Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
A l'écoute du temps

A l'écoute du temps

Titel: A l'écoute du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
Vom Netzwerk:
raccrocha.
     
    — Mon boss a pas
l'air content pantoute, dit-il à Laurette.
     
    — Que le diable
l'emporte, se contenta de dire cette dernière. C'est pas lui qui est malade. Il
peut tout de même pas dire que t'exagères. Ça fait une éternité que t'as pas
manqué une journée d'ouvrage.
     
    Après que tous
les enfants eurent quitté le nid, Gérard consulta le bottin téléphonique pour
connaître l'adresse exacte de l'Institut Bruchési avant d'aller faire sa
toilette.
     
    Quand sa femme se
rendit compte qu'il avait déjà endossé son manteau et s'apprêtait à sortir,
elle lui demanda:
     
    — Veux-tu que j'y
aille avec toi?
     
    — C'est pas
nécessaire, répondit-il d'une voix légèrement agacée. Je serai pas longtemps
parti.
     
    Elle aurait
préféré l'accompagner, ne serait-ce que pour s'assurer qu'il se rendait bien à
l'institut mais elle voyait bien que Gérard n'était pas d'humeur à supporter
quelqu'un à ses côtés ce matin-là.
     
    Un soleil radieux
accueillit Gérard Morin quand il posa les pieds à l'extérieur. Il faisait doux
et un petit vent d'ouest répandait dans le quartier des odeurs en provenance de
la compagnie Molson mêlées à celles de la Dominion 511 Rubber. Au coin de la
rue Archambault, devant la porte de l'épicerie Brodeur, un enfant faisait une
crise à sa mère parce qu'elle avait refusé de lui acheter une friandise.
     
    Gérard releva le
col de son manteau et se dirigea vers la rue Sainte-Catherine pour prendre le
tramway.
     
    Quand il arriva
devant l'Institut Bruchési, coin Rachel et Parthenais, il était presque dix
heures. Gérard s'empressa de s'allumer une cigarette et la fuma, debout sur le
trottoir. Après avoir écrasé son mégot du bout du pied, il hésita longuement
avant de se décider à pousser la porte où était inscrit le mot Dispensaire.
     
    L'endroit sentait
un peu l'éther et il dut s'arrêter un bref moment pour permettre à sa vue de
s'habituer au changement brusque de luminosité. Il finit par distinguer une
douzaine de personnes assises qui attendaient. Il se présenta à l'infirmière
installée derrière un vieux bureau en bois et lui tendit le mot écrit la veille
par le docteur Miron.
     
    — Vous pouvez
vous asseoir, monsieur, lui dit-elle avec un mince sourire. Je vous appellerai
quand ce sera votre tour.
     
    Gérard alla
prendre place sur une chaise libre et son attente commença. Une trentaine de
minutes plus tard, on l'appela. Une infirmière le fit entrer dans une pièce et
lui demanda de dénuder son torse. Un radiologiste prit des radiographies de ses
poumons. Ensuite, on l'invita à se rhabiller et à retourner attendre les
résultats dans la salle voisine.
     
    Au moment où il
commençait à s'impatienter, une infirmière l'appela et le conduisit dans une
petite pièce où un homme d'âge mûr à l'épaisse chevelure grise et vêtu d'une
blouse était occupé à écrire, assis derrière un bureau.
     
    — Monsieur Morin?
demanda-t-il en levant la tête.
     
    512 UN MALHEUR
     
    — Oui, monsieur.
     
    — Paul-André
Laramée, se présenta l'homme en retirant ses épaisses lunettes à monture de
corne. Assoyez-vous, monsieur. J'ai ici les résultats de vos radiographies et
je dois vous dire qu'elles ne sont pas très encourageantes.
     
    Le visage de
Gérard pâlit en entendant ces paroles.
     
    Il se laissa
tomber sur l'une des deux chaises disposées devant le bureau du médecin.
     
    — Je pense que vous
êtes assez vieux pour entendre la vérité sur votre état de santé sans qu'on
prenne des détours, commença le spécialiste.
     
    — Oui, docteur,
dit le malade d'une voix mal assurée.
     
    — Bon, j'irai pas
par quatre chemins. Monsieur Morins, vous souffrez de tuberculose.
     
     
     
    — Moi? demanda
Gérard, horrifié.
     
    — Oui, vous. Vos
deux poumons sont sérieusement attaqués. De plus, si je me fie à ce que m'écrit
mon confrère Miron, vous présentez tous les symptômes de la tuberculose
infectieuse. Toux grasse, perte de poids et suées abondantes. Je suis certain
que vous mangez avec de moins en moins d'appétit et que vous crachez parfois du
sang. Est-ce que je me trompe?
     
    — Ben...
     
    — Oui ou non,
monsieur Morin.
     
    — Ça m'arrive.
     
    — Je vois que
vous avez un paquet de cigarettes.
     
    Fumez-vous?
     
    — Pas beaucoup,
admit Gérard.
     
    — C'est fini,
cette affaire-là. Vous pouvez plus fumer, et ça, sous aucun prétexte, vous
m'entendez?
     
    — Oui,

Weitere Kostenlose Bücher