Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
l’air de regretter ce qu’ils étaient en train de faire.
    En compagnie d’Anacrites, je redescendis le vicus Longus d’un pas très rapide, afin de décourager les maraudeurs en quête d’un mauvais coup. Laissant le Forum à notre droite, nous empruntâmes la Clivus Victoriæ pour pénétrer dans l’enceinte impériale du Palatin. Les appartements officiels étaient encore joyeusement éclairés. Pourtant, si l’empereur ou ses fils avaient organisé un banquet, les agapes devaient être terminées. Notre assommante nouvelle dynastie voulait se donner toutes les apparences de la respectabilité.
    Au Cryptoporticus, le péristyle grandiose conçu par Néron, les prétoriens de garde nous autorisèrent à passer d’un signe de tête, et nous empruntâmes l’escalier sans presque ralentir le pas. En haut, nous rencontrâmes les dernières personnes au monde que j’avais envie de voir : le sénateur Camillus Verus et sa fille Helena Justina.
    J’avalai ma salive avec difficulté, en creusant une joue. Avec un sourire complice – Puissent les vers le bouffer de l’intérieur ! – Anacrites nous laissa.
    Habillé selon le protocole, le sénateur arborait un air fort solennel. Cela ne m’empêcha pas d’adresser un clin d’œil à sa fille devant lui. Elle me répondit par un sourire timide qui dissimulait mal son trouble. Cette fille d’une grande beauté et d’un caractère décidé, on pouvait l’emmener n’importe où, mais de préférence chez des gens à l’esprit assez ouvert pour s’entendre dire franchement ce qui clochait dans leur vie. Helena Justina était enveloppée dans un péplum d’un gris austère, le lourd ourlet venant battre contre la pointe de ses chaussures, comme il sied à une femme qui a déjà été mariée. Un diadème d’or formant une pointe sur le devant couronnait ses cheveux sombres. Le papyrus que tenait Camillus indiquait qu’ils étaient venus présenter une pétition à l’empereur. Nulle difficulté à deviner de quoi il s’agissait : le sénateur était venu réclamer à Vespasien le cadavre de l’entrepôt, celui dont nous avions disposé le matin même.
    — Demande à Falco ! entendis-je Helena s’exclamer en se hâtant derrière son père. Lui, il saura le trouver.
    Le sénateur bénéficiait de l’appui efficace de sa femme, mais je comprenais pourquoi il avait amené sa fille avec lui aujourd’hui. En dépit de ses belles manières de patricienne, Helena Justina ne s’en laissait pas conter. Son père m’expliqua les raisons de leur présence au palais, en me précisant que l’empereur s’était montré peu accommodant. (Ce qui était loin de me surprendre.) Helena Justina prit la parole à son tour pour me demander de retrouver son oncle.
    — Ça me paraît difficile, alors que je suis employé par le palais…
    — Depuis quand ça te pose un cas de conscience ?
    Cet assaut venait de Camillus lui-même, sur un ton amusé, néanmoins. Je leur fis un sourire qui ne me coûtait rien : il m’était évidemment impossible d’accepter leur proposition !
    — Écoute, sénateur. Admettons que des prétoriens aient pris la triste initiative de faire disparaître le corps de ton frère… En quoi cela te soulagerait-il d’apprendre où ils se sont débarrassés de son cadavre ?
    Helena Justina garda un silence qui n’augurait rien de bon pour quelqu’un… Je m’efforçai de ne pas penser aux sordides détails du trépas de son oncle, au cas où elle aurait pu lire sur mon visage.
    Je fis un geste dans la direction que venait de prendre Anacrites, suggérant que des occupations urgentes m’attendaient. Camillus me demanda cependant de tenir compagnie à sa fille, le temps de trouver un moyen de locomotion pour regagner leur demeure. Il s’éloigna à toute allure.
    Nous restâmes plantés dans un couloir du palais si large qu’on avait l’impression de se trouver dans un vestibule. Des officiels allaient et venaient en une espèce de mouvement perpétuel. Pas question de mettre un terme à notre relation dans une galerie à la décoration clinquante choisie par Néron ! Je me contentai d’adopter un air inflexible, sans prononcer une seule parole.
    — Je suis sûre que tu es au courant ! s’exclama Helena Justina sur un ton accusateur, après s’être assurée que son père était hors de portée d’oreille.
    — Si tel était le cas, je ne serais pas autorisé à le dire.
    Elle me lança un regard qui aurait suffi

Weitere Kostenlose Bücher