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A l'ombre de ma vie

A l'ombre de ma vie

Titel: A l'ombre de ma vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Florence Cassez
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devant des dizaines de
journalistes, de caméras et de photographes. Nicolas Sarkozy semble vouloir
dédramatiser, Felipe Calderón reste ferme et rappelle que je suis condamnée,
donc coupable. Je les entends annoncer la mise en place d’une commission
chargée de travailler sur la question de mon transfert en France. Ce n’était
pas prévu, ça. J’ai l’image, j’essaie d’écouter et de comprendre parce que le
poste est loin, mais j’ai en même temps au téléphone ma mère qui me dit de
faire mes valises parce que je vais être transférée dans une autre prison.
Peut-être pas tout à fait une prison, si je comprends bien…
    — Il existe un autre lieu de détention, ce sont des
appartements, tu seras mieux…
    Je n’ai pourtant jamais entendu parler de ça. Ensuite, on
voit Nicolas Sarkozy et son épouse au lycée français, accompagnés par tous les
chefs d’entreprise ; le président prononce encore un discours, et puis le
voilà au Sénat, devant la prestigieuse assemblée pour ce qui doit sans doute
être le moment le plus solennel de sa visite. C’est comme cela que je le vois,
en tout cas. Il ne parlera sans doute pas de moi ici. Mais le journaliste parle
de l’aplomb du président français, de la surprise des sénateurs mexicains, et laisse
parler les images. Je le vois, à la tribune, le regard brillant :
« Puisqu’on m’a discrètement recommandé de ne pas parler de Florence
Cassez, je vais commencer par vous parler de Florence Cassez… »
    Je n’en reviens pas. Je vois bien que les Mexicains sont
troublés, mais je ne pense pas à ça. Je suis transportée d’excitation et
d’admiration, aussi. Cela me plaît vraiment !
    Après son intervention, j’ai de nouveau Frank Berton au
téléphone. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions, mais il comprend
que cette commission, à laquelle on ne s’attendait pas, c’est pour gagner du
temps. Il me dit aussi que quelqu’un va venir m’expliquer. Il parle légèrement,
je sens que sa voix n’est pas inquiète ou préoccupée comme elle l’est parfois.
Il me dit même :
    — Faites-vous belle, Florence. Le soir, quand on
m’appelle en bas, je vois arriver un jeune gars sorti d’un magazine. La classe,
un sourire charmant, je demande ce qu’il me veut, mais c’est tout bonnement
l’un des conseillers les plus proches de Nicolas Sarkozy. Il s’appelle Damien
Loras et il est porteur d’un message clair : « Nous avons laissé dire
des choses que nous ne pensons pas, Florence, mais c’était mieux ainsi.
N’oubliez pas : nous sommes convaincus de votre innocence. Le reste, c’est
de la stratégie. »
    Il me dit aussi que la commission nous aidera à gagner du
temps, afin que tout cela s’aplanisse. Avant qu’il s’en aille, je sais déjà que
je n’oublierai pas ces belles paroles, que je m’en souviendrai tous les matins
en me réveillant. Surtout ces trois mots qu’il m’a répétés :
« Espoir. Confiance. Courage. » Mais le lendemain matin, je vois bien
que rien ne s’aplanit. Le compte rendu de la visite du Président, dans les
journaux mexicains, revient sur ce qu’il a dit à mon sujet, regrette qu’il n’y
ait pas eu plus d’échanges économiques ou politiques, et s’indigne de ce que la
plupart des journalistes considèrent comme une ingérence dans les affaires
intérieures du pays. On défend la démocratie mexicaine comme rarement, on vante
l’indépendance de la justice, et le plus fort vient sans doute de La Jordana dont le titre de l’éditorial claque en première page : « Honte
nationale ! ».
    On n’a pas fini de devoir gagner du temps…
    La colère mexicaine va durer, c’est évident. Entre les deux
présidents, à l’évidence quelque chose est rompu. Ils ne se font plus confiance
et sont engagés dans une bataille personnelle, aucun des deux ne veut plus
lâcher. Devant l’opinion mexicaine, la presse continue de s’indigner, mais en
France, on rappelle que c’est bien la décision de rendre le jugement en appel
quatre jours avant l’arrivée de Nicolas Sarkozy à Mexico qui a tout déclenché.
Des deux côtés, on parle de provocation. Une fois de plus, je suis perdue, et
j’ai vraiment peur que ma situation ne s’arrange pas. Est-il encore nécessaire
que je signe la reconnaissance de ma culpabilité ? Plus personne ne m’en
parle. Le dernier à me l’avoir demandé est le conseiller du président, mais
depuis je n’ai plus de nouvelles et mes

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