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A l'écoute du temps

A l'écoute du temps

Titel: A l'écoute du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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laissa
bercer par les répons en latin chantés d'une voix forte par le prêtre.
     
    — Regarde!
chuchota Richard, en poussant son frère du coude pour attirer son attention.
     
    — Quoi?
     
    — La Frappier est
en arrière, de l'autre côté de l'allée.
     
    Elle arrête pas
de te regarder depuis le commencement de la messe, dit-il à son frère en
tournant la tête vers l'arrière.
     
    — Hein? 99
     
    — Regarde.
     
    Le coeur de
l'adolescent se mit à battre à coups redoublés et il rougit. Gêné, il hésita un
bon moment à se tourner pour adresser un sourire timide à celle qui le
reluquait, selon son frère. À l'instant où il se décidait à le faire, il sentit
son frère sursauter à ses côtés.
     
    — Ayoye! se
plaignit ce dernier en se tenant le bras droit.
     
    Il avait attiré
l'attention de sa mère avec ses chuchotements et elle venait de lui pincer le
bras pour le rappeler à l'ordre.
     
    — Ferme ta boîte
et suis la messe! lui ordonna-t-elle, les dents serrées.
     
    — J'ai mal au
coeur, mentit le garçon. Est-ce que je peux sortir?
     
    — Tu peux pas
avoir mal au coeur; t'as rien mangé à matin, répliqua sèchement sa mère. Si tu
sors, tu vas passer l'après-midi dans ta chambre. Ça va te guérir, je t'en
passe un papier.
     
    Le visage de
Richard se renfrogna, mais il se le tint pour dit. Il fit en sorte de ne pas
attirer l'attention de sa mère durant le reste de la cérémonie religieuse. A la
sortie de l'église, il s'empressa cependant de s'enquérir auprès de son frère
s'il avait bien vu que Nicole Frappier n'arrêtait pas de le regarder.
     
    — T'es malade,
toi! répliqua Gilles avec humeur. Je l'ai checkée tout le long de la messe,
elle m'a pas regardé une fois.
     
    À dire vrai, l'adolescent
avait trouvé le moyen de regarder brièvement la jeune fille blonde à deux ou
trois reprises durant la messe, prêt à lui sourire au moindre encouragement de
sa part, mais cette dernière l'avait ignoré superbement, comme d'habitude. Il
n'aurait plus manqué que son frère aille raconter aux autres membres ioo UN
DIMANCHE COMME LES AUTRES de la famille qu'une fille le trouvait à son goût et
lui faisait de l'oeil quand c'était faux.
     
    Après la messe,
la famille Morin revint rapidement à la maison. Dès son arrivée à
l'appartement, Laurette décida de servir le dîner tôt parce que tous les siens
disaient mourir de faim. Elle servit le bouilli de légumes qu'elle avait mis au
feu au début de l'avant-midi. Toujours décidée à perdre du poids, la cuisinière
bouda le dessert et le remplaça par une tasse de thé.
     
    Après le repas,
la routine du dimanche après-midi s'installa.
     
    — Essayez de pas
faire trop de bruit, demanda Gérard avant de se retirer dans sa chambre pour
faire sa longue sieste dominicale.
     
    Denise alla
s'installer sur le balcon arrière pour entreprendre la lecture du Delly que sa
collègue, Lise Paquette, lui avait prêté quelques jours auparavant. Elle fut
rejointe par Gilles avec un Spirou emprunté à la bibliothèque municipale. Au
moment où Jean-Louis partait pour aller écouter la fanfare du parc Lafontaine,
Carole sortit de la maison à son tour pour aller jouer dans la cour des
Bélanger avec Mireille avec qui elle avait déjà fait la paix.
     
    Par ailleurs,
personne ne s'inquiéta de savoir où Richard était passé.
     
    Quand tous eurent
quitté la cuisine, Laurette prit le journal de la veille et l'étendit sur la
table. Elle répandit dessus le contenu d'une boîte de tabac Sweet Caporal pour
le faire sécher quelque peu. Armée du tube métallique avec lequel elle
confectionnait ses cigarettes, elle entreprit de faire les deux cents
cigarettes représentant sa consommation hebdomadaire. Après avoir coupé le
surplus de tabac à chacune des extrémités de chaque cigarette, elle plaçait
cette dernière avec soin dans la boîte métallique.
     
    Il lui fallut
près de deux heures pour venir à bout de cette tâche fastidieuse. Au milieu de
l'après-midi, elle rangea tout, se versa un grand verre de cola et sortit sa
vieille chaise berçante sur le trottoir pour profiter enfin de la belle
température.
     
    Laurette n'était
pas la seule habitante du quartier à souhaiter profiter de ce beau dimanche
après-midi ensoleillé. Les voisins d'en face, à l'étage, avaient également
envahi leur long balcon commun. Des enfants se poursuivaient sur les trottoirs
de la rue Archambault en criant. Trois hommes, debout

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