Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
ami ?
    — Parce que c’est toi que je veux.
    — Pourquoi ?
    Elle redressa la tête pour me regarder droit dans les yeux.
    — Parce que tu es un professionnel, et que j’ai peur !
    J’étais un professionnel, elle ne l’oubliait jamais. Il m’arrivait de me dire que c’était bien malheureux.
    — D’accord, le tarif habituel, répondis-je d’une voix douce. Et les mêmes règles qu’auparavant : si je te donne des instructions, tu les suis sans discuter. Et je dois savoir d’abord ce qui t’a effrayée.
    — Des fantômes ! s’exclama Helena.
    Là-dessus, elle marcha vers sa chaise sans jeter un seul regard en arrière, certaine que j’allais la suivre. Il s’agissait d’une chaise à une place. Il me faudrait parcourir les deux lieues qui nous séparaient de la villa en marchant derrière. J’aurais ainsi tout le temps de ruminer ma colère.
    Outre les quatre porteurs, deux jeunes garçons grassouillets brandissaient des torches. Tous me dévisagèrent comme s’ils se doutaient de la raison pour laquelle la dame m’avait demandé de l’accompagner. Alors que nous escaladions la colline, la baie nous apparut plusieurs fois sous des angles magnifiques, et constater leur indifférence me donna envie de grincer des dents.
     
    — Laisse-moi entrer le premier…
    J’étais redevenu son garde du corps. Après l’avoir aidée à descendre de la chaise à porteurs, je l’obligeai à rester près de moi le temps d’examiner attentivement les alentours. Je la conduisis ensuite jusqu’au portique, et franchis le premier le seuil de la Villa Marcella où régnait le plus grand silence. Comme nous étions à la campagne, il n’y avait pas de portier. Il suffisait de pousser les immenses battants qu’aucune barre ne bloquait. Après m’être assuré qu’aucun danger ne la guettait, je la fis entrer.
    — Suis-moi, Falco. Il est vital que nous parlions !
    De petites lampes en poterie brûlaient tout au long des couloirs, à intervalles réguliers. Helena Justina gagna rapidement le premier étage, et s’arrêta devant une épaisse porte de chêne qui ne pouvait être que celle de sa chambre. En posant ma main sur le loquet, je fixai son visage avant de lui déclarer d’un ton solennel :
    — Une bonne atmosphère de travail est essentielle. Je n’aurais pas dû me montrer grossier avec une cliente, ce n’est pas professionnel. Je te présente mes excuses.
    J’ouvris la porte sans attendre de réponse (elle n’émit d’ailleurs aucun commentaire), et l’encourageai à entrer en lui touchant légèrement le bras.
    Une petite entrée pouvait servir à loger un esclave, mais Helena n’était pas du genre à garder des domestiques à son service toute la nuit. Au-delà d’un rideau soigneusement tiré, on devinait que la chambre était éclairée, mais après avoir refermé la porte du couloir, nous nous retrouvâmes dans une obscurité quasi complète.
    — Est-ce que tu y vois assez ? prononçai-je assez stupidement.
    Se retournant pour me répondre, elle se retrouva contre moi dans le noir. Je n’eus guère le temps d’hésiter à faire respectueusement un pas en arrière, la décision se prit toute seule. Ce fut un long baiser qui me permit d’évacuer beaucoup de frustration. Si elle couchait vraiment avec le magistrat, pourquoi l’embrasser ? Sans doute pour lui démontrer qu’elle ne trouverait jamais mieux que l’étreinte virile de son garde du corps…
    Juste au moment où je commençais à me dire que j’avais réussi à la convaincre, une lampe en métal tomba par terre dans sa chambre.

56
    Furieuse, Helena bondit dans la chambre la première. Arrivé sur ses talons, j’eus le temps d’apercevoir une silhouette se faufiler dehors par une porte pliante : torse étroit, jambes minces, cheveux clairs, barbe au menton. Vêtu d’une tunique blanche, il me parut familier. J’aurais pu facilement me saisir de lui et il aurait passé un mauvais moment : sa présence dans la chambre d’Helena m’avait rendu fou de rage. Je le laissai s’échapper, car dès qu’elle eut franchi le seuil de sa chambre, Helena poussa un cri et s’évanouit.
    Je la rattrapai au moment où ses jambes cédaient sous elle, l’empêchant ainsi de se blesser, et l’étendis sur son lit. En m’engageant sur le balcon qui courait tout le long de la façade de la maison, je constatai que toutes les chambres y avaient accès, et que plusieurs escaliers permettaient de gagner le

Weitere Kostenlose Bücher