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A l'écoute du temps

A l'écoute du temps

Titel: A l'écoute du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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char-là a pas une tache de rouille et le dedans est propre comme
s'il sortait du garage.
     
    Pour prouver le
bien-fondé de ce qu'il venait de dire, l'homme ouvrit les deux portières du
côté du trottoir pour permettre aux spectateurs de vérifier par eux-mêmes ce
qu'il venait d'avancer.
     
    — Ça, c'est de la
construction d'avant-guerre, précisa le frère de Laurette, gonflé d'orgueil. Ça
roule comme un moine, beau temps mauvais temps. Embarquez, on va faire le tour
du bloc. Vous allez voir comme ça roule ben.
     
    — Est-ce qu'on
peut embarquer, nous autres aussi? demanda Gilles à son oncle.
     
    — On va être trop
tassés. On en a pour cinq minutes et je vais vous faire faire un tour quand on
va revenir.
     
    Les deux hommes
montèrent à l'ayant du véhicule et leurs femmes trouvèrent refuge sur la
banquette arrière.
     
    Après deux ou
trois sollicitations, le moteur consentit à démarrer. A voir les mains crispées
d'Armand sur le volant, il était évident qu'on avait affaire à un néophyte peu
assuré. Le véhicule roula doucement jusqu'au coin de Emmett avant de s'engager
sur la petite rue Archambault où il n'y avait aucune circulation. Le conducteur
roula jusqu'à la ruelle Grant, tourna à droite vers Dufresne qu'il descendit
jusqu'à la rue Notre-Dame qu'il emprunta jusqu'à la rue Fullum. Il remonta
cette rue jusqu'à Emmett avant de venir s'arrêter devant la maison. La courte
balade s'était faite à quinze milles à l'heure en rasant le trottoir.
     
    — Puis, qu'est-ce
que vous en pensez? demanda le propriétaire en se tournant vers ses passagers.
     
    285
     
    — Ton char a
l'air de ben aller, dit Gérard, en feignant un enthousiasme qu'il était loin
d'éprouver.
     
    — Tu devrais
penser à t'en acheter un, Gérard, lui conseilla son beau-frère. Je te dis que
c'est plaisant en maudit de pas avoir à attendre après les petits chars pour
sortir de la maison ou pour revenir.
     
    — Je te crois
facilement, concéda Gérard en s'extirpant de la voiture. C'est sûr que c'est
pas mal pratique. En tout cas, merci pour le tour.
     
    — Bon. Je te
rejoins dans cinq minutes. Le temps de faire faire un petit tour à tes gars,
déclara Armand Brûlé au moment où son beau-frère refermait la portière de la
Dodge.
     
    Gérard suivit les
deux femmes à l'intérieur de l'appartement.
     
    Déjà, Gilles et
Richard s'approchaient du véhicule, prêts à monter à bord.
     
    Dans
l'appartement, les trois adultes enlevèrent leurs lourds vêtements d'hiver
avant d'aller se réfugier dans la cuisine. Avant de s'asseoir, Pauline ouvrit
son sac à main et en tira une revue.
     
    — Tiens,
Laurette, dit-elle à sa belle-soeur. Je t'ai apporté un magazine où on parle de
ta préférée. Il y a trois pages pleines de photos d'elle.
     
    — De la reine?
     
    — En plein ça.
     
    — Mon Dieu que
t'es fine d'avoir pensé à moi, s'exclama Laurette, heureuse de l'attention de
sa belle-soeur.
     
    Depuis son
couronnement au mois de février précédent, Laurette éprouvait une admiration
sans borne pour la nouvelle reine d'Angleterre. Elle collectionnait toutes les
photos de celle qu'elle considérait comme l'une des plus belles femmes au
monde. En fait, elle était fascinée par tout ce qui concernait la vie du jeune
couple royal.
     
    286 LA VOITURE
D'ARMAND
     
    — Qu'est-ce que
vous pensez de l'idée d'Armand de s'acheter un char? demanda Pauline.
     
    — Si ça lui fait
plaisir, avança Gérard en faisant bien attention de ne pas critiquer son
beau-frère.
     
    — T'as raison,
Gérard. C'est ben juste pour le plaisir parce qu'on n'a pas besoin d'en avoir
un. J'espère juste une affaire, c'est qu'il arrête d'en parler. Depuis une
semaine, on parle juste de ça dans la maison. Il est en train de me rendre
folle! Au moment où Laurette allait ajouter quelque chose, la sonnette se fît
entendre. Carole, installée dans sa chambre avec ses deux cousines, sortit en
trombe de la pièce pour aller répondre. Elle invita son oncle Bernard et sa
tante Marie-Ange à entrer. Cet empressement de la fillette n'était pas dû au
hasard. Elle savait fort bien qu'ils n'avaient pas oublié d'apporter un cadeau
à leur filleule pour Noël. C'était d'ailleurs la seule enfant chez les Morin à
recevoir de son parrain et de sa marraine des cadeaux le jour de son
anniversaire et durant le temps des fêtes.
     
    Laurette et
Gérard s'empressèrent de se lever pour aller accueillir les nouveaux

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