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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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redressa son torse athlétique pour nous servir du vin.) Autant en profiter…
    Æmilius Rufus n’était pas le genre de compagnon que j’aurais choisi pour faire la fête. Seulement voilà : écrire des rapports me donne envie de me soûler, et d’autant plus quand c’est gratuit.
    Je faillis lui suggérer d’aller faire un tour ensemble aux thermes, mais un heureux hasard m’en empêcha. Je me levai, m’étirai, et m’approchai de lui pour prendre mon vin. Une fois ma coupe en main, je condescendis à m’asseoir sur sa couche pour trinquer comme les copains que nous n’étions pas. Æmilius Rufus me gratifia de son sourire franc et lumineux. Un peu décontenancé, je plongeai le nez dans ma coupe du fabuleux Falernien.
    — Je regrette de ne pas t’avoir vu plus souvent, dit-il, quand tu donnais des leçons de musique à ma sœur. Essayons de rattraper le temps perdu… (Sa main droite remonta audacieusement le long de ma cuisse, tandis qu’il ajoutait :) T’as de beaux yeux, tu sais.

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    Je réagis toujours de la même manière à ce genre d’avances, mais avant que je puisse écraser mon poing sur sa si jolie mâchoire, il retira sa main. Quelqu’un venait de pénétrer dans la pièce.
    — Didius Falco, je suis contente de te trouver ici ! (Yeux brillants, peau claire, pas léger : Helena Justina, l’élue de mon cœur.) Rufus, excuse-moi. J’étais passée voir Fausta, mais je suppose qu’elle a été invitée à dîner ? Falco, il se fait tard, suggéra-t-elle sereinement. Je me sentirais plus en sécurité de faire le trajet en ta compagnie. Si ça ne te dérange pas trop, bien sûr…
    Je terminai posément ma coupe avant de lui répondre :
    — Ça ne me dérange jamais d’accompagner une belle dame, déclarai-je galamment.

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    — Tu aurais tout de même pu me prévenir !
    — Tu n’as eu que ce que tu méritais !
    — Il a l’air tellement bien élevé… Il m’a pris par surprise.
    Helena pouffa de rire. Elle penchait la tête par la fenêtre de sa chaise à porteurs, tandis que je marchais à côté en grommelant.
    — Je l’ai vu de mes yeux, insista-t-elle. Tu buvais du vin blotti sur le même siège, la tunique relevée jusqu’au nombril, et tu lui faisais ton œil de biche…
    — Enfin quoi ! grognai-je. Un honnête garçon devrait pouvoir boire là où il veut, sans que ce soit interprété comme un appel du pied à des hommes qu’il connaît à peine…
    — Tu étais ivre.
    — Faux. De toute façon, c’est pas une excuse ! Une chance que tu sois venue voir Fausta…
    — La chance n’a rien à voir là-dedans. Tu étais parti depuis si longtemps que j’ai commencé à m’inquiéter. Dis-moi, tu as vraiment été content de me voir arriver au moment crucial ?
    Je fis arrêter la chaise pour qu’elle en descende. Les porteurs continuèrent leur route. De mon côté, je profitai du crépuscule pour lui démontrer combien j’avais été heureux de la voir arriver. De la façon la plus convaincante qui soit.
     
    — Marcus, qu’est-ce que Fausta est allée faire à Oplontis, d’après toi ? Une certaine personne de sa connaissance a dû séjourner de nouveau à la Villa Poppée pour offrir un dîner au commandant de la flotte.
    — Crispus ? haletai-je, avant de reprendre les opérations là où je les avais laissées.
    — Qu’y a-t-il de spécial à propos du préfet de Misène ? se demanda Helena, guère impressionnée par la distraction que je m’efforçais de lui offrir.
    — Pas la moindre idée…
    — Marcus, je vais perdre ma boucle d’oreille. Laisse-moi l’enlever.
    — Enlève tout ce que tu voudras !
    Malgré moi, sa question me trottait dans la tête. Ce fichu commandant de la flotte de Misène avait réussi à perturber mon humeur romantique. La marine romaine est organisée de la seule façon possible pour un pays long et étroit comme l’Italie : une flotte basée à Ravenne pour garder la côte est, et une autre à Misène pour veiller au grain à l’ouest.
    — Dis-moi, demandai-je pensivement à Helena. À part Titus et les légions, comment s’est déroulée la campagne de Vespasien pour devenir empereur ? Que s’est-il passé à Rome ?
    — C’était horrible, répondit-elle en frissonnant. Des soldats partout, des meurtres dans le Forum, des incendies, les fièvres, la famine…
    — La famine ? m’étonnai-je. Dans la maison d’un sénateur, l’ordinaire n’a pas dû changer beaucoup. Dans

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