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Aesculapius

Aesculapius

Titel: Aesculapius Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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qui menait à ses appartements, elle surprit le sieur Évrard Joliet, le bibliothécaire-copiste, en compagnie de Sidonie, la jeune servante dont la vivacité d’esprit avait eu l’heur de plaire à Béatrice et qui la servait maintenant. Ils gloussaient tous deux tels des gens qui ont formé une cordialité. Plus ? s’interrogea la mage, amusée. Joliet avait posé sa main aux doigts tachés d’encres sur le bras de la jeune femme. Le couple découvrit sa présence. La main du bibliothécaire retomba et son visage se ferma. Embarrassé, il déclara d’un ton soudain trop détaché pour paraître véritable :
    — Dame Igraine… Je suis remonté et j’ai croisé Sidonie. Elle portait son vin chaud du coucher à notre seigneur.
    Suivant son geste du regard, la mage découvrit le petit plateau posé à même le sol dans un coin. De plus en plus réjouie par la situation et le malaise évident de Joliet et de Sidonie, elle conseilla de sa voix de petite fille :
    — Hâtez-vous. Il va refroidir.
    Puis elle poursuivit son chemin, réprimant un sourire.
    1 - Latex tiré de l’ako ou faux iroko ( Antiaris toxicaria). Possédant une redoutable cardio-toxicité, il a été utilisé durant des millénaires en Afrique et en Asie pour abattre le gros gibier.

XXIV
    Saint-Ouen-en-Pail, août 1306, le lendemain
    U n mélange d’odeurs presque suffocant prit Thierry Lafleur à la gorge lorsqu’il pénétra au petit matin dans l’échoppe toute en longueur de Lubin Serret, où l’attendait déjà Jean le Sage en compagnie de l’apothicaire. Le riche loueur de chevaux et d’attelages reconnut l’ail sec, l’angélique, le sureau et la rue fétide. Il jeta un regard admiratif aux étagères qui couvraient deux des murs du sol au plafond, et sur lesquelles s’entassaient des sacs de toutes tailles, des pots, des fioles, se demandant comment Lubin Serret se débrouillait pour ne pas intervertir les poudres et les dosages.

    Lorsqu’il s’avança vers ses deux compagnons de conseil de village, Jean Lemercier était assis devant la table de pesée et contemplait la bilance 1 et sa collection de poids, dont la plupart n’étaient que de petits carrés de métal d’épaisseur variable. À l’accoutumée, l’apothicaire, petit homme maigre et nerveux, incapable de demeurer en place, arpentait la pièce encombrée, mains croisées derrière le dos.
    Jean leva la tête vers le nouvel arrivant et lui adressa un sourire incertain dans lequel Thierry Lafleur lut une infinie lassitude.
    — Alphonse Portechape est toujours céans ? demanda-t-il.
    Pointant vers le plafond d’où pendaient des gerbes d’herbes et de fleurs sèches, Lubin Serret le renseigna :
    — À l’étage. Il était trop mal en point pour que je le fasse raccompagner chez lui. Je l’ai veillé toute la nuit et lui ai dispensé des soins constants, du mieux que j’ai pu. J’ai renouvelé les emplâtres de boue fraîche juste avant votre arrivée. Selon moi, au demain, nous aurons un beau pus franc et loyal, du moins si… Sa femme l’a visité plus tôt. Elle ne s’est pas attardée. Ses enfançons dormaient encore. Elle priera la Vierge, ce qui accélérera la guérison.
    — Nous sommes bien certains de l’excellence de votre attention, le rassura Jean.
    — Avez-vous fait quérir un mire, celui de Pré-en-Pail ? se renseigna Thierry Lafleur.
    — Pour ce qu’ils sont efficaces, sauf à vous tirer de l’argent ! pesta l’apothicaire.
    — À l’évidence, renchérit Jean le Sage.
    — De plus, si l’on se fie aux clabaudages, nul ne sait au juste comment considérer celui dont la baronne aurait loué le service. D’aucuns le prétendent même prisonnier au château.
    — Alphonse a-t-il ses sens ? s’enquit Lafleur.
    — Depuis peu, et en dépit de sa fièvre qui traduit le bouleversement de ses quatre humeurs. En plus de vulnéraires 2 puissants à base de millepertuis, de peuplier et de sauge, je lui ai fait boire un cordial de menthe et d’angélique additionné de miel avant votre arrivée. Allons-y, voulez-vous ?

    Les deux autres acquiescèrent et grimpèrent à sa suite l’escalier branlant qui menait à l’étage. Ils débouchèrent dans une pièce de taille modeste, une réserve si l’on en jugeait par les entassements de sacs de toile et l’abondance des bouquets secs pendus aux poutres qui exigeaient que l’on avance courbé. Jean toussota tant l’air saturé de parfums devenait irrespirable. Il

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