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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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d’un air entêté.
    Helena savait quand j’étais en colère, surtout contre elle.
    — Didius Falco ! intervint-elle. Nous avons entendu quelque chose d’incroyable. Il faut absolument que je t’en parle. (Un groupe bruyant pénétra dans la pièce.) Pas ici ! ajouta-t-elle en criant pour se faire entendre.
    Je me contentai de hausser les épaules. J’avais envie de partir. Si Crispus avait l’intention d’emmener Æmilia Fausta en bateau, je me retrouvais libre de mes actions.
    Rufus lâcha Helena Justina.
    — Je vais faire avancer ta chaise, dit-il avant de s’éloigner.
    — Je vois que tu as trouvé quelqu’un pour t’apaiser ! persiflai-je.
    Dans la lumière, ses yeux exprimèrent une grande détresse en rencontrant les miens. Ce reproche muet me troubla plus que je n’aurais su le dire.
    Helena partit rapidement sur les traces du magistrat. Je n’eus d’autre choix que de la suivre. Dans l’atrium, Rufus nous annonça qu’il avait donné les ordres nécessaires, puis il se fondit dans un groupe. J’en conclus amèrement que leur liaison devait durer depuis si longtemps qu’elle en était devenue banale. Helena et moi attendîmes dehors. Il y soufflait une agréable brise venue de la mer.
    Nous eûmes tout loisir de contempler la baie de Naples sous les étoiles, en donnant raison à ceux qui prétendent qu’il n’existe pas de plus beau point de vue dans tout l’Empire. Dans cette faible clarté, l’endroit avait l’air particulièrement civilisé. Pour un peu, j’aurais fini par comprendre pourquoi la mer tient une telle place dans la vie de si nombreux quidams.
    Je n’avais rien d’autre à faire que de partager cette nuit magnifique avec la fille à mon côté. Elle s’était un jour montrée tendre envers moi, mais ce soir, elle redevenait la fille d’un sénateur et la maîtresse d’un magistrat. Plus aucun lien ne l’attachait à un minable de mon espèce.
    — Que s’est-il passé avec Crispus ? demanda Helena d’une voix neutre, notre silence commençant à devenir gênant.
    — Je ne suis pas parvenu à le convaincre.
    — Et que va-t-il faire ?
    — Je l’ignore.
    — Possible qu’il l’ignore lui aussi. (Elle s’exprimait calmement, mais en plissant le front d’un air soucieux.) C’est bien lui. Il prend une décision sur un coup de tête, et puis change très vite d’avis. Je me rappelle l’avoir entendu parler avec Pertinax. Après une longue discussion, quand tout le monde s’était mis d’accord pour parier, Crispus finissait par choisir un autre cheval…
    — Et il gagnait ? murmurai-je, en laissant mon regard se perdre vers la mer.
    — Non. C’est bien le plus stupide. Il n’arrêtait pas de perdre de l’argent. Il n’arrivait pas à se mettre dans la tête que Pertinax connaissait les chevaux mieux que personne.
    En dépit de mon humeur massacrante, je commençais à m’intéresser à ce qu’elle racontait.
    — Et ça l’ennuyait de perdre ?
    — Pas du tout. Perdre de l’argent ou perdre la face, il s’en moque !
    — Ce qu’il fait en ce moment a aussi l’air d’un jeu. Il n’est poussé ni par un certain sens de la justice, ni par l’ambition. Gordianus, au moins, faisait preuve de virulence. Il reproche seulement à Vespasien de manquer d’argent. (L’immobilité d’Helena m’aidait à cerner le problème.) Vespasien pourrait le gagner à sa cause. Il a du talent, et mérite un poste important. Mais l’empereur n’a pas choisi la bonne personne pour le convaincre. Crispus me juge aussi important qu’un morceau de peluche sur la queue d’un agneau. Il a raison…
    — Il a tort ! s’écria Helena. Tu peux y arriver. (Elle se retourna soudain et s’appuya contre moi.) Oh ! Marcus, je ne peux plus le supporter. Serre-moi dans tes bras. S’il te plaît. Un tout petit moment.
    Je m’écartai brusquement.
    — Certains hommes sont attirés par les femmes des autres, mais pas moi. Ce soir, de toute façon, je n’en ai pas envie !
    Elle resta droite comme une lance, mais je l’entendis reprendre sa respiration en suffoquant. Je dois dire que je m’étais choqué moi-même.
    Elle allait pouvoir partir. Une chaise aux porteurs vêtus de la livrée de Marcellus venait de s’approcher. Æmilius Rufus avait complètement disparu.
    — Il y a deux choses dont j’ai besoin de te parler, murmura Helena d’une voix tendue. Je te demande de m’accompagner à la villa.
    — Pourquoi pas ton bel

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