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A l'écoute du temps

A l'écoute du temps

Titel: A l'écoute du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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Elle pencha la tête
et regarda par-dessus ses lunettes. Elle se figea.
     
    — Laurette!
Regardez sous la table, dit-elle à mi-voix.
     
    Il y a quelque
chose de brun. On dirait un...
     
    Sa bru leva la
tête de son ouvrage et regarda dans la direction indiquée. Le sang sembla
brusquement se retirer de son visage quand elle aperçut l'énorme rat, debout
sur ses pattes arrière, qui semblait la dévisager.
     
    — Ah ben, bâtard!
s'exclama-t-elle en se levant précipitamment.
     
    Il manquait plus
que ça! On est deux et ça a même pas l'air de l'énerver.
     
    — Faites
attention, ma fille. Ça peut être dangereux ces bêtes-là, la mit en garde sa
belle-mère qui avait ramené instinctivement ses jambes sous elle.
     
    Laurette se
dirigea vers le placard en ne quittant pas des yeux le rat, pas du tout
impressionné. Elle ouvrit la porte et s'empara de son balai. Mais comment
frapper l'animal toujours blotti sous la table? Par où était-il entré dans la
cuisine? Toutes les portes étaient fermées.
     
    — Ma maudite
vermine, tu vas sortir d'ici! s'écria-t-elle en fourrageant sous la table avec
son balai tout en se tenant le plus loin possible de la bête au cas où elle
l'aurait attaquée.
     
    En posant ce
simple geste, Laurette faisait preuve d'un rare courage. Elle avait une peur
viscérale des rats. Elle les craignait tellement qu'elle n'avait jamais osé
descendre dans la cave et elle évitait, le plus possible, d'aller dans le
hangar. Ces deux endroits étaient les repaires préférés de ces rongeurs qui
pullulaient dans le voisinage. La proximité du port et la vétusté des
habitations du quartier semblaient les attirer. On leur faisait, à juste titre,
la réputation d'être féroces et dangereux. Ils étaient si gros que même les
chats les plus braves refusaient de leur donner la chasse.
     
    378 UN SÉJOUR
HOULEUX
     
    — Attention! cria
Lucille en lâchant son tricot et en se réfugiant derrière sa chaise berçante.
Il s'en va.
     
    En effet, la bête
venait de filer en direction du couloir et Laurette n'eut pas la témérité de la
poursuivre avec son balai. Tremblante, elle tenait son balai à deux mains,
cherchant à retrouver le souffle qui lui manquait tant l'émotion était forte.
Sa belle-mère s'avança prudemment jusqu'à l'entrée du couloir pour essayer de
voir où avait filé le rat, mais elle ne vit rien.
     
    — Il est parti,
dit-elle en se laissant tomber sur une chaise.
     
    — Je le sais ben,
madame Morin, fit sa bru en s'avançant à son tour. Mais il y a pas moyen
pantoute de savoir où il est allé se cacher. Les portes des trois chambres sont
ouvertes.
     
    — Moi, je vous
avertis, Laurette, reprit Lucille, la voix un peu chevrotante. Il est pas
question que j'entre dans ma chambre tant qu'on l'aura pas trouvé.
     
    — Moi non plus,
déclara sa bru. Et je me sens pas capable de le chercher toute seule. J'ai trop
peur.
     
    — Le mieux est
d'attendre Gérard, affirma sagement la vieille dame.
     
    — Il arrive juste
à cinq heures et demie, lui fit remarquer sa bru. Mais les garçons vont être là
dans pas longtemps. On va leur demander de le trouver. Il peut pas être ben
loin.
     
    Moins de dix
minutes plus tard, Carole rentra de l'école. Quand sa mère lui eut appris la
présence du rat dans l'appartement, elle refusa carrément de mettre les pieds
dans sa chambre à coucher. L'adolescente était si énervée qu'elle fut incapable
d'ouvrir son sac d'école pour commencer ses devoirs. Gilles et Richard ne
revinrent à la maison qu'à quatre heures trente. Mis au courant par leur mère,
ils s'armèrent chacun d'un bout de planche trouvé 379 dans le hangar, tout
heureux de prouver aux femmes de la maison qu'ils n'avaient pas peur.
     
    — Avant de
chercher dans une chambre, fermez ben la porte, leur recommanda leur mère et
regardez partout.
     
    — C'est correct,
m'man, dit Gilles. On va commencer par votre chambre.
     
    Les deux frères
pénétrèrent dans la chambre de leurs parents après avoir allumé le plafonnier.
Ils refermèrent la porte derrière eux. Ils commencèrent par secouer les
couvertures sur le lit et regardèrent sous tous les meubles et derrière les
rideaux. Richard découvrit ainsi où sa mère dissimulait sa boîte de cigarettes
et, sans aucune honte, il en préleva quatre ou cinq.
     
    — Qu'est-ce que
tu fais là? lui demanda Gilles.
     
    — Je prends mon
salaire, répondit son frère.
     
     
     
    — Si elle s'en
aperçoit,

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