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A l'écoute du temps

A l'écoute du temps

Titel: A l'écoute du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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tout de suite ma valise si ça te fait rien, mon garçon. Où est-ce
que vous allez m'installe.
     
    Laurette?
demanda-t-elle en se tournant vers sa bru.
     
    — On vous a préparé
la chambre en avant, madame Morin, lui précisa Laurette. Elle est pas ben
grande, mais vous allez avoir en masse la place pour mettre vos affaires.
     
    Gérard s'empara
de la valise de sa mère et ouvrit la porte à sa gauche, celle de l'ancienne
chambre de Jean- Louis. Il déposa la valise sur le lit recouvert d'un couvre
346 L'ARRIVÉE DE GRAND-MÈRE lit vert un peu délavé. Sa mère le suivit et jeta
un regard désolé sur la petite pièce encombrée qui ouvrait sur la chambre
voisine.
     
    — Est-ce qu'il y
a quelqu'un qui couche dans l'autre chambre? demanda-t-elle.
     
    — Ben oui, m'man.
D'habitude, c'est la chambre de Richard et de Gilles. On a déménagé là Denise
et Carole pendant que vous allez rester ici.
     
    La grand-mère se
contenta de hocher la tête en signe d'approbation sans faire de commentaire.
Elle se dirigea vers la fenêtre masquée en partie par une toile à demi tirée.
Elle la releva et regarda à l'extérieur avant de se tourner vers la commode
installée dans un coin. Elle passa doucement le bout des doigts sur le dessus
et les regarda, comme pour s'assurer qu'il n'y avait pas de poussière. Ce
dernier geste n'échappa pas à Laurette qui n'avait pas ouvert une seule fois la
bouche depuis que sa belle-mère avait pénétré dans la chambre.
     
    — Bon, on va vous
laisser vous installer, madame Morin, dit-elle, les dents serrées, au moment où
son invitée s'assoyait sur le lit comme pour vérifier la qualité du matelas.
     
    Laurette sortit
de la chambre sans attendre la réponse de la vieille dame et alla directement dans
la cuisine où elle s'alluma fébrilement une cigarette. Gérard la rejoignit
presque aussitôt.
     
    — Dis donc,
bonyeu! Est-ce que ta mère se pense à l'hôtel? demanda-t-elle à mi-voix à son
mari. T'as vu ce qu'elle vient de faire? Elle a passé la main sur la commode
pour voir si c'était propre. Est-ce qu'elle me prend pour une cochonne?
     
    — Ben non! Arrête
donc de t'énerver pour rien, chuchota Gérard. C'est un tic qu'elle a. Elle est
plus tellement jeune et...
     
    347
     
    — Laisse faire,
toi! Jeune ou pas jeune, si elle m'énerve trop, elle va savoir vite ma façon de
penser, ta mère. Ça fait même pas dix minutes qu'elle est dans la maison que
déjà elle me tape sur les nerfs avec ses grands airs. Pas un merci pour tout le
trouble qu'elle nous donne! C'est normal qu'on se tasse pour elle et qu'elle
mette toute la maison à l'envers! Ses airs de duchesse m'impressionnent pas
pantoute, tu sauras.
     
    — Bon. T'as fini,
là? demanda Gérard sur un ton cassant. Prends un peu sur toi! Elle est ici
juste pour un petit bout de temps.
     
    — Cette maudite
manie de me dire «vous» gros comme le bras, comme si j'étais une étrangère.
Elle parle pointu juste pour me faire sentir encore plus épaisse, bonyeu!
     
    — Chut! Tais-toi,
lui ordonna son mari, toujours à voix basse. Elle est pas sourde. Elle va finir
par t'entendre.
     
    La politesse
glacée de sa belle-mère avait toujours mis Laurette mal à l'aise. Sans
l'avouer, la vieille dame lui en imposait. En sa présence, elle se sentait
inférieure et constamment jugée. Naturellement, elle ne pouvait compter sur
l'appui de son mari pour la remettre à sa place quand elle jugeait que la
vieille dame dépassait les bornes. C'était sa mère. Par ailleurs, lorsqu'elle
essayait de lui faire comprendre que tout prouvait que sa mère lui préférait sa
soeur Colombe, Gérard se contentait de lui dire qu'elle «déparlait».
     
    Lucille Morin fit
son entrée dans la cuisine près d'une demi-heure plus tard. Laurette, occupée à
peler les pommes de terre du souper, se fit violence pour se montrer agréable.
     
    — Assoyez-vous
dans ma chaise berçante, madame Morin. Si vous avez le goût de boire une tasse
de thé, il y 348 L'ARRIVÉE DE GRAND-MÈRE en a sur le poêle. Servez-vous. J'ai
aussi de la liqueur dans le frigidaire. Si ça vous tente, gênez-vous pas.
     
    — Merci, Laurette.
Peut-être plus tard.
     
    — Vous avez eu
assez de place pour mettre tout votre linge? demanda Gérard en levant le nez de
son journal.
     
    — Oui. J'ai mis
ma valise vide sous du lit.
     
    Tout en parlant,
Lucille Morin promenait un regard attristé sur la pièce encombrée de chaises,
de deux chaises berçantes, de

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