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A l'écoute du temps

A l'écoute du temps

Titel: A l'écoute du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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lui
adressant son sourire le plus charmeur.
     
    Lorsqu'elle
l'aperçut, elle lui adressa un petit signe de reconnaissance qui bouleversa
l'amoureux transi et lui fit rougir les oreilles.
     
    À son grand
étonnement et pour son plus grand plaisir, Monique sembla trouver tout à fait
naturel qu'il propose de la raccompagner presque jusque chez elle.
     
    — Comment ça se
fait que je t'ai pas vue à midi? lui demanda-t-il, curieux.
     
    168 LES PREMIERS
ÉMOIS
     
    — C'est parce que
ma mère paye une demi-pension aux soeurs, répondit Monique. Je dîne avec les
pensionnaires et, comme ça, j'ai pas à marcher jusqu'à chez nous.
     
    — C'est de
valeur, avoua Richard. Si t'allais dîner chez vous, on pourrait se voir le
midi.
     
    La jeune fille ne
trouva rien à dire.
     
    Ils ralentirent
le pas malgré la petite bruine qui tombait. Même si le jeune couple n'avait
qu'un court trajet à parcourir, Monique trouva le temps de lui parler de son
institutrice et de certaines de ses copines de classe. Elle était enfant
unique. Elle lui montra même la fenêtre de sa chambre qui s'ouvrait sur la rue
Fullum. Elle sembla favorablement impressionnée quand il lui apprit qu'il s'en
allait au presbytère pour apprendre à servir la messe.
     
    Pour sa part,
Richard ne l'écoutait que d'une oreille distraite. Il cherchait fébrilement un
prétexte pour lui prendre la main, mais il n'en trouva aucun valable pour poser
ce geste audacieux. Il se trouvait bête de marcher ainsi à ses côtés sans avoir
le courage de la tenir par la main comme il voyait les plus grands le faire
avec leur petite amie.
     
    Quelques pas
avant d'arriver à destination, il détourna les yeux un instant de sa compagne,
juste à temps pour apercevoir Louis Nantel venant vers eux. L'instituteur se
dirigeait d'un pas pressé vers la rue Sainte-Catherine, probablement dans
l'intention de prendre un tramway pour rentrer chez lui. Il adressa au couple
un regard inquisiteur en le croisant, mais ne dit rien.
     
    — Sacrifice! Pas
lui! murmura-t-il à Monique. C'est mon prof.
     
    — On faisait rien
de mal, se défendit la jeune fille.
     
    — Je le sais,
mais il me lâche pas à l'école, lui expliqua Richard. Bah! au fond, ça fait
rien, ajouta-t-il en reprenant son petit air bravache. Pendant que j'y pense,
est-ce que je 169 pourrais aller t'attendre à la porte de la cour de ton école,
demain après-midi?
     
    — J'aimerais bien
ça, admit Monique en rougissant un peu, mais si tu fais ça, les soeurs vont
s'en apercevoir. Elles vont me punir et téléphoner à ma mère.
     
    — Si je
t'attendais devant l'église? C'est juste assez loin pour qu'elles nous voient
pas.
     
    Monique sembla
balancer un bref moment. Elle était tiraillée entre le désir de montrer à ses
compagnes de classe qu'elle s'était fait un ami et la crainte de se faire
prendre par une surveillante. Finalement, l'orgueil l'emporta sur la sagesse et
elle accepta l'offre de son nouvel ami.
     
    Sur ce,
l'adolescente lui souhaita une bonne soirée et le quitta pour rentrer chez
elle. Richard demeura devant la maison voisine jusqu'à ce qu'elle disparaisse
en haut de l'escalier qui conduisait à l'appartement où elle vivait avec ses
parents. Il ne se décida à faire demi-tour que lorsque la porte de palier se
fut refermée sur celle qu'il attendrait sûrement le lendemain après-midi, près
de son école.
     
    D'ici là, il
trouverait bien une excuse pour lui prendre la main.
     
    Chapitre 8 Une
initiative Quand l'abbé Laverdière pénétra dans le salon du presbytère, il y
retrouva l'abbé Dufour. La pièce était sombre avec ses lourdes tentures en
velours rouge vin et ses fauteuils recouverts d'un tissu de la même teinte.
     
    Le jeune vicaire
de vingt-neuf ans était occupé à lire son bréviaire en attendant apparemment
l'heure du souper. Au moment où l'aîné des vicaires de la paroisse allait
s'asseoir dans l'un des fauteuils, il entendit des pas au-dessus de sa tête et
s'arrêta.
     
    — Ne me dis pas
qu'il est déjà revenu? demanda-t-il à son jeune confrère en pointant un doigt
vers le plafond.
     
    — Il vient
d'arriver, répondit succinctement Yvon Dufour, à voix basse, sans manifester
grand enthousiasme.
     
    — Lui as-tu
parlé?
     
    — Je l'ai salué.
Mais tu le connais... C'est la même chose chaque fois qu'il revient de sa
retraite annuelle. Il était de mauvaise humeur.
     
    René Laverdière
souleva les épaules de façon désinvolte et s'assit

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