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Aesculapius

Aesculapius

Titel: Aesculapius Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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sera fort mécontente et les… déplaisirs de la baronne Béatrice sont redoutables ! le mit en garde Léon.
    — J’en doute. De son déplaisir, veux-je dire. Elle est femme d’intelligence et comprendra que je ne puisse élucubrer 1 sans en avoir appris davantage. Léon, il me faut interroger ce simple d’esprit…
    — Gaston ? Même en admettant qu’il n’ait pas tété de la boutille, si vous parvenez à lui tirer deux phrases cohérentes, vous serez chanceux.
    — Pour l’instant, c’est lui qui peut se féliciter, murmura Druon.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Que sa faiblesse d’esprit, ajoutée à l’ordre de la baronne, l’a protégé du même sort que Séraphine. C’est du reste pour cette raison que je n’ai pas souhaité l’aller questionner sitôt après notre découverte macabre. Afin de ne pas inquiéter l’assassin qui se rassure pour l’instant en songeant que nul n’ajoutera foi aux délires d’un simplet, ivrogne de surcroît.
    — Qu’êtes-vous en train d’insinuer, à la fin ! s’énerva l’homme de confiance.
    — Je n’insinue pas, je redoute. Léon, n’y voyez nulle offense, mais je reviendrai seul au village, au soir échu, pour rencontrer Gaston. Vous êtes… comment dire, fort visible. Après tout, et puisque le pauvre Huguelin est devenu votre otage et un sérieux gage de mon obéissance, que vous en chaut ?
    — Si la baronne y condescend, je n’y vois nul inconvénient. Je sais que vous n’abandonnerez jamais le garçon, conclut le géant avec un franc sourire dont Héluise songea qu’il le rendait presque séduisant, en dépit de cette barbe fournie et de cette toison qui lui descendait à mi-dos.
    1 - Le terme n’a, à l’origine, aucune connotation péjorative. Issu du latin «  elucubrare  » (travailler sous une lumière), il suggère un travail de réflexion pénible et long.

XXXV
    Château de Saint-Ouen-en-Pail,
 août 1306, ce même jour
    N ombre de ceux qui avaient croisé l’inquiétante femme sans âge, aux longs cheveux frisés, aux lourds bijoux d’argent ciselés en un temps lointain et oublié de presque tous, son freux perché sur l’épaule, en seraient restés bouche bée en découvrant la « tanière » d’Igraine. Il est vrai que la mage ne tolérait l’intrusion que de deux personnes : Béatrice et, tout récemment, Clotilde. Nul animal empaillé, gueule ouverte, babines retroussées. Nul récipient dans lequel macéraient des cadavres de crapauds ou de vipères. Nulle odeur nauséabonde. Pas le moindre crâne humain accueillant le visiteur de ses orbites béantes. De plaisants effluves d’encens, mélange de cannelle et de muscade, flottaient au contraire dans la longue pièce. De joyeux bouquets de fleurs champêtres égayaient la grande table, ponctuant des piles de livres. Le freux Arthur s’était perché sur le dossier du fauteuil où sa maîtresse avait pris place. Il surveillait le ciel par la large fenêtre vitrée de losanges de verre, ouvrant parfois le bec sur un croassement muet, tendant une patte puis l’autre en signe d’impatience, saluant l’espace infini de hochements de tête.
    Igraine tourna la tête pour observer son manège, le même chaque après-midi après none. Elle caressa les plumes fortes de ses ailes en murmurant d’une voix presque enfantine :
    — L’heure n’est pas encore arrivée, mon tout beau. Ne t’inquiète, elle se rapproche. Prenons notre mal en patience. Après tout, nous attendons depuis si longtemps.
    Le freux la considéra de ses prunelles sombres comme le néant. Il se rapprocha en sautillant sur le dossier et frôla la chevelure frisée de son bec.
    Soudain, le beau visage émacié de la mage se figea. Elle se redressa et expliqua à l’animal :
    — Tiens… j’ai le sentiment que certains des pouvoirs qui m’avaient désertée me reviennent. L’heure s’approche, en vérité. Je vois Clotilde. Elle ne tardera pas à frapper à notre porte.

    De fait, quelques instants plus tard, un grattement discret se fit entendre.
    Igraine déverrouilla le battant et fit pénétrer la servante qui jetait des regards inquiets autour d’elle.
    — Non, vous n’avez pas été suivie, ma bonne Clotilde. Je l’aurais senti, la rassura la grande femme. Vous semblez toute retournée.
    — Madame Julienne… Je l’ai entendue annoncer au sieur Joliet qu’elle allait prier. J’ai… un peu honte, toutefois, j’ai plaqué mon oreille à sa porte. Elle nous

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