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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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vu mes fleurs.
    Je m’emplis lentement les poumons de l’air nocturne, concentrant mes pensées sur la dernière demoiselle qui m’avait rendu visite. Elle était repartie après avoir fiché une fleur dans la fibule qui fermait sa tunique au niveau de l’épaule.
    Elle me manquait terriblement. Personne d’autre ne valait la peine de s’y intéresser. Chaque journée sans Helena Justina me paraissait gâchée. Pris par mon activité quotidienne, ce n’était pas aussi pénible, bien sûr, mais dans la douceur tranquille du soir, ce poids m’accablait.
    Trop fatigué pour lever les pieds, je faillis m’écrouler à l’intérieur. La curiosité se révéla pourtant la plus forte. Je brisai la cire du cachet de la lettre de Vespasien, tout en récapitulant mentalement les événements du jour : l’un des conspirateurs d’un complot avorté était mort sans raison valable, et un affranchi qui aurait dû compter pour du beurre devenait soudain très important. Ce crétin de Barnabas constituait un défi irrésistible. Je déroulai le document en souriant :
     
    a) Sous l’autorité de Vespasien Auguste, M. Didius Falco escortera les cendres du sénateur A. Curtius Longinus et les remettra à son frère, A. Curtius Gordianus (prêtre), censé se trouver actuellement à Rhegium. Départ immédiat.
    b) Documents de voyage ci-inclus.
     
    Le style était plutôt dépouillé. Naturellement, j’allais devoir me débrouiller pour récupérer les cendres. Par Rhegium, il fallait comprendre Crotone. Les scribes du palais n’attachent pas beaucoup d’importance à l’exactitude : en cas d’erreur, ce ne sont pas eux qui font un détour de quarante lieues par des routes de montagne. Comme à l’accoutumée, ils avaient oublié de joindre mon laissez-passer. Pire encore, nulle mention de mes émoluments.
    Dans la marge, Vespasien avait ajouté de sa propre main :
     
    c) Pourquoi devrais-je reconstruire le temple d’Hercule ? Je n’en ai pas les moyens. J’attends tes explications !
     
    Je finis par retrouver mon encrier derrière une moitié de chou, et j’écrivis au dos :
     
    C æ sar !
     
    a) Le prêtre s’est montré loyal.
    b) La générosité de l’empereur est connue de tous.
    c) Le temple n’était vraiment pas très grand.
     
    Je rescellai la lettre et la retournai à l’expéditeur. Sous un chou, je trouvai un autre communiqué important émanant de ma mère :
     
    Tu as besoin de nouvelles cuillères.
     
    Je me grattai dubitativement la tête. S’agissait-il d’une promesse, ou d’une menace ?
    Le palais en avait eu pour son argent, il était grand temps d’aller me coucher. La procédure normale était toute simple : je plaçais une coupe de mon vin préféré au coin de la boîte contenant les couvertures, me dépouillais de ma tunique, et me glissais sous la courtepointe pour boire allongé. Ce ne fut pas le cas ce soir-là. Sans prendre la peine de me déshabiller, je me laissai tomber sur le lit. Je parvins à penser assez longtemps à Helena Justina pour revivre toutes mes angoisses. Détective privé, c’est vraiment un foutu métier. Quand on s’intéresse à une femme qui le mérite, on n’a ni l’argent ni le temps nécessaires. Et même si on les avait, il manquerait encore un minimum d’énergie.
    Je ne me rappelais même pas quand j’avais quitté mon appartement le matin. J’étais rentré bien trop fatigué pour avaler mon dîner, et trop déprimé pour apprécier une coupe de vin. J’avais manqué l’occasion d’échanger le moindre potin avec mon meilleur ami, oublié de rendre visite à ma mère, laissé Helena Justina deviner ma monstrueuse implication dans la disparition du cadavre de son oncle, partagé mon déjeuner avec un chien de garde, échangé des insultes avec un empereur, et cru voir le fantôme d’un homme assassiné. J’avais mal au cou, et ne sentais plus mes pieds tellement j’avais marché. J’aurais donné gros pour prendre un bain, passer un après-midi aux courses ou toute une nuit à faire la fête. Au lieu de cela, je m’étais engagé à parcourir trois cents lieues pour rendre visite à un homme que je n’étais pas autorisé à interroger. De toute façon, il refuserait probablement de me recevoir quand j’arriverais.
    La journée ordinaire d’un détective privé.

Deuxième partie
~ Un touriste à Crotone
    Italie du Sud (Magna Græcia),
    plusieurs jours plus tard
     
     
    «… Crotone, une très

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