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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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toujours
un vaurien de la pire espèce. J’étais scandalisé quand j’apprenais les forfaits
qu’il commettait avec ses compagnons dans cette ville. Tu évoques son séjour
chez le chef rebelle. Je ne l’ai pas oublié. À l’époque, il était jeune et
impulsif. Il savait que je n’appréciais pas sa conduite. Quand l’un de ses
hommes a tué un cavalier de Mohammad, il s’est enfui car il craignait que je ne
le fasse exécuter et telle était en effet mon intention première. Cela dit, il
n’a jamais pris les armes contre moi et n’a pas conspiré avec ce chien d’Ibn
Hafsun. J’en suis sûr. J’ai des informateurs à Bobastro et je sais parfaitement
ce qui se trame dans ce repaire de rebelles et de mécréants. Mutarrif était et
reste toujours un écervelé, il ne régnera jamais, je puis t’en donner
l’assurance. Mohammad, lui, est d’une autre trempe. C’est un bon Musulman et il
a toutes les qualités requises pour faire un excellent souverain. J’ai voulu
éprouver ses capacités en l’envoyant à Ishbiliyah. Je crains fort que les
responsabilités ne lui aient tourné la tête. Il a pris goût à ses fonctions et
est devenu ambitieux. Ses partisans l’ont convaincu que j’étais un tyran
assoiffé de sang et que le pays tout entier se réjouirait s’il parvenait à me
chasser du trône. Note bien, je ne l’accuse pas d’avoir voulu me tuer. Il me
respecte trop pour verser mon sang. Il a plutôt cherché à m’isoler et
souhaitait me forcer à abdiquer. Pour cela, il lui aurait suffi d’obtenir
l’accord des foqahas.
    — Ceux-ci te sont fidèles.
    — L’argent achète les consciences
et je n’en connais aucune capable de résister à son attrait. Il suffit
d’observer le train de vie des dignitaires religieux pour comprendre qu’ils
sont corrompus jusqu’à la moelle. Ils me vouent une haine farouche depuis que
j’ai pris l’habitude de recevoir, chaque vendredi, les doléances de mes sujets.
Ils redoutent les révélations qu’ils pourraient faire sur leurs agissements.
Ils me maudissent de les obliger à mettre une limite à leurs malversations.
C’est sans regret qu’ils m’auraient déclaré inapte à régner. Autant pouvais-je
pardonner à Mutarrif son imprudence car elle ne prêtait pas à conséquence,
autant dois-je me montrer impitoyable envers son frère car il y va de l’avenir
de la dynastie et de la prospérité de ce pays.
    Après des semaines de détention –
qui lui parurent des années –, Mohammad fut extrait de son cachot et
conduit devant les cinq fonctionnaires chargés d’instruire son dossier. Aucun
ne faisait partie des dignitaires qu’il lui était arrivé de croiser jadis au
palais et il ne manqua pas de remarquer qu’aucun d’entre eux n’était berbère ou
muwallad. Mutarrif les avait sans doute soigneusement choisis après s’être
longuement renseigné sur eux et il n’était pas exclu qu’il ait exercé des
pressions sur leurs familles afin de s’assurer de leur docilité.
    À leur tête se trouvait un nommé Abd
al-Aziz Ibn Omar Ibn Djaffar, un petit homme au crâne chauve dont la corpulence
attestait qu’il aimait la bonne chère et qu’il avait passé sa vie dans les
bureaux plutôt que sur les champs de bataille. Quand le prince héritier fut
amené devant lui, il omit de le saluer et s’adressa à lui sur un ton quasi
insultant :
    — Mohammad Ibn Abdallah Ibn
Marwan Ibn Umaiya, tu es accusé de haute trahison et de complot contre la
personne de notre émir bien-aimé. Les charges qui pèsent sur toi sont très
graves et les preuves, accablantes. Je dois t’avertir que tu risques la peine
de mort et que notre sentence sera fonction des révélations que tu pourrais
faire sur tes complices.
    — De quel droit oses-tu me
parler ainsi ? Je suis le prince héritier et j’exige d’être confronté à
mon père.
    — Tu as déjà eu la réponse à
cette requête. Notre malheureux souverain est le premier à souffrir de ton
comportement. Connaissant son caractère emporté, il a préféré nous confier
l’instruction de ce dossier. C’est là une preuve insigne de sa clémence, de son
équité et de sa sagesse. Tu fais preuve d’une noire ingratitude en formulant
des exigences insensées. Surveille tes paroles car elles seront fidèlement
rapportées à ton père.
    — Je sais qui s’en chargera,
mon propre frère, Mutarrif, qui a oublié tout ce que j’ai fait naguère pour
lui.
    — Sachant que tu

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