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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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blennorragique, compliqué par une sonde mal introduite pour remédier au rétrécissement de l’urètre. On peut s’étonner que le malade n’ait pas été emporté plus tôt par une septicémie.
    Ministres et courtisans gardaient le secret. Il eût fait beau voir qu’ils défiassent le pouvoir au nom de l’intérêt national.
    François I er ne sera pas le dernier monarque qui eût dû, si raison régnait, confier le trône à un homme plus vaillant. Le cas le plus saisissant d’une misère physique qui entraîne l’incapacité d’agir est offert par Napoléon ; il est à la mesure de sa gloire.
    *
    Au tableau des misères dont l’Empereur souffrait depuis sa jeunesse, les difficultés de miction figurent au premier rang ; elles se classent sous la rubrique de l’appareil génito-urinaire. « J’ai toujours éprouvé de la difficulté à uriner, et d’autant plus que le besoin s’en faisait sentir plus fréquemment, admit-il. Aujourd’hui, les souffrances sont intolérables. »
    Pour l’historien contemporain Pierre Hillemand  (35) , ces difficultés de miction eurent des conséquences historiques pendant la campagne de Russie : elles auraient empêché Napoléon de profiter pleinement de sa victoire et auraient permis à l’armée russe de se reconstituer. « Nous ignorions que Napoléon fût souffrant et que cet état de malaise le mettait dans l’incapacité d’agir dans les grandes affaires qui se déroulaient sous ses yeux », écrivit le général Louis-François Lejeune, qui participa à plusieurs campagnes napoléoniennes.
    Mais la déclaration isolée d’un témoin ne saurait changer grand-chose aux récits officiels des grandes entreprises militaires de Napoléon, et plus d’un historien, si critique fût-il, répugnerait à admettre que les difficultés urinaires de l’un des plus célèbres héros de l’Occident aient pu être responsables de sa plus cuisante défaite et changé l’histoire.
    L’hypothèse la plus plausible est que ces difficultés étaient dues à un rétrécissement de l’urètre, séquelle d’une blennorragie ; le gonocoque était, en effet, un compagnon fidèle des militaires du temps. Elles ne furent certes pas atténuées par le mode de vie erratique du sujet : les longues heures, sinon les journées entières passées sans boire favorisaient évidemment les calculs rénaux ou urinaires. L’atrophie des organes génitaux, révélée par l’autopsie, n’arrangea rien.
     
    C’est cependant sous la rubrique de la neurologie que figurent les symptômes les plus alarmants de l’état de santé de Napoléon. Depuis l’École militaire de Brienne, Bonaparte souffrait de pertes soudaines de connaissance. À cette école, il tomba soudain par terre. Simple évanouissement, pourrait-on supposer. Mais il s’évanouit de nouveau, publiquement, en novembre 1799, après avoir été malmené par les Cinq-Cents, à Saint-Cloud ; son inconscience est alors presque totale. La bousculade fut certes forte et dangereuse, mais alors, on eût dû compter bien plus de pertes de connaissance dans cette mémorable empoignade. Puis, entre janvier 1803 et septembre 1805, on compte trois attaques, dont une qui épouvanta la comédienne Duchâtel : alors qu’elle faisait l’amour avec son impérial amant, en 1807, au château de Saint-Cloud, il perdit connaissance et fut saisi d’une crise de convulsions. Les familiers, dont Joséphine, accoururent et virent l’illustre malade nu et secoué de spasmes.
    Certains auteurs, dont le Dr Frederick Cartwright  (36) , ont évoqué l’épilepsie. Dans ce cas, il s’agirait d’une épilepsie localisée, qu’on appelait autrefois « petit mal », et dont l’évolution est variable au cours de la vie. Le diagnostic semble d’autant plus plausible que Napoléon subissait aussi des absences ou des crises de somnolence soudaines qui allèrent s’accusant. Témoins et mémorialistes se sont émerveillés de la capacité de récupération immédiate du grand homme, qui pouvait s’endormir en voiture ; élogieuse interprétation d’un symptôme morbide qu’on appela un temps « syndrome de Pickwick », en référence au personnage de Charles Dickens : « Le 7 mai 1810, à Gand, lors d’une fête et d’un bal donnés à l’Hôtel de Ville, Napoléon s’endormit sur son trône. »
    Cette affection doit être rapprochée des migraines tenaces, qui se manifestèrent dès la fin de la campagne d’Italie, en

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