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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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maisons de bon goût, parfaitement entretenues, appartenaient à des gens extrêmement banals mais qui se croyaient très importants. Les hommes passaient la journée à compter leur argent, et ils en avaient beaucoup. Dans des litières soigneusement fermées, leurs bonnes épouses se faisaient transporter dans la maison d’autres dames tout aussi respectables. Elles y restaient assises devant des plats d’amandes et de gâteaux, parlant de tout et de rien en attendant le moment de rentrer.
    À la différence de Pompéi où il fallait hurler pour se faire entendre, depuis le Forum d’Herculanum, on percevait les cris des mouettes sur le port. Si un enfant se mettait à brailler, sa bonne se précipitait pour le faire taire, avant qu’une plainte pour tapage diurne ne soit déposée. J’étais même prêt à parier qu’à Herculanum, dans l’amphithéâtre, les gladiateurs s’excusaient à chaque fois que leur glaive dessinait une estafilade sur leur adversaire.
    Pour résumer, Herculanum me donnait envie de sauter dans une fontaine publique pour hurler des obscénités.
    Nous avions gardé pour la fin ce monument élevé à la médiocrité, tellement je haïssais l’endroit. D’ailleurs, l’ami Ventriculus m’avait prévenu que le plomb restant suffirait tout juste à honorer quelques commandes. Je n’étais pas surpris : il fallait bien que le plombier triche un peu, pour respecter les coutumes de sa profession.
    Je n’avais aucune intention de rendre visite au magistrat dont Helena Justina m’avait parlé. J’avais l’esprit vif, et je connaissais mon boulot. Pas question d’aller me fourrer bêtement entre les mains de quelqu’un qui voudrait tout diriger. J’étais assez grand pour trouver des renseignements tout seul.
    Tandis que nous parcourions Herculanum le nez au vent, j’informai Larius que nous avions atteint la limite des dépenses que Vespasien accepterait d’honorer.
    — Il te donnerait davantage, si tu trouvais quelque chose ?
    — Si ça en vaut la peine, oui.
    Dans de telles circonstances, bien des jeunes gens seraient saisis d’un mouvement de panique. Moi-même, je me sentais un peu fébrile. Mais Larius se contenta de déclarer stoïquement :
    — On n’a plus le choix. Il faut vite découvrir quelque chose.
    L’attitude de mon neveu m’alla droit au cœur. Il considérait la vie en termes simples. Une fois encore, je songeai que la ténacité du fils aîné de Galla serait un plus dans mon travail. Je lui fis part de mes réflexions, alors que Néron s’engageait dans la rue principale d’Herculanum – appelée Decumanus Maximus, comme dans chaque trou perdu d’Italie. En réaction à mes conseils de carrière, Larius me parla d’un peintre que Ventriculus lui avait présenté, et qui lui avait proposé un petit boulot d’été : dessiner les personnages d’une fresque…
    Cette histoire ne me plaisait pas du tout. J’exprimai tout de go à mon neveu ce que je pensais des artistes. Sans répondre, il pointa fermement le menton, faisant preuve de cette ténacité que j’avais tant admirée.
    Il s’agissait de la Decumanus Maximus la plus propre et la plus tranquille que j’aie jamais vue. Un vigile passait son temps à y faire les cent pas. Les citoyens pouvaient lui demander l’heure, et ainsi savoir si leur dîner était prêt. Une autre de ses attributions consistait à aviser les béotiens comme nous que la circulation de véhicules était interdite sur l’avenue principale d’Herculanum.
    Quand il nous hurla cet avertissement, je venais juste de remarquer les bornes barrant le passage. Nous avancions en direction du tribunal, le soleil faisant étinceler un aurige de bronze planté devant cet élégant temple de la justice. Un peu plus loin, une grande arche devait probablement conduire au Forum. Nous venions de nous arrêter devant une rangée de boutiques, près d’une fontaine que Néron renifla d’un air dédaigneux.
    Je déteste les gens autoritaires. Le vigile nous ordonna de nous éloigner au plus vite, en usant de la politesse habituelle des employés des cités de province, c’est-à-dire aucune. Je mourais d’envie de lui répliquer où il pouvait se coller le bâton cautionnant son autorité, mais Larius me jeta un regard éloquent.
    Je ne pouvais pas entièrement blâmer cet homme. Nous avions commis la bêtise de nous rendre chez un barbier bon marché, près des casernes de gladiateurs de Pompéi, et il s’était débrouillé

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