisme : son dieu était Mithra, création de son père, le tout-puissant Ahoura Mazda, et dont la renaissance s’opérait justement ce jour-là, marquant la reconquête du monde par le soleil invaincu. Mithra, dieu aryen, était celui que ses fidèles célébraient en ces termes : « Tu nous as sauvés en répandant le sang éternel. »
Et, pour marquer le renouveau, les mithraïstes plantaient un jeune arbre, symbolisé par notre sapin. Le rite païen a donc survécu quelque dix-sept siècles par l’entremise de l’Église.
Le mithriacisme avait gagné l’Europe entière, de l’Espagne au nord de l’Angleterre, et il régnait sur tout le bassin de la Méditerranée, de la Turquie à l’actuelle Tunisie. Il fut long à éliminer. La date de Noël, dont le nom dérive de la formule romaine Natalis solis invicti , « naissance du soleil invaincu », demeura.
Jésus succéda à Mithra, au prix de ce qu’on qualifiera, en termes mesurés, de pieuse-désinformation et qu’on appellera une usurpation, en langage moins châtié. Ce n’est d’ailleurs pas la seule : peu de fidèles savent que la pratique de placer un bénitier à la porte des églises est directement empruntée au mithriacisme : les temples de cette religion comportaient une vasque d’eau placée à la porte, pour que les fidèles s’y purifient les mains.
Mais quelle était donc la date de naissance de Jésus ?
L’Évangile de Luc, et lui seul, spécifie que le Sauveur naquit « dans une mangeoire », c’est-à-dire dans une étable, à Bethléem, « parce qu’il n’y avait pas de chambre où ils [Joseph, Marie et l’enfant] pussent loger dans la maison ». Cela signifie que Bethléem affichait complet. Or, il n’y avait qu’un moment dans l’année où cela se produisait, et c’était celui de la Pâque, qui attirait à Jérusalem une foule de fidèles. Le nombre de ces fidèles, dont les estimations oscillent considérablement d’un auteur l’autre (de cent vingt-cinq mille à trois cent mille), excédait les capacités d’accueil de la Ville Sainte, et les visiteurs se repliaient donc sur les villages voisins, Béthanie, à deux kilomètres, soit moins d’une heure de marche, et Bethléem, à neuf kilomètres, soit quelque deux heures de marche.
Jésus naquit donc en avril. Mais de quelle année ?
*
Les Évangiles nous informent que c’était sous le règne d’Hérode le Grand (Mt. II, 1), mort en 4 avant notre ère, et peu après le décret de recensement commandé par César Auguste (Lc. II, 2), « alors que Quirinius était gouverneur de Syrie ». Il y a là une contradiction, car ce Romain fut deux fois gouverneur de Syrie : la première fois de
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