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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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vie ?
    — Je suis le seul à l’appeler ainsi, précisa-t-il, et seulement depuis la semaine dernière. Il a une mèche frisée, de fortes mâchoires, et en plus le castrateur a loupé son coup. Comme feu l’empereur, il essaye de grimper sur tout ce qui bouge.
    Petronius avait des vues très arrêtées sur la façon d’administrer un pays. Maintenir la paix parmi ses concitoyens, sous la gouverne d’un joueur de lyre complètement fou, l’avait empli de frustration. Malgré tout, appeler ce bœuf Néron constituait, à ma connaissance, sa première initiative politique.
    La gueule dégoulinante de salive, le Néron en question paraissait incapable de sauter sur quoi que ce soit. Il avait baissé les paupières et s’appuyait conte la cloison de sa stalle. Changeant brusquement d’avis, il se précipita sur Petronius dans un débordement d’affection. Mon ami bondit en arrière et nous nous hâtâmes de quitter les lieux.
    — Il y a du nouveau, informai-je Petro. Le navire s’appelle l’ Isis Africana. Larius a fait preuve d’initiative.
    — Très intelligent, ce garçon ! s’enthousiasma-t-il en pinçant la joue de mon neveu, ce que ce dernier détestait. J’ai quelque chose pour toi, Falco. Je me suis arrêté près d’un village des hautes terres et…
    — Arrêté ! Pour quoi faire ? l’interrompit Larius.
    — De quoi je me mêle ? Simplement ramasser des fleurs… Parlons de choses sérieuses. J’ai demandé à un type du coin qui étaient les huiles de la région. On en connaît un, Falco ! Tu te rappelles cet ex-consul quasi centenaire, sur lequel nous avons enquêté à la suite du complot de Pertinax ?
    — Caprenius Marcellus ? Son père ? L’invalide ?
    Bien sûr que je le connaissais, ce Marcellus : l’un des plus vieux sénateurs de Rome, pouvant se targuer d’une succession de sept consuls dans son pedigree. Immense fortune, et pas d’héritier, jusqu’au jour où Pertinax lui avait tapé dans l’œil : soit il avait la vue très basse, soit le fait de descendre de plusieurs consuls ne rendait pas forcément quelqu’un futé.
    — J’ai rencontré ce vieillard à Setia, rappela Petronius. Une sacrée région pour le vin. Il possède des vignobles dans toute la Campanie, et même un sur les pentes du Vésuve. Ce vieil animal est riche comme Crassus.
    — Officiellement, rappelai-je, Marcellus a été innocenté. (Même si c’était lui le propriétaire de l’entrepôt utilisé pour planquer l’argent en barres, ses ancêtres respectables et sa fortune colossale avaient suffi à le protéger. Nous avions mené une discrète enquête de routine, avant de le laisser respectueusement en paix.) Il est soi-disant trop malade pour s’occuper de politique, mais il ne devrait pas se trouver ici, car il est incapable de voyager. Une petite visite serait peut-être utile…
    L’idée venait de me traverser l’esprit : et si la villa de Marcellus abritait Barnabas ? Une villa sur les pentes du Vésuve constituait une planque idéale. Petronius pensait assurément la même chose, mais il était bien trop prudent de nature pour le dire à voix haute.
    Changeant de sujet, je mentionnai les deux suspects de la plage. Armés de lanternes, nous partîmes voir de quoi il retournait.
    Les silhouettes se trouvaient à la même place, comme si elles guettaient quelque chose. Pas de vrais professionnels : le bruit de leur bavardage parvenait jusqu’à nos oreilles. Alertée par le bruit de nos pas, la plus petite silhouette courut se réfugier dans l’auberge en couinant. Mon nez saisit au passage une odeur d’eau de rose bon marché et rance, et mes yeux une face de lune anxieuse et un corsage bien rempli. Je fus saisi d’un fou rire.
    — Ollia n’a pas perdu de temps ! Elle a trouvé son pêcheur !
    Ledit pêcheur passa devant nous d’un pas nonchalant, en arborant l’air fier et assuré qu’ont toujours ces gigolos. Les jambes torses, il roulait de larges épaules, acquises à force de lancer le filet, et qui lui servaient à impressionner les filles de la ville.
    — Bonne nuit ! lança Petro de sa voix de capitaine de la garde, et en se redressant de toute sa hauteur.
    Le jeune pêcheur de homards s’éloigna sans rien répondre. Il était débraillé et pas très séduisant, si l’on s’en réfère aux normes en vigueur sur l’Aventin.
    Nous abandonnâmes Petronius dans la cour. Prenant la vie très au sérieux, il n’omettrait pour rien au

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