A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ?
théorie » à la même protection. En pratique c'est beaucoup plus compliqué. Car curieusement, une femme, légitime, ne fait pas partie de la vie privée de l'homme public... Dans l'ensemble, je n'ai pas trop à me plaindre, exception faite d'une sainte colère contre un journal qui publia une photo d'Alain avec un de mes enfants alors que nous avions expressément demandé aux photographes de s'abstenir. Mais je pense que la presse honnête laisse tranquilles ceux qui veulent le rester. On ne passe pas de photos pleine page dans
un magazine sans votre accord, pas plus qu'on n'arrache une interview sans votre consente-ment...
Il reste les photos prises à votre insu, les échos plus ou moins fielleux à votre égard, voire la désinformation pure et simple. Là, il n'y a pas grand-chose à faire pour lutter et, de toute façon, l'inégalité est totale entre vous et un inconnu. Faire un procès ou demander un droit de réponse donne encore plus de publicité, plus de retentissement à l'événement. Je me souviens d'une émission télévisée au cours de laquelle le patron d'un de ces journaux de ragots disait: «Les hommes publics ont beaucoup d'avantages, ils doivent accepter les inconvénients. » Et d'ajouter qu'il gagnerait toujours plus d'argent en vendant son journal qu'il n'en perdrait avec ses procès... Mieux vaut donc « s'écraser ». Mais c'est parfois dur. Sans doute faut-il apprendre, comme Alain me le dit souvent, à se « durcir le cuir ».
LA GUERRE EN SCÈNE
« Giraudoux évoque, j'en suis sûr, pour beaucoup d'entre nous, des moments de bonheur, à livre ouvert ou dans l'obscurité d'une salle de théâtre. Puis-je confier ceux que m'ont donnés la lecture et la relecture de la " pesée " d'Hector et d'Ulysse, dans la Guerre de Troie n'aura pas lieu?
Hector qui " pèse un homme jeune, une femme jeune, un enfant à naître, la joie de vivre, la confiance de vivre... "
Ulysse qui " pèse l'homme adulte, la femme de trente ans, la volupté de vivre, et la méfiance de la vie ".
Vont-ils conjurer la guerre ?
Réponse d'Ulysse : " C'est un duo avant l'orchestre. C'est le duo des récitants avant la guerre. Parce que nous avons été créés justes et courtois, nous nous parlons une heure avant la guerre, comme nous nous reparlerons
longtemps après, en anciens combattants. Nous nous réconcilions avant la lutte même, c'est toujours cela. " En relisant ces lignes, je me demandais si j'étais devant Troie ou plutôt à Genève. Et je me disais: Giraudoux pas mort. »
Il était midi, ce lundi 31 janvier, dans le salon de l'Horloge. Alain, rentré la veille du Mexique pour un séminaire gouvernemental le dimanche, prononçait un petit discours devant l'association Jean Giraudoux qui célébrait cette année le cinquantenaire de la mort du grand écrivain-diplomate. Ecrivain-diplomate comme l'ont été Claudel, Morand ou Saint-John Perse.
J'ai croisé quelques minutes avant l'arrivée d'Alain le comédien Francis Huster, qui triomphe actuellement dans le Cid. Il m'a parlé avec fougue de son prochain projet : monter pour l'été prochain à Perpignan la Guerre de Troie n'aura pas lieu. Il était enthousiasmé par les dorures du Quai d'Orsay et voulait s'en inspirer pour les décors de sa pièce. Après le discours d'Alain et celui plein d'émotion du fils de l'écrivain, Jean-Pierre Giraudoux, le comédien prit à son tour la parole pour annoncer la bonne nouvelle
: la Guerre de Troie à Perpignan en juillet. Lui aussi expliqua à quel point la pièce de Giraudoux lui faisait penser à la Bosnie.
Troie/Sarajevo... En l'écoutant, j'imaginais ces diplomates ou ces militaires qui, à propos de la Bosnie ou de toute autre guerre, parlent de « théâtre d'opérations »...
Chapitre XII
Épouses et concubines
« Voilà un an, j'avais exprimé mon désir de ne pas modifier mes activités et mes engagements. Tout au long de cette année, je les ai poursuivies comme auparavant. Mais la vie et les choses évoluent et j'espère que vous me pardonnerez si je profite de l'occasion qui m'est donnée ici pour vous faire part de mes projets d'avenir, cette fois bien différents. Lorsque j'ai commencé ma vie publique, je comprenais que les media puissent s'intéresser à mes activités. Je savais également que leur attention se focaliserait à la fois sur notre vie privée et sur notre vie publique. J'ignorais le degré extrême qu'atteindrait cette attention et la manière dont elle allait les
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