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A l'écoute du temps

A l'écoute du temps

Titel: A l'écoute du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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est
soûl comme un cochon! s'exclama la grand-mère, outrée.
     
    Laurette
s'approcha de son fils et le regarda sous le nez en reniflant.
     
    — Mais c'est
pourtant vrai. Tu sens la tonne à plein nez î T'as bu, toi! T'as même de la
misère à te tenir sur tes jambes.
     
    372 UN SÉJOUR
HOULEUX
     
    — J'ai bu
juste... juste un peu, avoua Jean-Louis d'une voix hésitante.
     
    — Il a failli me
faire mourir d'une crise cardiaque! se plaignit Lucille Morin, assise
maintenant sur le bord de son lit. C'est pas des peurs à faire à une femme de
mon âge, ajouta-t-elle. Brrr! on gèle ici dedans, ajouta-t-elle en tirant sur
elle une couverture.
     
    — Bon. Il est
tard, déclara Gérard. On a dû réveiller toute la rue. Ça me surprendrait pas
pantoute que quelqu'un ait appelé la police.
     
    — Il manquerait
plus que ça, dit sa femme.
     
    — Toi, marche te
coucher, dit le père en se tournant vers son fils. On en reparlera demain
matin.
     
     
     
    — C'est ça. On va
tous se recoucher, reprit Laurette, en réprimant difficilement un frisson.
     
    Jean-Louis sortit
de la chambre en titubant légèrement, suivi par un Richard goguenard.
     
    — Envoyé,
l'ivrogne! le houspilla-t-il à mi-voix. Avance! Et essaye de pas te casser la
gueule sur mon lit en passant.
     
    — Toi, le
comique, ferme-la et couche-toi, lui ordonna sèchement Laurette.
     
    — J'ai mal au
coeur, se plaignit Jean-Louis en longeant le couloir, sa mère sur ses talons.
     
    Cette dernière
alluma le plafonnier de la cuisine pendant que Gérard ajoutait un peu de
charbon dans la fournaise.
     
    — Je t'avertis
tout de suite, dit la mère de famille au moment où son fils entrait dans sa
chambre à coucher. Si t'es malade, tu nettoieras toi-même tes dégâts.
     
    — C'est le fun
encore, dit Gilles. C'est moi qui suis poigne pour dormir avec lui.
     
    — T'as juste à
lui taper sur la tête avec un livre, lui suggéra son jeune frère qui venait de
réintégrer son lit dans le couloir. Ça a l'air d'être une bonne façon de 373
lui faire comprendre quelque chose d'après ce qu'on vient de voir.
     
    — Toi, couche-toi
et dors, lui répéta sa mère, parce que c'est sur ta tête que, moi, je vais
taper.
     
    Sur ces paroles,
elle éteignit la lumière et regagna sa chambre.
     
    Le lendemain
matin, Laurette dut aller réveiller son fils pour qu'il aille travailler. La
grand-mère était déjà attablée, en train de boire sa première tasse de café de
la journée. Elle jeta un regard sans aménité à celui qui lui avait fait une
telle peur la nuit précédente. Le jeune homme avait l'air si mal en point
qu'elle fit un effort louable pour se retenir de lui faire le sermon qu'elle
avait préparé à son intention.
     
    Jean-Louis se
laissa tomber sur une chaise et ferma à demi les yeux.
     
    — C'est écoeurant
ce que j'ai mal à la tête, dit-il à sa mère en se frottant le cuir chevelu.
     
    Laurette venait à
peine de déposer une tasse de café devant lui qu'elle vit son mari entrer à son
tour dans la cuisine, les bretelles battant sur ses cuisses. Ce lever matinal,
un samedi matin, aurait dû faire comprendre au jeune homme que son père avait
des choses à lui dire. Gérard s'assit au bout de la table, l'air de mauvaise
humeur. Il fit signe à sa femme de lui servir une tasse de café à lui aussi.
     
    — Puis, est-ce
qu'on peut savoir ce qui s'est passé hier soir? demanda-t-il à son fils sur un
ton sec.
     
    — Rien, p'pa.
     
    — Comment ça,
rien? Toute la maison s'est fait réveiller passé minuit par les cris de ta
grand-mère et de tes soeurs parce que t'étais entré dans la chambre de ta
grand-mère et que t'essayais de coucher dans son lit.
     
    T'appelles ça
rien, toi? 374 UN SÉJOUR HOULEUX
     
    — Je me souviens
pas de ça pantoute, répondit Jean- Louis en esquissant une grimace.
     
    — T'avais l'air
paqueté comme un oeuf, ajouta sa mère.
     
    — Pourtant, j'ai
pas bu tant que ça. En tout cas, je m'en souviens pas. On a l'été les deux gars
qui prenaient leur retraite, puis...
     
    — Comment t'as
fait pour t'en revenir à cette heure-là si t'avais pas les idées plus claires
que ça? l'interrompit sa mère. Il neigeait à plein temps.
     
    — Je suis pas
sûr, mais il me semble que des gars m'ont ramené jusqu'à la porte en char.
Maudit que j'ai mal à la tête! J'ai le dedans de la bouche comme du papier
mâché.
     
    — Attends. Je
vais te donner des pilules, dit Laurette en se

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