A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ?
les échanges qui auraient (c'est à cela que je pensais, bien sûr) fait le régal de mes confrères...
Washington, Athènes, et bien d'autres circonstances...
Je me suis souvent sentie frustrée de ne pouvoir être encore, en même temps qu'épouse, journaliste.
Mais j'ai fait un choix. Et cette année sabbatique m'a finalement permis d'observer, de l'autre côté du miroir, ce monde de la presse que je découvrais avec à la fois plus de confiance et plus de méfiance. Parce que, si beaucoup de journalistes sont mes amis, je connais aussi bon nombre des ficelles du métier.
Mes relations personnelles avec mes confrères journalistes n'ont d'ailleurs pas vraiment changé... Dans plusieurs situations nous nous sommes retrouvés dans des positions cocasses, chacun dans son rôle. Ce qui fut plus souvent source de fou rire ou de clin d'œil complice que de gêne ou d'ambiguïté. Mes vrais amis sont restés mes amis. Quant aux journalistes dont j'ai fait la connaissance cette année, certains le sont devenus.
J'ai ainsi trouvé dans mes habits d'épouse un nouveau poste d'observation idéal pour analyser les relations quasi passionnelles qui se créent entre les media et les « politiques ». Passionnelles parce qu'il existe bien une sorte de rapport de forces entre deux pouvoirs. Un ministre sait qu'il peut difficilement envoyer
balader un journaliste qui lui pose une question pertinente, fût-elle un brin insolente (et même s'il rêve secrètement d'étrangler son interlocuteur), alors qu'il éconduira sans ménagements le collaborateur qui lui posera la même question.
Si on n'épouse pas forcément les thèses de ceux avec lesquels on vit, on finit par comprendre leurs préoccupations. Ces quelques mois de retrait m'ont permis de remettre en place certaines vérités premières que je contestais sans doute auparavant.
Dans le milieu du journalisme, la recherche d'une information inédite, sa vérification ainsi que sa publication la plus rapide possible pour la plus grande satisfaction du lecteur, sont trois des exigences principales du métier. Elles passent souvent avant la prudence, l'exactitude au millimètre près et l'intérêt de la France. Ces derniers critères sont au contraire les exigences primordiales du Quai d'Orsay.
Il est également vrai que les journalistes (là encore je suis bien placée pour le savoir) ont souvent des a priori sur les informations qu'ils recherchent. Qu'ils viennent souvent pêcher de quoi alimenter, étayer ou conforter leur thèse plutôt que de creuser l'information pour se forger une opinion.
Cela dit, la façon dont les gouvernants agissent avec la presse n'est pas non plus exempte d'erreurs.
Certains sont des experts en la matière, d'autres de vrais débutants. Il suffit d'observer la façon dont on fait passer les messages, on amplifie ou dégonfle les rumeurs, on choisit la langue de bois plutôt que le franc-parler ou l'inverse... on se bat par media interposés...
Un défaut souvent partagé par l'ensemble des gouvernants est de vouloir expliquer les choses sans se mettre à la place de ceux à qui ils les expliquent. Ce qui engendre de profonds malentendus. Il est vrai que plus on est immergé dans telle ou telle affaire, tel ou tel dossier, plus il est difficile de l'expliquer à ceux qui n'y connaissent rien. Mais quand on rédige un message, il faut penser à ceux à qui il s'adresse autant qu'au message lui-même. Si je ne devais retenir qu'une chose sur ce sujet, c'est cette petite phrase puisée dans Paroles pour décideur: « Dans la communication, l'important c'est ce que l'autre a compris. »
C'est sous un autre angle, sous une autre casquette plus exactement, que j'ai également découvert une autre forme de presse. La
presse dite « people ». En tant que « gibier », et non plus « chasseur ».
N'étant pas moi-même un personnage public, mais seulement « épouse d'un personnage public », j'ai appris qu'il s'agit là d'un statut hybride dont les rapports avec les media ne sont pas codifiés. Un personnage public est plus ou moins livré en pâture, notamment aux photographes, dans la limite du respect de sa vie privée. Un personnage totalement privé, anonyme, a pour sa part un droit très précis à la protection de son image. Il peut par exemple intenter un procès pour atteinte au droit à l'image à un journal qui publiera une photo de lui en train de marcher dans la rue. L'épouse et les enfants du personnage public ont droit «en
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