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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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avances, et le jette à l’eau.
    Devant un tel échec, le commerce des tuyaux de plomb et des robinets de bronze commença à perdre beaucoup de son charme. Voilà le côté le plus ennuyeux du travail de détective privé : poser vainement des questions de routine, tout en se disant qu’on a laissé échapper un indice important. Mon métier m’empêchait de me détendre, de profiter de la présence de mes amis. Mon estomac s’en ressentait et tous les moustiques des marécages environnants, ayant découvert ma présence, s’en donnaient à cœur joie. Rome me manquait. J’avais envie d’une nouvelle femme, mais malgré toutes celles disponibles, je n’en trouvais aucune à mon goût.
    Je parvenais à rester jovial en présence de Larius qui, malgré sa bonne nature, se laissait lui aussi gagner par le découragement. Pour couronner le tout, il se mit à pleuvoir. Une seule journée, heureusement, mais l’humidité imprégna nos vêtements et nous glaça le corps. Néron devint tellement récalcitrant que nous prîmes le parti de le laisser déambuler au hasard.
    Nous nous retrouvâmes sur une nouvelle route de Campanie, poussiéreuse à souhait, qui traversait de riches vignobles et des potagers. Des choux pétant de santé se tenaient au garde-à-vous dans de petites rigoles creusées pour retenir la rosée matinale ou la pluie. Au loin, des cultivateurs travaillaient le sol noir à la houe. Plus près, une arche de verdure marquait l’entrée d’une propriété, des poules brunes s’activant à gratter vigoureusement le sol. Une jeune campagnarde franchissait une haie, exposant toute la longueur de ses jambes et une bonne partie du dessus.
    Néron s’était arrêté pour discuter avec les poules, tandis que Larius regardait la fille en écarquillant des yeux ronds. Venant vers nous, elle n’hésita pas à sourire à mon neveu.
    — Ne ratons pas cette occasion pour nos offres de service, déclara Larius, le visage impénétrable.
    Trop jeune, les joues trop roses pour mon goût, la donzelle était indéniablement jolie, et je pouvais comprendre l’exaltation de mon neveu. J’entrai dans son jeu.
    — Ta décision est prise, tribun ?
    — Irrévocablement, légat ! s’exclama Larius.
    La fille nous dépassa, paraissant tout à fait habituée à être dévisagée avec une admiration non dissimulée par des étrangers en char à bœuf.
    — Seulement si elle entre, précisai-je.
    Elle entra.
    Larius me demanda de prendre les devants. Ses intestins commençant à se tordre, il avait besoin de s’isoler : l’un des plaisirs d’avoir quitté son foyer et de se nourrir différemment. Je partis sur les traces de sa belle pour les travaux d’approche, en attendant qu’il eût recouvré une meilleure prestance. Au moment où je franchissais l’arche de feuillage, le soleil, déjà bien pâle, se cacha derrière un nuage.
    Les colporteurs devaient éviter de venir frapper à cette porte pour fourguer leurs vêtements d’occasion. J’avais rarement vu une propriété aussi miteuse : un vague assemblage de hangars fabriqués à partir de vieilles planches et de portes mises au rebut. En m’approchant, je fus assailli par une odeur effroyable : un mélange de pisse de chèvres et de feuilles de choux bouillies. Des nuages de mouches bien grasses bourdonnaient de tous côtés. Le poulailler était dévasté, et un bon pied de boue douteuse recouvrait le sol de l’étable. J’aperçus aussi trois ruches appuyées contre un clayonnage, mais quelle abeille possédant un peu de jugeote viendrait s’installer ici ?
    La fille avait disparu. Derrière la saleté repoussante des bâtiments extérieurs, la maison principale tombait en ruine. L’acheteur de ce domaine n’y avait sans doute jamais mis les pieds.
    Le bon sens me déconseillait de m’approcher de la maison : un chien monstrueux, sa queue un amas de poils emmêlés, était enchaîné devant la porte et hurlait comme je n’avais jamais entendu un chien hurler. Les clous ornant son collier atteignaient la taille d’émeraudes indiennes. Les maillons de la chaîne de douze pieds de long qui le retenait solidement – du moins l’espérai-je – devaient peser au moins deux livres chacun. Cela n’empêchait pas Fido de faire des bonds dans tous les sens. Il balançait ce bel ouvrage de ferronnerie comme s’il se fut agi d’une guirlande de boutons de roses sur la table d’un banquet. D’ailleurs, il m’apparaissait évident

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