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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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et à Abdallah Ibn Hadjdjadj de venir
discuter avec lui de la situation. C’était là un véritable événement. Leurs
familles entretenaient des rapports plutôt distants et conflictuels. Les Banu
Hadjdjadj s’estimaient supérieurs aux Banu Khaldun et réciproquement. Ils
avaient toujours refusé de mélanger leur sang par le mariage et les rixes entre
leurs domestiques, qui épousaient les rivalités de leurs maîtres, défrayaient
régulièrement la chronique. Les Banu Hadjdjadj donnèrent leur accord à la
rencontre à une seule condition : celle-ci se déroulerait dans la grande
mosquée et chaque participant, accompagné de deux serviteurs seulement,
remettrait ses armes au cadi et jurerait sur le Coran qu’il se conformerait à
la décision qui serait prise.
    Ibrahim et Abdallah Ibn Hadjdjadj
eurent la surprise de constater que Walid Ibn Khaldun n’était pas seul à les attendre.
Son frère, Kuraib, avait regagné secrètement Ishbiliyah, profitant de la
complicité des sentinelles. Les quatre hommes s’observèrent longuement en
silence. Finalement, Ibrahim Ibn Hadjdjadj prit la parole :
    — J’aurais aimé vous voir en
d’autres circonstances. Allah le Tout-Puissant et le Miséricordieux en a décidé
autrement. Je n’ai pas besoin de vous expliquer les motifs de votre inquiétude.
Ces pourceaux de muwalladun ont oublié quels sont leurs maîtres. Ils se croient
désormais tout permis car l’émir a pris leur parti.
    — Il ne l’a pas pris, objecta
Walid Ibn Khaldun. La preuve, il n’a pas envoyé de renforts et s’est bien gardé
de nommer un nouveau wali. Je le connais bien. Il est rusé et perfide et attend
de savoir quel parti l’emportera. À ce moment-là, il comblera de faveurs le
vainqueur.
    — Il a tout de même autorisé
Mohammad Ibn Ghalib à lever une armée et celle-ci menace nos positions.
    — Je suppose que ce misérable
n’est pas venu les mains vides à Kurtuba, grinça Kuraib Ibn Khaldun. Il aura soudoyé
les conseillers d’Abdallah pour leur arracher cette décision. Cela dit, il n’a
aucun titre officiel. C’est un simple particulier et, si nous l’attaquons, il
ne s’agit pas d’une rébellion contre le monarque, mais d’une vengeance privée.
    — Tu oublies, Kuraib, que tu as
tué Mousa Ibn al-Aziz Ibn al-Thalaba.
    — Et je ne le regrette pas.
Ai-je été déclaré rebelle ou inculpé pour meurtre ? Non. Je puis même vous
révéler que le hadjib m’a envoyé un émissaire pour s’assurer que je n’avais pas
l’intention de marcher sur Kurtuba. Il est reparti satisfait de ma réponse.
    — Trêve de bavardages,
l’interrompit Abdallah Ibn Hadjdjadj. Nous sommes ici pour décider ce qu’il
convient de faire contre Mohammad Ibn Ghalib.
    — Nous devons nous aussi lever
une armée privée et l’attaquer dans son repaire, répondit Kuraib. Sa forteresse
est de petite taille : nous aurons peu de mal à l’encercler. Au bout de
quelques semaines, il sera à court de vivres et contraint de capituler. Je n’ai
pas besoin de vous préciser, ajouta-t-il en ricanant, le sort que je compte lui
réserver, à lui et à ses hommes. Êtes-vous d’accord pour suivre ce plan ?
    Ibrahim et Abdallah se retirèrent
quelques instants pour discuter et rejoignirent leurs rivaux. L’aîné des frères
prit un ton grave :
    — Je vous rappelle que, par le
passé, nos familles ont eu de nombreuses querelles. Qui nous assure que vous ne
chercherez pas à nous jouer un mauvais tour ?
    — Je propose que vos enfants
viennent vivre chez nous, rétorqua Kuraib Ibn Khaldun, tandis que les nôtres
s’installeront chez vous. Cela suffit-il à apaiser tes craintes ?
    — C’est une excellente
solution. Maintenant, que chacun recrute des miliciens sans regarder à la
dépense ! Nous passerons à l’attaque lors de la prochaine nouvelle lune.
    L’offensive des Arabes contre
Mohammad Ibn Ghalib se solda par un échec. Le muwallad avait été prévenu par
ses espions des agissements de ses adversaires et fut informé du départ de leur
armée, recrutée parmi la lie de la population. Il les attira dans un piège et
les dispersa aisément, d’une simple charge de cavalerie. On ne compta qu’une
seule victime, un parent éloigné d’Ibrahim Ibn Hadjdjadj : le vieil homme
se noya en tentant de traverser un torrent à la nage. Furieux de cette déroute
honteuse, les Banu Khaldun et les Banu Hadjdjadj firent diversion en créant de
toutes pièces un scandale. Un

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