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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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de
bonnes raisons de vouloir récupérer ce royaume sur lequel ont régné certains
des tiens.
    L’assistance ne put s’empêcher de
s’esclaffer à ce trait d’esprit. Bon joueur, Ibrahim Ibn Hadjdjadj
sourit :
    — Tu es habile et rusé comme un
véritable Bédouin. Tu es l’un des nôtres et nous avons toutes les raisons de
nous entendre. Nos demandes sont modestes. Nous souhaitons seulement conserver
nos privilèges, reconnus par les précédents émirs, et avoir l’assurance que
l’on nous épargnera toute humiliation.
    — Comme celle de prier dans la
même mosquée que les muwalladun.
    — Rien ne nous y oblige.
    — Rien ne l’interdit, Ibrahim.
    — De la même manière, j’ai le
droit de choisir ceux avec lesquels je désire remercier Allah de ses bontés.
    — À une seule condition, celle
de ne pas troubler l’ordre public.
    — As-tu reçu des plaintes à ce
sujet ?
    — Non.
    — Sois assuré que tu n’en
recevras aucune à l’avenir.
     
    Mousa Ibn al-Aziz Ibn al-Thalaba se
mit au travail. Ses journées étaient bien remplies. Il fit relever les
quartiers en ruines d’Ishbiliyah et procéda à la rénovation des égouts,
éliminant ainsi plusieurs foyers d’épidémies. Il fit venir de Kurtuba des
dizaines d’artisans qui relancèrent l’activité économique et fournirent aux
caisses du Trésor public d’importantes et nouvelles ressources. Il entreprit
également de réparer la route qui reliait sa ville à la capitale et établit, à
intervalles réguliers, des postes de garde. Désormais, les convois des
marchands pouvaient circuler, de jour comme de nuit, sans crainte d’être
attaqués par des bandits. Il se préoccupa aussi d’aménager les terres en friche
qui se trouvaient dans les îles parsemant les différents bras du fleuve. Elles
étaient habitées par les descendants des pirates urdamniniyum qui, quarante ans
plus tôt, avaient effectué un raid dont l’évocation glaçait encore d’horreur
les survivants de ce tragique épisode. Les Barbares faits prisonniers avaient
accepté de se convertir à l’islam et avaient reçu des lots de terres où ils se
livraient à l’élevage de chevaux et de vaches. Ils confectionnaient aussi des
fromages dont raffolaient les gourmets. Leurs enfants avaient épousé des filles
muwalladun et leurs petits-fils étaient reconnaissables à leur chevelure
flamboyante, rousse ou blonde, et à leur haute taille. Ils étaient trop peu
nombreux pour exploiter les domaines qui leur avaient été concédés et le wali
obtint de l’émir l’autorisation d’y installer des paysans de Marida dont les
fermes avaient été détruites par les incursions de guerriers chrétiens.
    En moins de un an, Mousa accomplit
une tâche considérable ; cependant, grisé par le succès, l’ancien
fonctionnaire commit une faute lourde de conséquences. Il invita tous les
notables d’Ishbiliyah à une grande fête donnée dans sa résidence. Revêtu de ses
plus beaux atours, il se tenait à l’entrée du palais pour saluer les invités. À
son grand malheur, Kuraib Ibn Khaldun et Omar Ibn Kellab Ibn Angelino
arrivèrent en même temps. Ayant d’abord aperçu le chef muwallad, le wali se
dirigea vers lui, omettant de remarquer son rival. Furieux, celui-ci remonta
dans sa litière et rentra chez lui. Le lendemain matin, pour réparer ce malencontreux
quiproquo, le gouverneur lui fit porter de somptueux présents. Ses serviteurs
revinrent aussi lourdement chargés qu’ils étaient partis. Ils avaient trouvé
porte close. Kuraib Ibn Khaldun avait quitté la ville avec toute sa
domesticité. Quelques jours plus tard, des paysans venus vendre en ville leurs
produits informèrent le gouverneur que le fugitif s’était installé dans un bordj [78] lui appartenant, le Bordj Aben Khaldun, situé près du village d’al-Balat. Mousa
Ibn al-Aziz Ibn al-Thalaba lui fit porter à cet endroit les présents dont il
voulait l’honorer et qui lui furent retournés avec ce simple message :
« Offre-les aux muwalladun qui t’ont fait oublier jusqu’au souvenir de tes
origines. »
    Convoqué au palais, Walid Ibn
Khaldun s’efforça de rassurer le représentant de l’émir :
    — Mon frère est d’un naturel
très susceptible et j’ai eu plusieurs fois à subir sa colère. Pour le punir,
notre père, que sa mémoire soit bénie !, l’envoyait alors passer quelques
jours au Bordj Aben Khaldun où il s’était lié d’amitié avec une bande

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