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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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laisse supposer qu’il s’agissait d’un ancien champ de lave), quand nous prîmes la direction du nord dans la douceur du crépuscule, un panorama complet de la côte se déroula devant nos yeux.
    Nous étions presque en juillet. La nuit tombait rapidement, et les contours du mont Vésuve commençaient à s’estomper. Tout autour de cette baie magnifique, entre Surrentum et Naples, les hommes d’affaires importants de la Campanie et de Rome se faisaient construire des villas de plaisance depuis une cinquantaine d’années. À cette époque de l’année, presque toutes étaient occupées. On pouvait voir briller les lanternes de leurs portiques très ornementés.
    — Très pittoresque, commenta Larius d’un air narquois. Oncle Marcus, le moment me paraît bien choisi pour notre petite conversation embarrassante. « Larius, couina-t-il, pourquoi ta mère dit-elle que tu es impossible ? »
    À peine la moitié de mon âge, et paraissant deux fois plus fatigué, mais quand il cessait de faire l’idiot, il avait un merveilleux sens de l’humour. En fait, j’aimais beaucoup Larius.
    — Oui, pourquoi le dit-elle ? grognai-je, irrité d’avoir été interrompu en pleine rêverie.
    — Aucune idée.
    Ma réaction un peu tardive avait suffi pour le replonger dans sa morosité.
    Je profitai de ce qu’il dévorait le paysage des yeux pour l’observer attentivement.
    Il possédait un front intelligent, sous une crinière de cheveux mal entretenus qui retombait souvent dans ses grands yeux marron trop sérieux. Depuis que je l’avais vu lancer des noix à ses petits frères, lors des dernières saturnales, il avait grandi de plusieurs pouces. Son corps s’était allongé si rapidement que son cerveau avait vraisemblablement pris du retard. Ses pieds, ses oreilles, et les parties dont il était trop timide pour parler, auraient pu appartenir à un homme plus grand que moi d’un demi-pied. N’étant pas encore parvenu à prendre entièrement possession de cette grande carcasse, Larius avait fini par se trouver ridicule. En toute franchise, il l’était, mais peut-être passagèrement. Quoique mon grand-oncle Scaro avait bien ressemblé toute sa vie à une amphore gîtant de la bande, et dotée d’anses hors de proportion…
    Vu sa réponse atrabilaire, le moment était mal choisi pour une conversation d’homme-à-garçon avec lui. Il n’en tirerait aucun profit. Nous reprîmes notre route sans un mot. À peine avions-nous fait dix pas qu’il poussa un soupir dramatique.
    — Puisqu’il faut en passer par là, allons-y !
    — Oh ! je te remercie ! (Pris au piège, je jetai un regard désespéré autour de moi, puis me jetai à l’eau :) Qu’est-ce que ton maître d’école pense de toi ?
    — À vrai dire, pas beaucoup de bien.
    — Plutôt un signe encourageant ! (Il se retourna vers moi, l’air perplexe.) Alors d’où vient ce chagrin de ta mère ?
    — Elle ne t’a rien dit ?
    — Elle ne demandait que ça, mais je n’avais pas trois jours à perdre. Raconte-moi toi-même.
    — Elle m’a surpris en train de lire de la poésie, finit-il par admettre.
    — Par tous les dieux ! m’exclamai-je en éclatant de rire. C’était quoi ? Des vers licencieux de Catulle, où il fait allusion à des hommes à grand nez, aux putains provocantes du Forum, à des amants s’empoignant sans vergogne les parties sexuelles ? Crois-moi, on éprouve plus de plaisir avec un bon repas de fromage de chèvre et de pain frais… (Larius se mit à traîner les pieds.) Ta mère a des excuses, ajoutai-je d’un ton plus conciliant. La seule personne de sa connaissance qui gribouille des élégies dans des carnets, c’est Marcus, son farfelu de frère : toujours dans les ennuis, jamais un aureus en poche, et souvent suivi par une danseuse de corde court vêtue… Elle a raison, Larius : oublie la poésie : vendre des philtres d’amour dans des fioles vertes, ou devenir architecte, c’est tout aussi avilissant mais bien plus profitable !
    — Ou détective privé ? ironisa Larius.
    — Non, cela ne nourrit pas vraiment son homme !
    Au milieu de la baie, d’autres lumières dansaient sur l’eau : les lampes utilisées par les pêcheurs pour attirer leurs proies. Plus près de nous, et semblant arriver de Surrentum, un grand bateau solitaire venait de surgir fièrement de l’obscurité. Bien plus petit que le Circé, et d’un modèle tout à fait différent, il ressemblait à ces

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