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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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de l’art italien qu’il introduisit dans le pays étaient destinés à rehausser sa gloire personnelle (il paya La Joconde 4 millions d’écus, plus de cent kilos d’or) et qu’ils ne bénéficièrent d’aucune manière à ses sujets. Mais c’est une coutume établie que d’attribuer les collections des seigneurs d’antan à leur volonté d’enrichir le patrimoine culturel national.
    Le royaume fut prospère, mais sa prospérité ne dut rien non plus à François I er . Fernand Braudel a montré dans La Dynamique du capitalisme   (15) que l’essor de celui-ci commença au XVI e siècle dans l’Europe entière, grâce en particulier au développement des foires et des marchés.
    En glorifiant la vanité d’un roi qui en regorgeait – qu’on se souvienne du grotesque épisode du camp du Drap d’Or –, les républiques croyaient exalter l’essor de la nation française et son génie culturel, doublé à Marignan du génie militaire. L’erreur fut grave, elle relevait de la superficialité autant que de la fabrication.

1632
    Les Diables de Loudun et autres fariboles
    Les mystifications sont parfois perpétrées à l’insu même de leurs auteurs. L’esprit humain, en effet, interprète les faits selon les grilles qu’il a lui-même forgées. En témoigne, entre autres, l’affaire des Diables de Loudun.
    Dans cette ville de l’Isère, sous le règne de Louis XIII, éclata un scandale de diableries comme on en avait recensé des centaines depuis la création de l’Inquisition, mais qui devait laisser au travers des siècles un sillage comparable à celui des sorcières de Salem. Celui-là s’était produit dans un établissement religieux. Urbain Grandier, curé de l’église Saint-Pierre-du-Marché, était accusé d’avoir introduit au moutier Sainte-Ursule des diables qui avaient rendu lubriques l’abbesse et les seize nonnettes sous sa férule.
    Quand le président de l’Élection de Poitiers, le procureur et le chanoine se rendirent au cloître, afin de vérifier l’accusation, ils furent accueillis en termes fort grossiers par les moniales dépoitraillées. Celles-ci déclarèrent aux autorités que Grandier les avait livrées à des diables qui les excitaient à jouir de leurs corps. Grandier fut écroué et protesta. Un tribunal finit par le disculper et le libérer.
    Bel homme et beau parleur, mais également luxurieux, Grandier avait le tort d’être porté au calvinisme et de s’y obstiner. Cela équivalait à la sédition politique et, l’année suivante, Richelieu dépêcha sur place le conseiller Laubardemont, afin de mettre bon ordre à Loudun. Grandier fut arrêté de nouveau et son procès, rouvert. Le 23 janvier 1634, il fut confronté aux possédées. La séance fut agitée : les Ursulines se déchirèrent mutuellement leurs robes, se griffèrent et se mordirent comme de véritables possédées. Deux moines les exorcisèrent et les greffiers notèrent qu’à l’injonction traditionnelle, Vade retro Satanas ! l’abbesse Jeanne des Anges avait vomi six cornus.
    Richelieu le crut-il ? L’on ne plaisantait alors pas avec le Diable. Quinze juges traitèrent le procès de Grandier qui, sous la torture, reconnut ses sortilèges et fut brûlé vif en face de son église.
     
    Ce genre d’affaires était hélas fréquent dans les siècles passés, mais chacun sait l’omniprésence du Malin. En 1951, un incident grave survint à Pont-Saint-Esprit, dans le Gard, et jeta une lumière nouvelle sur la possession démoniaque. Plusieurs personnes montrèrent des signes de dérangement mental, dans le comportement et les propos. Le Malin reparaissait-il après des décennies de chômage ? Une enquête de la Santé publique révéla que le coupable était bien différent : les intoxiqués avaient consommé du pain fabriqué avec du seigle moisi. Or, la moisissure en question, qui se nomme ergot de seigle, est l’un des plus puissants hallucinogènes connus ; c’est de ce champignon qu’on extrait une drogue qui connut une certaine vogue dans les années 1960, l’acide lysergique diéthylamide, ou LSD. On réexamina l’affaire des Diables de Loudun sous un autre angle.
    Le caractère fortement toxique de l’ergot de seigle avait été découvert au XVIII e siècle par l’abbé Tessier, mais c’eût été du diable si l’on avait soupçonné que bien des procès en sorcellerie, sinon tous, avaient été motivés par du seigle mal conservé. Les autorités

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