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A l'écoute du temps

A l'écoute du temps

Titel: A l'écoute du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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le sarcasme.
     
    163
     
    — Je crois que
MONSIEUR Morin a entendu la cloche, annonça-t-il aux élèves avec un sourire
crispé en insistant lourdement sur le monsieur. Nous allons donc nous arrêter
là pour aujourd'hui. Rangez vos affaires et allez vous habiller. Pendant ce
temps-là, MONSIEUR le pressé va effacer les tableaux et les laver avant d'aller
nettoyer les brosses. Première rangée, allez-y, commanda le gros homme
lorsqu'il se rendit compte que plus aucun cahier ni manuel ne traînaient sur
les pupitres.
     
    Les élèves de la
première rangée se levèrent avec un bel ensemble et se dirigèrent en silence
vers la porte située au fond du local qui permettait d'accéder au vestiaire.
Les écoliers des cinq autres rangées les imitèrent les uns après les autres.
     
    — Commence le
ménage, ordonna sèchement l'instituteur à Richard, demeuré assis à son pupitre.
Organise-toi pour que ce soit bien propre quand je vais revenir.
     
    Sur ces mots,
Louis Nantel ouvrit la porte du local pour vérifier si ses élèves avaient bien
formé deux rangs silencieux dans le couloir, à la sortie du vestiaire. À son
signal, les trente écoliers se mirent en marche en direction de l'escalier où
ils rejoignirent les élèves des autres classes de sixième année qui les avaient
précédés. L'enseignant accompagna son groupe jusqu'à la sortie, au
rez-de-chaussée, comme l'exigeaient les règlements de l'école, avant de remonter
dans son local de classe.
     
    Pendant ce temps,
Richard bouillait de rage de s'être laissé prendre aussi bêtement. Ce retard
bouleversait ses plans et risquait même de lui faire rater un rendez-vous
important. La visite au presbytère n'était pas l'unique raison de son
empressement à quitter l'école Champlain ce lundi après-midi-là. Il avait un
rendez-vous important auquel il n'avait cessé de penser depuis le vendredi
précédent. S'il n'était pas là au moment où elle arriverait 164 LES PREMIERS
ÉMOIS coin Fullum et Sainte-Catherine, Monique ne l'attendrait pas, c'était
certain. À cette seule pensée, le coeur lui faisait mal.
     
    Pour cette
raison, l'adolescent se précipita sur une brosse et se mit à effacer les deux
tableaux couverts de chiffres avec des gestes rageurs avant de se dépêcher
d'aller dans le couloir présenter les brosses couvertes de poussière de craie
au tuyau de l'aspirateur central pour les nettoyer. Ensuite, il mouilla à la
fontaine les deux vieux chiffons déposés en permanence au fond du placard,
situé à l'avant du local. Il lava les tableaux, jeta dans la corbeille à papier
les petits bouts de craie et en essuya les rebords.
     
    Quand Louis
Nantel rentra dans sa classe quelques minutes à peine après avoir libéré ses
élèves, il se trouva en présence d'un Richard Morin déjà vêtu de son coupe-vent
bleu et prêt à partir.
     
    — Eh bien! On
dirait que t'as travaillé vite, dit-il, un peu dépité que la sanction ait pris
si peu de temps.
     
    — Oui, monsieur.
     
    — On peut savoir
ce qui te presse tant que ça?
     
    — Je dois aller
au presbytère pour apprendre à servir la messe, dit Richard, persuadé
d'impressionner ainsi favorablement son instituteur.
     
    — Si c'est comme
ça, arrête de te traîner les pieds et vas-y, fit le gros homme en s'assoyant
sur sa chaise, derrière son bureau.
     
    Richard ne se fit
pas répéter l'invitation.
     
    — Bonsoir,
monsieur, dit-il avant de refermer derrière lui la porte de la classe.
     
    Il dégringola les
marches de l'escalier intérieur qui conduisait à la porte de sortie et courut
jusqu'au coin de la rue pour vérifier de loin si Monique était là. Il ne
l'aperçut pas. Le coeur battant la chamade, il se mit rapidement en marche en
demeurant sur le trottoir du côté ouest de la 165 rue Fullum. Il n'y avait
pratiquement plus d'élèves autour de l'école et la petite pluie qui tombait
depuis le matin n'avait pas cessé.
     
    Le vendredi
précédent, à la fin des classes, il revenait de l'école, soulagé à la pensée
d'être enfin arrivé au congé hebdomadaire. Il rentrait à la maison avec un
unique devoir dont il se débarrasserait le soir même pour profiter pleinement
de sa fin de semaine. Il venait à peine d'allumer la cigarette extorquée à un
copain à l'heure de la récréation quand il avait vu, quelques dizaines de pieds
devant lui, deux élèves de la sixième année Il bousculer une fille d'une
douzaine d'années. Ils lui avaient arraché son

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