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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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dissimulèrent
leur maladie au monde
    Depuis les débuts de l’aviation civile, dans les années 1930, les compagnies d’aviation ont durci de plus en plus strictement les contrôles de santé physique et mentale des pilotes. Nul n’eût songé, déjà dans les années 1950, à confier les commandes d’un DC 8, d’un Boeing ou d’un Vickers Viscount à un homme susceptible de souffrir d’un coma diabétique ou d’une attaque cardiaque en phase de décollage ou d’atterrissage, ni à un cyclothymique ou à un maniaco-dépressif. On y songerait encore moins au XXI e siècle. Confier les vies de centaines de passagers à des hommes sujets à des défaillances physiques ou psychiques relèverait en soi de la maladie mentale.
    Curieusement, le même contrôle n’est pas imposé à des hommes responsables du destin de nations, parfois de l’Histoire. Les dossiers médicaux des chefs d’État furent, et demeurent depuis des décennies, un sujet de préoccupation qui n’agitait que des esprits chagrins, vétilleux, soupçonneux de tout et de tout le monde et probablement justiciables eux-mêmes d’un examen de détection de la paranoïa, c’est-à-dire de la manie de la persécution. L’argument des défenseurs du pouvoir est que le chef sait dominer ses misères physiques et que là réside sa grandeur – et le respect qu’elle impose.
    Ainsi étaient posés les fondements d’une mystification phénoménale : la croyance dans la vertu suprême de l’esprit sur sa guenille corporelle. Elle remontait loin, elle s’enracinait même dans la nature divine du pouvoir.
    *
    Passe pour l’opinion publique générale que quelques rois du passé aient pu souffrir de quelques maladies invalidantes. Qu’y pouvait-on ? La médecine moderne n’était pas née et d’ailleurs ces rois avaient fait leurs preuves. Ils avaient mérité leur gloire.
    Les témoins du passé, car il y en eut, et souvent fidèles, ont relevé des faits alarmants. Ainsi, en ce qui intéresse la France, mais elle n’est certes pas la seule, touchée par la mystification de Louis XI. Quoi, irait-on dresser un dossier médical post mortem de ce glorieux Valois ?
    On le peut, grâce au chroniqueur Philippe de Commynes (1447-1511), qui avait oublié d’être sot ou distrait et qui, dans le chapitre intitulé « Comment le roi Loys, par une malladie, perdit subitement le sens et la parolle, guérissant et rencheant par diverses fois, et comment il se maintenoit en son chasteau du Plessis les Tours », décrit proprement l’attaque cérébrale dudit roi. C’était en mars 1480.
    Louis XI n’y succomba que le 30 août 1483. Entre-temps, il avait perdu la mémoire, outre la parole, pendant plusieurs jours ; il démit tous ses ministres, s’imagina que son fils avait tenté de l’empoisonner et autres folies. Pendant trois ans, le royaume fut aux mains d’un débile physique et mental.
    Chapitre pénible, mais exceptionnel de l’histoire du royaume ? Non point. Prenons le cas de François I er . Monté sur le trône à vingt et un ans, il commença à décliner physiquement vingt ans plus tard : à partir de 1535, son état ne cesse d’empirer et il s’affaiblit. Son mal le plus obstiné est une fistule entre l’anus et les testicules, qui se complique du fait de la syphilis qu’il a contractée dans sa jeunesse, auprès de la Belle Ferronnière, dit-on. « Le roi de France a une veine rompue et pourrie dessous les parties basses, par où les médecins désespèrent de sa longue vie », note un témoin de la Cour. L’abcès n’en finit pas de s’étendre et compte cinq pertuis ou trous. Le roi s’obstine à aller à la chasse, mais ne peut le faire qu’en litière. Il régnera cependant douze ans, jusqu’en 1547. C’est cet invalide, en proie à des accès de fièvre récurrents, qui proclame l’édit de Fontainebleau contre les protestants, appelle à son secours le sultan Soliman pour résister à Charles Quint et signe le traité de Crépy, par lequel il cède à Henri VIII l’Artois et la Flandre.
    Les constats de l’autopsie sont désolants : l’œsophage était atteint d’ulcères purulents, un poumon était putréfié, l’uretère était délabré et, dans le col de la vessie, on repéra « un large ulcère plein de pus  (34)  ». On se demande comment François I er résista à toutes les souffrances qu’impliquent pareilles lésions. Le diagnostic ? Probablement un abcès d’origine

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