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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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de combien, Falco ?
    — On va essayer avec 3 sesterces. Si quelqu’un n’a pas trop soif, ça lui paiera sa boisson du soir…
    Ce qui me rappela que j’aurais bien bu quelque chose.

6
    Inutile de quitter la maison pour aller me rafraîchir. Gnæus Atius Pertinax avait laissé derrière lui tout ce qu’on pouvait désirer boire, et j’y avais libre accès.
    Les biens de Pertinax se trouvaient confisqués par notre soi-disant débonnaire empereur. On avait déjà saisi quelques fermes de faible rapport dans le Bruttium – notamment celle dans laquelle Pertinax avait grandi avec Barnabas. En rechignant, on était en train de restituer quelques possessions qui appartenaient à son père âgé : des immeubles locatifs et deux magnifiques chevaux de course. L’empereur n’avait pas encore pris de décision à propos de deux ou trois bateaux qu’il avait très envie de garder pour l’État. En attendant, il avait accaparé cette résidence avec ses innombrables trésors. Pertinax les avait rassemblés selon les procédés habituels : héritages, transactions fructueuses, cadeaux de ses amis, pots-de-vin d’hommes d’affaires, et aussi gains aux courses, car il s’y connaissait vraiment en chevaux. Trois agents impériaux – dont moi – se consacraient à l’inventaire de sa demeure du Quirinal.
    Bien évidemment, nous avions tiré le meilleur parti de cette besogne fastidieuse. Chaque nuit, nous nous reposions dans de vastes salles de banquets – toujours légèrement parfumées au bois de santal –, sur de grands lits d’ivoire sculpté, garnis de matelas de fine laine peignée. Nous nous efforcions de venir à bout des réserves de vin d’Alban vieux de quinze ans. Sur un trépied supportant un fourneau à charbon, nous réchauffions le vin dans un récipient d’argent, un petit robinet nous permettant de remplir nos coupes du vin épicé à la bonne température. De l’huile parfumée brûlait dans de superbes lampes à pattes de lion, tandis que nous déclarions fermement détester un tel luxe.
    Un artiste talentueux avait décoré de fresques en trompe l’œil la salle à manger d’été de la résidence. Avec notamment une vue spectaculaire d’un jardin qui paraissait s’étendre à l’infini, un chat tigré menaçant de superbes paons parmi les massifs multicolores. J’appréciais aussi particulièrement une représentation impressionnante de la chute de Troie.
    — Le vin de feu notre hôte, déclara Anacrites, est presque aussi goûteux que certaines de ses servantes.
    Anacrites se prétendait secrétaire, mais il s’agissait en fait d’un espion. Plutôt râblé et vif, il affichait une expression mielleuse éclairée d’yeux gris tout à fait inhabituels, surmontés de sourcils pâles au point d’en devenir pratiquement invisibles.
    — Alors bois-le ! s’exclama brutalement Momus.
    Momus, le surveillant d’esclaves typique : cheveux tondus à ras pour décourager la vermine, vaste bedaine, menton crasseux, voix éraillée à force de crier, aussi coriace qu’un vieux clou planté dans une poutre. En l’espèce, son rôle consistait à trier le personnel. Après s’être débarrassé de tous les affranchis avec un petit cadeau censé nous attirer leur gratitude, il sélectionnait les esclaves entassés dans des baraquements, derrière la maison principale. Le sénateur possédait ses propres manucures et friseuses, ses chefs pâtissiers et sauciers, ses esclaves du bain ou de la chambre, ses promeneurs de chiens, ses dresseurs d’oiseaux, un libraire, trois comptables, des joueurs de harpe et des chanteurs… Pour un homme encore jeune, et dépourvu de responsabilité familiale, il avait su splendidement s’entourer.
    — Tu fais des progrès, Falco ? demanda Momus qui venait d’utiliser une coupe en vermeil comme crachoir.
    Je m’arrangeais bien avec Momus. Il était pervers et sale, mais on savait exactement à quoi s’en tenir avec lui.
    — Un humble garçon de l’Aventin en apprend beaucoup en dressant la liste des biens d’un fils de consul, non ?
    Un sourire narquois éclaira le visage d’Anacrites. Des amis m’avaient averti qu’il avait fait sa petite enquête sur moi. Il savait à quel étage de quel taudis branlant j’étais né, il y a trente ans, et si la chambre donnait sur la cour de derrière ou sur la rue.
    — Je me demande bien, grogna Momus, pour quelle raison un homme possédant tout ça a pris le risque de se mettre

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