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Aesculapius

Aesculapius

Titel: Aesculapius Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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De surcroît, nous n’avons pas même été fouillés, preuve qu’on ne nous considère pas à l’instar de malfaiteurs. De plus, bien que ne doutant pas de la belle charité chrétienne de la baronne, je la vois mal gâchant de la nourriture pour satisfaire des condamnés à mort, ironisa-t-il.
    — M’est avis que tu vas moins railler sous peu, lâcha le géant, prouvant par là qu’il y avait plus sous son crâne épais que ne le supposait Druon.
    Forçant les graves de sa voix, le jeune mire asséna :
    — Vous ai-je autorisé à me donner du « tu » comme si nous avions été compagnons de beuverie dans quelque gargote mal fréquentée ? Vous voudrez donc aussitôt revenir au vousoiement si vous souhaitez que j’obtempère, ordonna Druon en se laissant choir sur son fauteuil. La bande de lin rêche qui lui servait à aplatir ses seins lui scia les aisselles.
    — Tu veux que je te traîne par les cheveux tout le long de l’escalier ?
    — Faites ! Vous pouvez également me larder de coups de dague, si ce n’est que je deviendrais alors de peu d’utilité pour votre maîtresse, qui devrait vous en féliciter. Le « vous », l’homme ! Je suis un savant, pas un vil gredin, et nul ne me traite avec cette effronterie.
    Huguelin avait blêmi à cet échange. Étrangement, un mince sourire flotta sur les lèvres du géant, qui persifla :
    — Seigneur, avec tout mon respect, je vous supplie de me bien vouloir accompagner auprès de la baronne, ma maîtresse.
    Druon prétendit hésiter un instant, puis se leva sans hâte.

    Ils remontèrent l’escalier de la tour, l’homme se tenant derrière le jeune mire, qui découvrit ainsi que le soir était tombé.
    Ils dépassèrent un premier palier, puis parvinrent au deuxième. Le géant s’écria :
    — Nous sommes rendus. Un conseil, l’ami… Ne te… ne vous laissez pas aller à vos petites impertinences avec elle. La patience n’est pas sa vertu principale.
    Ils pénétrèrent dans une sorte d’ouvroir et avancèrent vers une haute porte. Son escorte signala leur présence d’un coup de poing contre l’épais battant avant de le pousser. Les trois chiens de lièvre se levèrent, attendant un ordre pour se jeter sur l’intrus.
    — À terre !
    Les bêtes s’aplatirent aussitôt. Le géant chevelu précéda Druon dans la vaste salle brillamment illuminée. Des torchères lourdes de bougies brûlaient dans chaque recoin. Un feu violent rugissait dans la cheminée, assez large pour qu’on y rôtisse un bœuf. La baronne Béatrice se tenait raide, assise sur une forme 1 surmontée d’un dais. Ses pieds bottés étaient posés sur les lions sculptés qui décoraient le bord de l’estrade surélevant le siège. Toute de carmin vêtue, elle semblait une flamme échappée du brasier. Ses cheveux cuivre étaient remontés en torsades et formaient une sorte de couronne autour de son crâne. Elle ne portait ni voile ni coiffe, une excentricité qui la faisait paraître à la fois plus jeune et plus féroce que lors de leur première rencontre. L’aigle royale, Morgane, était installée à sa droite, sur un haut perchoir, et surveillait les nouveaux arrivants. Druon remarqua que les liens de cuir passés à ses pattes et qui servaient à l’entraver au repos n’étaient pas noués à la barre du juchoir. Il avança de quelques pas, s’immobilisa à une demi-toise de la forme et s’inclina bas. La chaleur de la journée, encore amplifiée par le feu nourri de la cheminée, faisait luire la peau pâle et fine du visage de la femme. Le géant contourna la forme et se planta à gauche d’elle, bras croisés sur son énorme torse.
    Sans préambule, elle attaqua de cette voix presque rauque :
    — Reprenons où nous en étions restés, mire. Ta mort et celle de ton chenapan de trucheur 2 ou ton art, lequel a intérêt d’être efficace.
    — Huguelin, en dépit de sa petite naissance, n’est pas un trucheur ! Quoi qu’il en soit, à votre service, madame. Je suis tout ouïe.
    Elle parut hésiter, puis tourna la tête et s’adressa à un grand dorsal qui représentait un fauve au regard rouge et fou, dévorant à pleins crocs une sorte de biche :
    — Igraine, ton aide est requise.
    Une vague déforma le dorsal et une saisissante créature apparut. Druon en déduisit que la tapisserie dissimulait un passage ou une autre salle, ainsi qu’il était fréquent. La femme qui s’approcha semblait sans âge, entre vingt et quarante

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