A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ?
affecter, au point que cela est devenu très difficile à supporter. A la fin de cette année, lorsque mon programme d'engagements officiels sera achevé, je réduirai mes activités publiques.
Attachant une grande importance à mon travail humanitaire, je m'efforcerai de le concentrer sur un nombre plus restreint de domaines. Tout en conservant un rôle public, je vais tenter au cours des prochains mois de trouver une vie je l'espère plus privée... »
Traquée par les media, en particulier par les objectifs des photographes qui la poursuivent jusque dans l'intimité de ses exercices de gymnastique, la pauvre Lady Di (puisque c'est bien d'elle qu'il s'agit) a craqué. Ce 3 décembre 1993, c'est les yeux mouillés de larmes qu'elle explique pourquoi elle va quitter, sur la pointe des pieds, la scène publique, pour se consacrer exclusivement et dans l'ombre à ses activités humanitaires.
Tout en s'apitoyant sur le sort de la princesse harcelée par la presse britannique, les media français s'empresseront d'ailleurs de diffuser les photos de Lady Di dans sa salle de sport ainsi que celles de son fameux discours du 3 décembre, sans compter de multiples reportages « people » pour expliquer sa décision de passer de la lumière à l'ombre relative, comment elle s'épanouit
dans sa nouvelle vie... Comble du paradoxe, elle n'a jamais tant fait la une des magazines que depuis son retrait...
A peu près au même moment, dans le magazine Vogue, je découvre une autre épouse qui pose cette fois pour les photographes, en mannequin. Elle vient de défendre bec et ongles devant un sénat américain récalcitrant son projet de Healthcare (mesures sociales). Il s'agit d'Hillary Clinton...
En France il n'existe pas de Lady Di. Pas plus qu'il n'existe d'Hillary Clinton. Les épouses sont plutôt discrètes et la presse leur fiche une paix relativement royale. Les « simples femmes de ministre » ne sont d'ailleurs pas concernées, puisque rien ne leur interdit de garder leur activité professionnelle propre. Plusieurs d'entre elles le font d'ailleurs aujourd'hui. Mais plus les époux montent en grade, deviennent Premier ministre ou président de la République, plus il leur est difficile d'exercer une véritable activité professionnelle autonome. Le champ de manœuvres de ces premières ou deuxièmes dames est donc relativement limité.
J'ai souvent entendu ce postulat: ces femmes n'ont aucune légitimité démocratique
puisqu'elles n'ont pas reçu l'onction du suffrage universel — toute activité strictement politique leur est donc interdite. J'imagine d'ailleurs assez mal l'épouse d'un président ou d'un Premier ministre mettant au point un nouveau programme de protection sociale et allant s'en expliquer directement devant le Parlement...
Comme ces femmes ne sont pas des inactives pour autant, il leur reste le bénévolat. La voie leur est ouverte pour toutes sortes d'œuvres caritatives, d'associations diverses et variées. Les domaines d'intervention sont multiples: d'abord les enfants (battus, abandonnés, exploités, handicapés...), puis les droits de la femme ou de l'homme, ou encore les minorités opprimées un peu partout dans le monde, sans compter les animaux...
L'humanitaire dont on parle beaucoup aujourd'hui est également une source inépuisable d'actions charitables. Quant au domaine culturel, il est également riche en potentialités diverses et variées.
Dans tous les pays, pas seulement en France, les épouses de chefs d'Etat, de rois, de princes ou de Premiers ministres sont engagées dans des actions de ce type. Certaines, comme en France, ont donné leur nom à des
associations ou à des fondations 1 . J'en ai visité un certain nombre pendant ces mois.
Aux Etats-Unis, les actions caritatives, connues sous le nom de charities, ne sont d'ailleurs pas l'apanage des épouses de grands. Chaque épouse au foyer qui le peut, ou presque, est engagée dans une association de ce type, dont elle s'occupe en vraie professionnelle. Il serait d'ailleurs mal vu qu'elle ne fasse rien. Les charities sont devenus de vrais business et les femmes qui les gèrent, loin du stéréotype démodé des dames de charité à jupes longues et chignons serrés, sont des femmes bien dans leur peau qui n'ont pas peur de leur ombre.
En France, je crois que le bénévolat n'a pas encore acquis ses lettres de noblesse. Pis, les bons sentiments, les actions bénévoles en matière humanitaire, sont parfois tournés en
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