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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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l’est à l’ouest, des insurrections éclatèrent. Les
plus hardis furent les muwalladun, encouragés par les succès du plus illustre
d’entre eux, Omar Ibn Hafsun. Son coreligionnaire Ubaid Allah Ibn Umaiya sema
la terreur dans la région de Djayyan [65] et
devint, en quelques mois, si riche qu’il put doter largement sa fille quand
elle épousa Djaffar Ibn Hafsun, le fils aîné du seigneur de Bobastro. D’autres
muwalladun prirent la tête d’insurrections locales. Ce fut le cas de Saïd Ibn
Walid Ibn Mustana, de Mundhir Ibn Huraiz et de Saïd Ibn Hudhail. Deux
lieutenants d’Ibn Marwan Ibn Djilliki, Abd al-Malik Ibn Abi-L-Djawada et Bakr
Ibn Yahya, s’emparèrent de plusieurs localités dans la partie méridionale
d’al-Andalous. Ils en chassèrent les gouverneurs et levèrent à leur profit
taxes et impôts, n’hésitant pas à confisquer les domaines des riches arabes
demeurés fidèles à la dynastie omeyyade.
    Les Berbères n’avaient pas besoin de
se forcer pour entrer en dissidence. Il leur suffisait, affirmaient les
mauvaises langues, d’écouter leur nature. L’interruption des expéditions contre
les Chrétiens du Nord les avait réduits à l’inaction. Ils bouillaient d’en
découdre d’autant plus que Mundhir, plus que méfiant à leur égard, les avaient
écartés de l’armée. Leurs chefs, fort nombreux dans la région de Marida,
occupèrent les forteresses d’Umm Djaffar et de Kardhaira [66] , coupant les
communications avec la capitale. Qu’ils soient muwalladun ou berbères, les
insurgés, pour se venger des humiliations subies, s’en prenaient aux clans
arabes locaux. Leurs chefs les plus riches étaient exécutés et leurs familles,
réduites à la misère, erraient sur les routes à la recherche d’un toit. C’est
ce qui était arrivé à Yahya Ibn Sukala, un aristocrate kaisite d’Ilbira [67] .
Très fier de ses origines et affichant ouvertement son mépris pour les
convertis, il avait rassemblé autour de lui plusieurs centaines de guerriers.
Ceux-ci, sensibles à ses discours sur Yasabiya [68] , lui vouaient
un véritable culte et lui obéissaient aveuglément. Leurs excès avaient pris une
telle proportion que le gouverneur de la province, Djad Ibn Abd al-Ghafir
al-Khalidi, avait convoqué Yahya Ibn Sukala. Tout autre que ce redoutable chef
de bande aurait refusé de venir s’expliquer avec le wali. Lui, fou de rage,
avait enfourché son cheval et s’était précipité chez le fonctionnaire. Entre
les deux hommes, la discussion avait été orageuse.
    — Te rends-tu compte, Yahya,
qu’il ne se passe pas un seul jour sans qu’on ne vienne se plaindre à moi de
tes agissements ?
    — Tu as le grand tort de
recevoir ces chiens d’Infidèles auxquels j’inflige le traitement qu’ils
méritent.
    — Ce ne sont pas des Infidèles
mais des Musulmans comme toi et moi.
    — C’est bien là ton erreur. Ils
ne font pas partie de la communauté des croyants. Leurs aïeux étaient des
Nazaréens et ils n’ont embrassé notre foi que pour pouvoir conserver leurs
richesses et leurs domaines. Ils nous haïssent et nous considèrent comme des
envahisseurs qu’ils rêvent de chasser de leur pays.
    — Tu insultes Allah le Tout-Puissant
et le Miséricordieux qui a voulu que Mohammad Son prophète, sur Lui la
bénédiction et la paix !, apporte à tous les peuples de la terre son
message de vérité. Fidèles au saint Coran, nous avons soumis des nations
entières et les moins endurcis des mécréants ont reconnu qu’il n’y avait
d’autre Dieu qu’Allah. Ils sont devenus nos frères et, sans eux, nous n’aurions
jamais pu conquérir al-Andalous. Oublies-tu que Tarik Ibn Zyad était un berbère
ainsi que la mère d’Abd al-Rahman I er dont la famille est
apparentée à celle du Prophète ?
    — La belle affaire, wali !
Sa mère était une Nefazza. Or que font aujourd’hui les membres de cette tribu
berbère dont les pères furent comblés de bienfaits par l’aïeul de l’émir ?
L’un d’entre eux, Zual Ibn Yanish Ibn Furenik occupe Umm Djaffar et a fait
exécuter plusieurs de mes parents.
    — Notre souverain, si tu lui
exposes ton cas, te fera rendre justice.
    — Djad, es-tu à ce point naïf
pour ne pas réaliser que son pouvoir ne s’étend pas au-delà des murailles de
Kurtuba ?
    — J’ai la preuve du contraire.
Je suis ici son représentant.
    — Observe ce qui se passe
autour de toi. Tu vis à Castella, une cité fondée par Abd

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