4 000 ans de mystifications historiques
1489, montre que Colomb n’en fut pas le découvreur : elles avaient été accostées par des Européens avant lui.
Pourquoi Colomb n’approfondit-il pas l’exploration des terres qu’il redécouvrait, et pourquoi notamment n’aborda-t-il pas au Brésil ? Il faut, pour l’expliquer, rappeler les extraordinaires difficultés de ses expéditions, les avaries et les pertes de navires, les mutineries de ses équipages et les révoltes des colonies qu’il avait fondées, les intrigues rocambolesques dans les cours royales qui subventionnaient ses voyages, l’animosité particulière du gouverneur Bobadilla, qui le ramena en Espagne les fers aux pieds.
En effet, Colomb ne fut guère avisé ni humain dans son administration d’Hispaniola… Il expédia ainsi cinq cents esclaves Tainos sur le marché aux esclaves de Madrid, ce qui finit par indisposer la reine Isabelle. L’aventurier était devenu homme d’affaires. Il n’avait ni le loisir, ni les moyens, ni peut-être le désir d’enrichir ses connaissances et la géographie.
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N’y eut-il donc pas de découvreurs des Amériques ? Si, il est prouvé qu’au X e siècle les Vikings Erik le Rouge et Leif Eriksson abordèrent aux rives de ce qui est l’actuel Massachusetts et y implantèrent une colonie. Il est certain que les frères Corte Real, des Portugais, furent les premiers à aborder ensuite l’Amérique du Nord au cours de deux voyages, en 1500 et 1503.
On suppose qu’ils auraient été devancés par les frères Zeno, de Venise. Mais il est désormais prouvé qu’en 1421 une très importante expédition maritime chinoise, disposant de jonques immenses, a contourné les Amériques et qu’elle a plusieurs fois mis pied à terre. Les cartes qu’elle a laissées en attestent.
Il existe aussi de sérieuses raisons de penser que des navigateurs béninois auraient atteint le Mexique au XIV e siècle : les types négroïdes des têtes colossales de La Venta, près de Vera-cruz, jusqu’alors inconnus dans l’art précolombien, le font fortement soupçonner. Et l’on s’interroge toujours sur l’origine d’un personnage mythique aztèque, représentant un dieu blond comme les barbes du maïs, qui fut sacrifié. Certains en attribuent l’introduction au moine irlandais Brendan, qui serait parti pour l’ouest et aurait tenté d’implanter le christianisme au Mexique…
Les mythes peuvent parfois informer sur l’histoire. Il n’en demeure pas moins qu’il est grand temps de mettre fin à celui de Colomb, découvreur de l’Amérique.
XVI e siècle
Quand commença le Moyen Âge
et quand finit-il ?
Tout le monde en conviendra : un billet de banque dont la valeur changerait selon celui qui le présente serait refusé par tout le monde. Ainsi en serait-il d’une notion qui ne correspondrait qu’à celui qui l’utilise. Par exemple, l’adjectif « noir » : si pour certains il signifiait « gris foncé » et pour d’autres « gris clair », cela n’aurait plus de sens.
Tel est pourtant le cas d’une notion courante, celle de « Moyen Âge ».
Généralement utilisée pour désigner les quelque trois ou quatre siècles qui précèdent et qui suivent l’an mille, elle ne comporte ni commencement ni fin qui fassent l’unanimité. Moyen, c’est-à-dire médian ; mais par rapport à quels repères ? Si le premier est à l’évidence le début de l’ère chrétienne, où se situe l’autre, puisqu’on ignore la fin de cette ère ? Le Moyen Âge ne pourrait mériter son nom que si l’ère chrétienne s’achevait à l’an 2000, ce qui n’est pas le cas. Débuta-t-il à la chute de l’Empire romain au V e siècle ? À la naissance de l’Empire carolingien au VIII e siècle ? Ou bien à celle du Saint Empire romain germanique, aux X e et XI e siècles ? Chaque école d’historiens a ses raisons pour préférer telle ou telle époque, mais, au fur et à mesure que les siècles passent, elles pâlissent sans plus enrichir notre entendement. Et que faut-il penser d’expressions telles que « Haut Moyen Âge » ?
Un certain consensus voudrait que le Moyen Âge s’achève à la chute de Constantinople en 1453, pour d’autres, à la Réforme, au XVI e siècle, ou à la Renaissance. Mais quand la Renaissance elle-même commença-t-elle ? Si l’on se penche sur son histoire propre, on constate que la Haute Renaissance chevauche le Moyen Âge. Et la Renaissance ne s’étant pas manifestée au même moment dans
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