A l'écoute du temps
manteau noir.
Durant les
minutes suivantes, chacun des enfants vint embrasser sa mère, lui souhaiter un
bon anniversaire et lui remettre un cadeau. Carole et Denise lui offrirent!45
un pèse-personne. Richard avait rassemblé toutes ses économies pour lui acheter
une brosse à cheveux tandis que Gilles fut tout heureux de lui présenter une
petite trousse de maquillage.
Quand Gérard
apparut dans la cuisine où tous les enfants finissaient de déjeuner, il n'y
avait plus de cadeau à déballer sur la table. Pendant un moment, Laurette fut
persuadée que son mari avait oublié son anniversaire et son visage exprima un
vif dépit.
— Bonne fête,
Laurette, lui dit-il en lui plaquant un baiser sonore sur une joue. Puis, avant
que tu me dises des bêtises et que tu me traites de sans-coeur pour avoir
oublié ta fête, je te donne ça tout de suite, ajouta-t-il en tirant une petite
enveloppe blanche de la poche arrière de son pantalon.
— Qu'est-ce que
c'est? demanda sa femme en ouvrant fébrilement l'enveloppe d'où elle sortit
deux billets.
— Deux places
pour le National, à soir.
— C'est pas vrai!
s'exclama Laurette, tout excitée.
Dis-moi pas qu'on
va aller voir la Poune, Juliette Pétrie et Olivier Guimond?
— En plein ça.
Des gars à l'ouvrage sont allés voir le show la semaine passée. Il paraît que
c'est pas mal bon. Ils m'ont dit que Paul Desmarteaux et Denis Drouin sont au
moins aussi drôles que les autres.
— Ah ben! Ça,
c'est tout un cadeau! fit Laurette qui adorait ce genre de spectacle. Je pense
que ça fait trois ans qu'on n'est pas allés au National.
— Parce que c'est
pas donné, lui fit remarquer son mari.
Pendant que sa
femme lui versait une tasse de café, Gérard mit deux tranches de pain dans le
grille-pain.
Jean-Louis,
Denise et Gilles quittèrent la table en même temps. Tous les trois devaient
aller travailler.
146 PERDRE DU
POIDS Richard suivit son frère Gilles dans leur chambre. En le voyant boutonner
son vieux manteau brun, il ne put cacher son envie.
— T'es chanceux,
toi, d'avoir une job les fins de semaine. Moi, personne veut m'engager.
— T'as juste
treize ans, le raisonna son frère.
— Ouais. Mais
Tougas t'a engagé, même si t'as juste un an de plus que moi. Moi aussi, je suis
capable d'aller porter des commandes.
— Énerve-toi pas.
Tu vas finir par te trouver de l'ouvrage, toi aussi. En attendant, si tu veux
absolument te faire un peu d'argent, va demander de servir la messe au
presbytère, lui conseilla Gilles. Landry, un gars de ma classe, m'a encore dit
cette semaine qu'ils en avaient pas assez.
— C'est pas une
vraie job, fit Richard, méprisant.
— Peut-être, mais
ça peut te donner pas mal d'argent, surtout quand tu sers les mariages et les
enterrements.
— A ta place, je
sauterais sur l'occasion, intervint Jean-Louis venu chercher son Stetson déposé
sur sa commode.
Comme ça, tu
pourrais avoir assez d'argent pour donner des cadeaux qui ont de l'allure,
ajouta l'aîné, railleur.
— Aie, le grand
niaiseux ï protesta l'adolescent, insulté.
Tu sauras que la
brosse à cheveux que j'ai donnée à m'man m'a peut-être coûté plus cher que le
foulard que t'as dû avoir à moitié prix chez Dupuis parce que tu travailles là.
On te connaît.
Gratteux comme t'es, t'as pas dû dépenser ben gros...
Jean-Louis se
borna à lui adresser une grimace, content de l'avoir fait sortir de ses gonds.
— Lui, je l'haïs,
dit Richard en grinçant des dents.
— Il fait exprès
pour te faire enrager, lui expliqua Gilles.
H7 Dans la
cuisine, Laurette venait de finir de boire sa seconde tasse de café et semblait
hésitante sur la conduite à tenir.
— Je pense que je
sortirai pas aujourd'hui, dit-elle à Gérard.
— Pourquoi?
— Ben. C'est ma
fête. Vous m'avez tous donné des cadeaux. Je suis pas pour vous laisser tout
seuls toute la journée.
— Justement, fit
son mari. Profite de ta journée de fête pour te gâter un peu. Il mouille pas.
Va magasiner.
Change-toi les
idées. De toute façon, on va travailler ici dedans. Richard va m'aider à ôter
les jalousies et à installer les châssis doubles.
— Il va aussi
falloir que tu nettoies les tuyaux du poêle et de la fournaise.
— Ben oui, comme
tous les automnes.
— Dans ce cas-là,
je suis peut-être mieux de
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