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A l'écoute du temps

A l'écoute du temps

Titel: A l'écoute du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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sévère.
     
    — Oui, mais là,
si je continue à vous parler, je me sers pas de mon bicycle. Je paie pour rien.
     
    — Ah! disparais,
maudite tête à claques! fit sa mère en lui faisant signe de déguerpir.
     
    104 UN DIMANCHE
COMME LES AUTRES Le garçon ne se fit pas répéter l'invitation. Il partit en
poussant un cri triomphal.
     
    — Je sais pas ce
qu'on va faire avec celui-là, dit Laurette en le voyant disparaître sur la rue
Archambault.
     
    Elle se rassit et
jeta un coup d'oeil vers son mari.
     
    — Naturellement,
toi, tu dis rien, lui reprocha-t-elle.
     
    — Il y a rien à
dire, dit Gérard avec mauvaise humeur.
     
    Simonac! t'es pas
obligée d'attirer l'attention des voisins chaque fois que tu mets les pieds
dehors.
     
    Son mari se leva,
s'empara de son coussin et rentra dans la maison. En s'étirant le cou, Laurette
le vit traverser l'appartement et pousser la porte moustiquaire de la cuisine
pour s'installer sur le balcon à l'arrière de la maison.
     
    Elle se borna à
hocher la tête et entreprit de parler à Emma Gravel qui venait d'apparaître à
sa fenêtre, à l'étage.
     
    Après le souper,
Gérard proposa à sa femme d'aller passer la soirée chez son frère Bernard
habitant toujours le même appartement de la rue Logan. Leur dernière visite
datait déjà de quelques semaines.
     
    — Une petite
marche nous ferait du bien, ajouta-t-il pour la persuader.
     
    — Ce qui va
surtout me faire du bien, c'est d'avoir quelqu'un à qui parler, rétorqua
Laurette.
     
    Son mari fit
comme s'il n'avait pas compris l'allusion.
     
    — Je pense que tu
m'as pas parlé deux minutes durant toute la fin de semaine, précisa-t-elle,
vindicative.
     
    — Qu'est-ce que
tu veux que je te dise? On vit ensemble depuis vingt ans, cybole! Il me semble
que ce qu'on avait à se dire, on se l'est déjà dit.
     
    — C'est pas une
raison! déclara-t-elle, péremptoire. Je suis pas un chien ni une servante ici
dedans et...
     
    — Bon. OK. Monte
pas sur tes grands chevaux! De quoi tu veux qu'on se parle? demanda Gérard en
montrant de la bonne volonté.
     
    IO5
     
    — De n'importe
quoi.
     
    — C'est correct.
Puis? Est-ce qu'on y va ou on y va pas chez ton frère? Si on y va pas, je
retourne m'asseoir sur le balcon, en arrière.
     
    — On va y aller,
mais je t'avertis que si Marie-Ange commence à me parler de ses maudites
maladies, on va décoller de bonne heure. Je me tanne vite de l'entendre se
plaindre.
     
    — De toute façon,
on reviendra pas tard, tint à préciser son mari. Je me lève de bonne heure
demain matin.
     
    Laurette aimait
bien son frère Bernard, employé de la Dominion Textile depuis près de
vingt-deux ans. C'était un gros homme, un bon vivant adorant rire et bien
manger.
     
    Elle avait
toujours été étonnée de constater à quel point il s'entendait bien avec sa
femme, Marie-Ange. On ne pouvait pourtant imaginer deux êtres plus différents.
Cette grande femme maigre qui dépassait son mari d'une demi-tête était une
hypocondriaque dont l'unique sujet de conversation était ses maladies, surtout
imaginaires. Laurette avait de la peine à la supporter plus que quelques heures
tant elle la trouvait déprimante. Elle avait accepté la sortie proposée par son
mari, attirée surtout par la perspective de jouer quelques parties de Romain
cinq cents.
     
    La mère de
famille mit un peu de rouge à lèvres, prit un léger lainage et se déclara prête
à partir.
     
    — On te laisse la
maison, dit-elle à Denise qui venait de replonger dans son Delly. Oublie pas
d'envoyer les trois jeunes se coucher à neuf heures et demie. On restera pas
tard chez ton oncle.
     
    Bernard Brûlé et
sa femme habitaient depuis près de dix ans un petit appartement au premier
étage d'une vieille maison en brique de la rue Logan. L'immeuble était tout de
même moins vétusté et mieux entretenu que celui habité par les Morin.
     
    106 UN DIMANCHE
COMME LES AUTRES À son arrivée chez les Brûlé, le couple découvrit qu'il avait
été précédé de peu par Armand Brûlé et son épouse Pauline. Ils avaient eu la
même idée que les Morin. Après le repas du soir, ils avaient laissé leurs deux
filles à leur appartement de la rue d'Iberville pour venir jouer aux cartes
chez Bernard. La présence du second frère de Laurette eut toutefois un effet
bénéfique sur la soirée puisque Marie- Ange n'eut guère l'occasion de parler de
ses maladies. On joua avec enthousiasme au Romain cinq cents

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