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A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ?

A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ?

Titel: A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Isabelle Juppé
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faut rentrer d'urgence à Paris pour accueillir les otages français libérés à Alger. Un dîner en amoureux, le premier depuis des mois, annulé avec un préavis d'une heure ou deux, parce qu'il faut s'envoler pour l'ex- Yougoslavie.
    Alors il y a les voyages où, quand je peux l'accompagner (environ une fois par mois), nous nous voyons entre deux rendez-vous officiels. L'avion est bien un des rares endroits où l'on puisse difficilement nous éloigner trop longtemps l'un de l'autre. Et parfois, quand même, il y a Paris. Le matin et le soir, même très tôt ou très tard. S'il est difficilement concevable de partir trois semaines d'affilée dans une île déserte sans laisser d'adresse, il est quand même permis d'aller au cinéma de temps en temps un soir, ou au restaurant, ou au théâtre. La terre ne s'arrêtera pas de tourner si le ministre des Affaires étrangères disparaît deux heures. Disparition, le mot est d'ailleurs un peu fort, car où qu'il aille, le standard du Quai d'Orsay, remarquablement efficace, est en mesure de le retrouver!
    Ce qu'il faut, c'est profiter des rares éclaircies. D'impromptus soirs de calme, quand le ciel international se dégage pour quelques heures avant de se couvrir à nouveau...

Chapitre XI
    L'arroseur arrosé...
    C'était un dimanche soir du mois de mai, à la résidence de l'ambassade de France à Washington, Kalorama Street, près du Potomac.

    Alain effectuait son premier voyage bilatéral aux Etats-Unis, il arrivait de New York. L'ambassadeur avait organisé un dîner restreint (une vingtaine de couverts) avec la presse américaine — redoutables confrères — du Washington Post au New York Times, en passant par le Wall Street Journal, Time Magazine et Newsweek... Le principal sujet de conversation était, déjà et encore, l'ex-Yougoslavie. La France, avec les Américains, les Anglais, les Espagnols et les Russes, avait planché sur un projet de résolution demandant l'instauration de « zones de sécurité », qui seraient protégées par les Nations unies.
    Comme tout le monde, et surtout parce
qu'un mois auparavant je m'intéressais encore de près à ces questions pour mon journal, j'étais passionnée par ce sujet. A table, Alain était à la place d'honneur, en face de l'ambassadeur, et entouré par les plus célèbres chroniqueurs — et chroniqueuses — américains.
    L'ambassadrice et moi-même étions chacune à un bout de la table, cachées derrière d'immenses chandeliers, reléguées dans notre rôle d'hôtesses...
    Derrière mes sourires aimables à mes voisins de table, j'enrageais. Certes, je portais une très jolie robe, prêtée par un grand couturier, mais je l'aurais jetée aux orties sans l'ombre d'une hésitation pour avoir le droit de lever le doigt et de poser une ou deux questions au ministre des Affaires étrangères français. Des questions que je pourrais bien sûr lui poser un peu plus tard lorsque nous serions seuls, mais que j'avais envie de poser là, à ce moment, par simple réflexe journalistique...
    Un mois plus tard nous étions à Athènes pour la réunion du sommet de l'Otan. La suite que l'on nous avait attribuée dans le complexe hôtelier où se déroulait la conférence se composait de deux pièces, la chambre proprement dite, et un petit salon, par lequel il fallait passer pour aller dans la chambre.
Etant arrivée après le début du sommet, j'avais manqué le « déjeuner d'épouses » et j'étais allée visiter l'Acropole avec l'ambassadrice française, avant de revenir à l'hôtel. Il me restait une ou deux heures de libres avant de retrouver, comme convenu, Alain. Un peu fatiguée, je me suis assoupie pour me réveiller au bout d'un temps indéterminé, décidée cette fois à aller me promener une petite demi-heure. Au moment de tourner la poignée de la porte qui donnait dans le salon, j'entendis des bruits de voix. Alain, qui avait dû revenir pendant que je dormais, était en entretien bilatéral dans le salon avec un de ses homologues. Il devait y avoir aussi un interprète, et quelques-uns des collaborateurs des deux pays. J'attendis donc la fin de l'entretien, en écoutant, malgré moi, la conversation, car je ne pouvais sortir de la pièce sans les interrompre. Vers la fin, j'entendis un nouveau remue-ménage. C'était la délégation suivante qui arrivait... Il y en aura ainsi trois ou quatre supplémentaires ! Je passai le reste de mon après-midi bloquée derrière cette porte en « profitant » de tous

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