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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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un sénateur.
    — Ça reste une possibilité, soulignai-je. Marcellus aurait-il un invité secret ? (Elle fit non de la tête.) Helena Justina, aide-moi à trouver un moyen d’explorer la Villa Marcella.
    — Commence par trouver Aufidius Crispus ! dit-elle d’une voix sifflante. Vespasien te paye pour ça.
    Désabusé, je réglai la note et nous quittâmes le restaurant.
    Nous fîmes quelques pas sur la route qui longeait la côte, en attendant que ses porteurs réapparaissent.
    — Veux-tu que je te présente à Æmilius Rufus, à Herculanum ?
    Sa voix avait conservé beaucoup de dureté.
    — Non merci. Seulement si c’est nécessaire. (Elle laissa échapper une exclamation de dépit.) Allons, à quoi servirait de nous disputer ? Voilà tes porteurs, ma puce…
    — Ma puce !
    Subitement, elle donna libre cours à l’un de ses éclats de rire si agréables à entendre, mais bien trop rares.
    — Pertinax ne t’avait pas trouvé un petit nom affectueux ?
    — Non. (Son rire s’était arrêté net. J’avais encore perdu une bonne occasion de me taire. Elle se tourna vers moi d’un air déterminé.) Dis-moi : est-ce dans la maison de mon ex-mari que tu as changé d’avis en ce qui nous concerne tous deux ?
    Elle dut lire la réponse sur mon visage. Je revoyais en pensée le luxe de bon goût de cette maison sur le Quirinal, reçue de Marcellus en cadeau de mariage. Les dieux seuls devaient connaître la totalité des cadeaux somptueux offerts par leurs parents et amis. Des têtes de lits en écaille de tortue, des coupes en mosaïque de verre, des assiettes en filigrane d’or. Des jetés de lits exotiques entièrement brodés, qui auraient pu appartenir à la reine Didon, des tables en érable poli, des fauteuils d’ivoire. D’innombrables candélabres de bronze, des coffres en bois de camphrier… et un nombre incalculable de séries de cuillères assorties.
    — Marcus, même toi, tu devrais le comprendre : une maison, ce n’est pas tout ce que je désire dans la vie ; sinon, je n’aurais pas divorcé de Pertinax.
    — Je suis simplement réaliste !
    Tout d’un coup, Helena Justina se retrouva installée dans sa chaise… alors que j’en étais encore à me demander de quelle façon j’allais lui dire au revoir. Elle avait refermé la demi-porte elle-même, et les porteurs se penchaient pour se saisir des poignées. Je posai la main sur le rebord de la chaise, souhaitant la retenir.
    — Enlève ta main ! ordonna-t-elle.
    — Attends ! Est-ce que je vais te revoir ?
    Je fis signe aux porteurs d’attendre, mais ils n’acceptaient d’ordre que d’Helena Justina. La chaise pencha un peu quand ils la levèrent, et je pus croiser son regard. Je suis sûr qu’elle me comparait avec Pertinax. En tant que fille de sénateur, elle n’avait guère participé au choix de son mari. Pertinax n’était rien d’autre qu’une rature dans le livre de sa vie, mais si elle passait directement de ses bras dans ceux d’un amant cynique, la faute serait entièrement sienne.
    J’aurais pu lui expliquer que ce genre de chose arrive tous les jours. Des femmes se jettent dans les bras d’hommes peu scrupuleux, dont elles savent bien que le sourire carnassier ne vise qu’à les faire tomber dans un lit…
    À la différence d’Helena Justina, la plupart de ces femmes oublient et recommencent.
    Juste à l’instant où je m’apprêtais à lui parler franchement pour avoir une chance de la garder, elle tira le rideau sur toute la longueur. Nul besoin d’aller consulter la pythie de Delphes pour confirmer que mon exclusion de la vie d’Helena était définitive.
    Je restai planté là, bouche bée, ravalant ma déclaration d’amour.

Quatrième partie
~
Leçons de cithare à Herculanum
    La baie de Naples,
    juillet
     
     
    « Peut-être pouvez-vous vous attendre à voir une troupe de danseuses espagnoles, des gitanes aux chants et aux gestes lascifs…»
     
    Juvénal, Satire XI

42
    La petite ville d’Herculanum semblait somnolente. Si des femmes intéressantes y habitaient, elles restaient cachées derrière des portes verrouillées.
    À Pompéi, des sortes de gués permettaient aux piétons de franchir les amas de substances douteuses qui s’accumulaient sur la chaussée. Les édiles d’Herculanum, eux, avaient fait construire de larges trottoirs, et trouvé un moyen de se débarrasser des détritus.
    Je détestais Herculanum. Partout, le long de petites rues bien nettes, des

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