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A l'écoute du temps

A l'écoute du temps

Titel: A l'écoute du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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une peur telle que rien n'avait pu l'effacer au
cours des armées. Elle se promit de surveiller de près Gérard, ne serait-ce que
pour se rassurer.
     
    Le soir même,
elle ne remarqua rien. Pendant que son mari lisait son journal après le souper,
elle supervisa les devoirs et les leçons de ses enfants et vit à ce qu'ils se
mettent au lit à l'heure habituelle. A neuf heures pile, Serge Dubuc téléphona
à Denise, comme il le faisait maintenant deux fois par semaine, et Jean-Louis
se retira dans sa chambre avec deux X-13 prêtés par son ami Jacques Cormier,
qui n'était jamais revenu chez les Morin.
     
     
     
    — Je pense ben
qu'on va pouvoir diminuer un peu le charbon qu'on met dans la fournaise le soir
avant de nous 503 coucher, déclara Laurette en s'installant debout près de la
table pour plier des vêtements qui avaient séché à l'extérieur durant la
journée.
     
    — Oui, mais pas
trop. On n'est pas encore en été, expliqua Gérard qui venait de syntoniser une
émission radiophonique dans laquelle Robert L'Herbier et son épouse, Rolande
Desormeaux, chantaient des ballades.
     
    Sa femme lui
lança un regard aigu, mais ne dit rien.
     
    Quelques minutes
plus tard, Gérard commença à tousser et il tira un mouchoir de l'une des poches
de son pantalon pour s'essuyer la bouche. Laurette crut discerner une tache
rouge et elle suspendit le geste qu'elle s'apprêtait à faire.
     
    — Montre-moi donc
ton mouchoir, demanda-t-elle à son mari.
     
    — Pourquoi?
     
    — Je veux le
voir.
     
    — Il est sale,
mon mouchoir.
     
    — Je le sais,
mais je veux le voir pareil, s'entêta sa femme en s'approchant de lui.
     
    À contrecoeur,
Gérard lui montra rapidement son mouchoir qu'il serrait en boule au creux de sa
main. Avant qu'il ait pu l'enfouir à nouveau au fond de sa poche, sa femme s'en
empara et le défroissa un peu. Il y avait une tache de sang. À la vue de ce
sang, elle pâlit brusquement et sentit ses jambes faiblir. Elle dut même se
retenir un peu à la table.
     
     
     
    — Mais c'est du
sang, ça! s'exclama-t-elle à mi-voix.
     
    Depuis quand tu
saignes quand tu tousses?
     
    — Comment tu veux
que je le sache? dit Gérard en prenant un faux ton désinvolte.
     
    — Mais c'est pas
normal, ça! C'est pas normal pantoute, Gérard Morin! lui dit sa femme en
élevant la voix.
     
    — Commence pas à
t'énerver et à m'énerver pour rien, rétorqua son mari sur le même ton.
     
    5°4 UN MALHEUR
     
    — Je poigne pas
les nerfs pour rien, mais j'attendrai pas que tu sois mort pour aller voir le
docteur avec toi.
     
    — Tiens! Tu
trouves qu'on n'a pas assez de misère à arriver comme ça! Tu veux garrocher
notre argent au docteur qui va me faire acheter toutes sortes de maudits
remèdes pour rien. C'est juste ma grippe, plaida son mari.
     
    Elle achève.
     
    — Laisse faire ta
grippe. Ça fait deux mois que tu la traînes et c'est pas normal pantoute. Ouvre
les yeux, bonyeu! ajouta-t-elle en s'emportant. Tu vois pas que t'arrêtes pas
de maigrir et que tu fais des poussées de fièvre presque tous les jours. Ça
fait un mois que je te dis d'aller voir le docteur Miron.
     
    — Achale-moi pas
avec ça! dit sèchement Gérard, à bout de patience.
     
    — Bout de viarge!
As-tu si peur que ça?
     
    — Ben non,
répondit son mari d'une voix soudainement très lasse.
     
    — C'est correct.
Je l'appelle demain matin et je te prends un rendez-vous. Si t'as rien, il va
te le dire.
     
    — Fais donc à ta
tête, dit Gérard en abandonnant la lutte.
     
    Laurette le
regarda. Gérard avait le front moite et une rougeur était soudainement apparue
sur ses joues. De toute évidence, il était encore victime d'une poussée de
fièvre.
     
    Le lendemain
matin, Laurette téléphona dès neuf heures au bureau du docteur Albert Miron,
rue Papineau.
     
    La secrétaire du
médecin lui fixa un rendez-vous pour sept heures trente, le soir même.
     
    Ce soir-là, le
souper était déjà prêt quand Gérard rentra à la maison.
     
    5°5
     
    — J'ai fait le
souper de bonne heure, lui annonça sa femme parce que ton rendez-vous est à
sept heures et demie. Approche, je vais te servir tout de suite.
     
    — Ça me tente pas
pantoute d'aller traîner là, déclara Gérard avec mauvaise humeur en s'assoyant
au bout de la table. J'ai ma journée dans le corps et...
     
    — Aie! J'ai pas
pris ce rendez-vous-là pour rien, protesta Laurette. On va y aller ensemble, à
part ça.
     
    — Je suis pas

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